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Tunisie : La dictature du téléphone portable

En quelques années, le gsm a su gravir les échelons pour devenir le véritable boss tout-puissant, le dictateur, du reporter. Et ce n’est pas la 3G qui permet aux emails de vous poursuivre partout qui remettra en question les pleins-pouvoirs du téléphone. Chronique aigre-douce du gsm.

 

En quelques années, le gsm a su gravir les échelons pour devenir le véritable boss tout-puissant, le dictateur, du reporter. Et ce n’est pas la 3G qui permet aux emails de vous poursuivre partout qui remettra en question les pleins-pouvoirs du téléphone. Chronique aigre-douce du gsm. 

Dans un geste d’une grande générosité, mon téléphone portable m’a accordé deux jours de congé. Pendant deux bonnes journées, l’appareil n’a pas sonné, n’a pas vibré, et ne m’a pas fait sursauté. La sonnerie adoptée a beau être la moins stressante possible (quelques accords d’oud d’Anouar Brahem, vous pensez bien), je me retrouvais finalement au garde-à-vous à chaque signal. L’oreille aux aguets, pour écouter les remontrances, demandes, exigences des uns et des autres.

Deux journées à pouvoir me balader sans rappel à l’ordre intempestif du boulot, des collègues, et de la famille. Parce qu’en quelques années, le gsm a su gravir les échelons pour devenir le véritable boss tout-puissant, le dictateur, du reporter. Et ce n’est pas la 3G qui permet aux emails de vous poursuivre partout qui remettra en question les pleins-pouvoirs du téléphone. Plus de répits,  depuis qu’on est devenu en tout temps et  en tout lieu joignable et donc corvéable, à la merci de la tyrannie des communications.

Mais voilà. Mon téléphone m’a accordé un congé. Un congé d’autant plus inopiné qu’il n’est pas dû à une panne généralisé de nos opérateurs. Parce que depuis que les appareils double et triple sim sont disponibles sur le marché, on ne peut même plus prendre pour prétexte les problèmes de réseaux. Les réactions sont immédiates. La première ligne est occupée, dérangée, court-circuitée ? On vous rappelle derechef sur la seconde, et même la troisième s’il le faut. Un constructeur a d’ailleurs vite compris tout le parti qu’il pouvait en tirer : l’appareil triple sim est lancé sur le marché tunisien.

Me voici donc en congé grâce à mon téléphone. Après quelques recherches visant à connaître les raisons cachées de cet élan de magnanimité, il s’est avéré, que le cœur palpitant du portable avait tout simplement lâché. Je croyais pourtant le gsm immortel, incassable. En cas de chute, il rebondissait sur le sol, une petite cabriole, et il s’en sortait à chaque fois indemne. Indestructible. La batterie a pourtant flanché en ce jour de grâce. Elle a rendu l’âme après deux ans de durs combats. Dans les cinq minutes qui ont suivi son remplacement, la sonnerie a de nouveau sonné. Allo ? Ah enfin… C’est pas trop tôt. T’as quand même fini par racheter un nouveau portable.

 

LBC

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