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Tunisie : La tragédie du football de la honte

Nos supporters trouvent dans le football un exutoire à leur frustration. Pas de quoi rehausser l’image du football tunisien déjà passablement écornée par les violences endémiques qui sévissent entre supporters.

Nos supporters trouvent dans le football un exutoire à leur frustration. Pas de quoi rehausser l’image du football tunisien déjà passablement écornée par les violences endémiques qui sévissent entre supporters.

Lors de la demi finale aller de la Champion’s League africaine, qui a opposé ce dimanche, l’équipe de l’Esperance Sportive de Tunis à celle d’Al Ahly, au stade international du Caire, en Egypte, une bataille rangée entre les forces de polices locales et des espérantistes déchainés s’est déroulée sous les yeux médusés des téléspectateurs.

On évoquait il y a de cela à peine quelques mois, la montée en puissance de la discrimination régionale entre les supporters des différentes équipes tunisiennes. Insultes, vidéos provocantes, images caricaturales continuent de circuler sur le réseau social Facebook ( lire Tunisie : Hérauts de guerre ou suporters). Et certaines ne reconnaissent visiblement aucune limite. Des policiers égyptiens ont fini par subir un passage à tabac en bonne et due forme, comme l’atteste une des nombreuses vidéos diffusée sur Facebook par le groupe La Tunisie, l’Algérie et le Maroc, un seul pays.

Selon le portail gnet qui cite un témoin oculaire, la bagarre a éclaté après qu’un supporter tunisien ait provoqué et giflé un agent de sécurité égyptien. Les médias égyptiens ont fait état d’un bilan de 13 policiers (dont un responsable des forces de sécurité) blessés et de l’arrestation de 11 Tunisiens, dont le nom et prénom ont été mentionné. Autant dire que les plus agités des supporters qui ont fait le voyage du Caire semblent bien partis pour rejoindre les rangs des hooligans anglais de Manchester United et de Liverpool. Pas de quoi rehausser l’image du football tunisien déjà passablement écornée par les violences endémiques qui sévissent entre supporters.

L’entraîneur Youssef Zouaoui a déclaré avoir «honte» en tant que Tunisien, du spectacle offert par ses compatriotes supporters. Un article publié par le journal égyptien «Al Shorouk» sur les déclarations du coach, a ainsi suscité pas mois de 46 commentaires (à l’heure où nous écrivons ces lignes). Les uns remettant une couche sur les rivalités entre Maghrébins et Egyptiens, et rappelant à ceux qui l’auraient oublié, les événements tragiques et la tension entre l’Algérie et l’Egypte. D’autres, plus pondérés, ont préféré relever que les violences footballistiques émaillent aussi les matchs entre équipes locales.

Le 8 avril dernier, les supporters espérantistes s’en étaient pris aux équipements du stade, lors d’un match qui a opposé les sangs et or à l’équipe de Hammam-Lif. Exit, donc, les excuses fumeuses, et les pseudos analyses géostratégiques. Visiblement, nos supporters aiment la castagne. Et ils semblent trouver dans les spectacles de football un exutoire à leur frustration. C’est que le football, n’est plus un simple sport. Et nous sommes du reste aujourd’hui très éloignés de l’esprit sportif. Alors qu’il fut un temps, où le public tunisien applaudissait d’abord le beau geste. Un internaute égyptien a ainsi rappelé que l’ancienne star du foot des Pharaons, Mahmoud El Khatib, se faisait applaudir, même quand elle jouait à El Menzah. Qu’est-ce qui a donc changé depuis ce temps là ? C’est qu’on n’accorde plus la même importance au football. On ne compte plus le nombre d’émissions consacrées au tout puissant sport-roi. Et on n’évite plus d’inviter les supporters. Mieux : leurs chants guerriers sont même diffusés à la télé à des heures de grande écoute. Nos mass média voudraient-il jeter de l’huile sur le feu ?

Le match retour se déroulera d’ici deux semaines, (le 17 octobre) au stade du 7 Novembre à Radès. Et encore une fois, l’ambiance risque d’être des plus électriques. Pour ceux qui auraient encore des doutes, une citation parue dans le Times rappelle, «Le Football est la poursuite de la guerre par d’autres moyens». Tragique.

M.B.H

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