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Tunisie : Dialogue entre les blocks de Brooklyn et les rues de Tunis

«Le hip hop est mort mais il est en train de renaitre ici, chez vous. Aux USA, il n’y a plus que du commercial. Mais ici, malgré une certaine tendance commerciale, le rap n’a pas encore perdu le cap de sa vocation principale» dixit Chen Lo, rappeur …

«Le hip hop est mort mais il est en train de renaitre ici, chez vous. Aux USA, il n’y a plus que du commercial. Mais ici, malgré une certaine tendance commerciale, le rap n’a pas encore perdu le cap de sa vocation principale» dixit Chen Lo, rappeur américain en visite en Tunisie.

«C’était vraiment magnifique. Le public était très chaleureux. Il y avait beaucoup de danseurs. Certains d’entre eux ont même partagé la scène avec nous» déclare le rappeur américain Chen Lo au sujet du concert qu’il a donné avec les musiciens de The Liberation Family au Mad’Art de Carthage, mercredi 24 mars. Venant de New York, plus exactement de Brooklyn, Chen Lo & The Liberation Family est un collectif de musique rappelant l’essence même de la culture hip hop en tant que mouvement d’action artistique engagé. Après leur passage en Tunisie, Chen Lo & The Liberation Family poursuivront une tournée mondiale qui les emmènera, en Algérie, en Jordanie, en Syrie, au Liban et au Vietnam.

Démarche à caractère éducatif

Les membres de «The Liberation Family» ont toujours suivi une démarche à caractère éducatif dans leur activité artistique. Ils ne cessent de multiplier workshops, rencontres et débats. Suite à plusieurs actions menées aux USA, ils ont été convoqués par l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique en Tunisie. Après le concert de mercredi au Mad’Art de Carthage, un meeting avec Chen Lo & The Liberation Family s’est tenu à l’espace Art Village, jeudi 25 mars à partir de 18h.

Des ballades tribales fortement rythmées de l’Afrique du Sud au rap old school d’Eric B & Rakim, Chen Lo a présenté une rétrospective de l’histoire de la musique hip hop. Le rôle des précurseurs tels que les chanteurs de Blues dans les champs de coton, Marvin Gaye ou James Brown a été présenté à travers des extraits sonores. Avec DJ Scandales aux platines et au sampler, Baassik à la bass et Ken White à la batterie, chaque membre de «The Liberation Family» a pris la parole pour expliquer son rôle au sein du groupe. Une présentation des techniques de Djing tel que le scratch, le cutting et le sampling a été faite par Dj Scandles.

L’impact du Djing

L’évolution du Djing et son impact sur la culture hip hop a suscité beaucoup de débat lors de ce meeting. Du côté tunisien, Ihsen alias Da Sole du groupe Afrock, Wajdi du groupe Mascott ainsi que le pianiste Oussema Mhidi ont intervenu au cours de la discussion. Le débat a été animé par Haythem El Mekki. «A la base, le DJ est au sommet hiérarchique des activistes de la culture hip hop. Mais aujourd’hui, c’est le MC (Master of The Ceremony ou le rappeur, NDLR) qui prend le dessus» raconte Chen Lo. «C’est parce que les DJs se sont convertis en producteurs qui ne performent pas en live. Ils se contentent de composer la musique au studio et la livrer sur un CD au rappeur» explique DJ Scandles.

Mais si Chen Lo insiste sur l’importance du rôle du DJ et du sampling dans le rap, pourquoi donc le collectif fait-il appel aux services d’un batteur et d’une bassiste ? «C’est pour avoir plus de justesse dans les compos et pour dégager plus d’énergie sonore sur scène» répond le rappeur américain. Et il appuie son opinion par le constat de l’orientation prise actuellement par divers rappeurs américain de renommée. «Talib Kweli, Nas ou encore Jay Z performent tous actuellement avec des musiciens. Après de longues années voilà que «The Roots» sont devenus une valeur sûre et pas uniquement dans le hip hop mais dans le monde de la musique en général» dixit Chen Lo avant que la soirée ne soit clôturée avec un freestyle entre Chen Lo et Da Sole du groupe de rap tunisien Afrock.

«Le hip hop est mort mais il est en train de renaitre ici, chez vous» dixit Chen Lo. Face à notre surprise, il nous explique sa vision : «Aux USA, il n’y a plus que du commercial. Tout tourne autour du show business. Mais ici, malgré une certaine tendance commerciale, le rap n’a pas encore perdu le cap de sa vocation principale».

Reste à espérer que la conclusion tirée par l’ami américain corresponde à la réalité made in Tunisia. Une simple observation des figures montantes du rap tunisien tendrait à prouver le contraire.

Thameur Mekki

 

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