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Tunisie : Le ballet de la Kasbah

Les Tunisiens ne manquent pas de créativité. Devenus des pros dans l’art de manifester, les voici qui innovent, en montant de véritables spectacles de rues, pour renverser la vapeur, à défaut du gouvernement. Du balai !

Les Tunisiens ne manquent pas de créativité. Devenus des pros dans l’art de manifester, les voici qui innovent, en montant de véritables spectacles de rues, pour renverser la vapeur, à défaut du gouvernement. Du balai !

C’est ainsi que nos concitoyens, se sont munis de cet outil domestique, la fameuse sberka, dite encore mssalha (deux termes arabes synonymes pour le mot français balai), pour défiler au pas, et exprimer leur intention de balayer tout bonnement les représentants récalcitrants de l’ancien régime honni.

Une volonté qui s’exprime en images, en un véritable show événementiel que jalouseraient nos boîtes de comm qui réservent leurs experts communicants pour les yaourts et autres spaghetti. Après les vidéos sur Facebook, les chansons Rap rageuses, voici venu le temps des manifestations artistico-politiques. On ne sait pas si un metteur en scène subversif s’est infiltré parmi les plus remuants de nos concitoyens, décidément en verve ces jours-ci. Il n’empêche. 

100 000 manifestants se sont rassemblés sur la place de la Kasbah, celle du premier Ministère, en ce jour de grâce du vendredi 25 février. Un nombre jamais vu depuis le 14 janvier. Le ballet des Tunisiens a des allures de chant du cygne pour ceux qui pensaient pouvoir continuer à nager entre deux eaux.

Des batailles préliminaires épiques se sont livrées sur Facebook, et Twitter en guise de préparatifs. Avant que l’assaut final ne soit donné dans la rue. Les méthodes sont désormais bien rôdées. Et à cet égard, la Tunisie inspire les plus grands.

L’Egypte, bien sûr, dont la jeunesse a carrément repris les slogans concoctés par notre jeunesse debout. Des militants français sont même venus nous rejoindre en voyage d’études, pour des stages accélérés, histoire de contrer comme il se doit les élucubrations de leur tyranneau local. Et voici que le savoir-faire tunisien a même atteint la Chine. Au point que les autorités chinoises qui craignent décidément la contagion, en viennent à censurer sur le net le mot jasmin. Un comble.

Curieusement, pourtant, nos gouvernants (certes provisoires) n’ont apparemment pas retenu la leçon.  Un ministère fait appel à une agence française pour développer son site web. Alors même que le Net tunisien a largement contribué à la Première des Révolutions Arabes. Quelques responsables tunisiens en sont encore à vouloir censurer des articles de presse, alors que la parole s’est libérée sur les réseaux sociaux, et abat les derniers refuges des défenseurs recyclés de Zaba. 100 000 manifestants sont dans la rue pour la prise de la Kasbah, n’en déplaise aux Versaillais et à leurs laquais. Du balai !

OC

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