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Tunisie: L’impossible équation des élections

L’instance de Kamel Jendoubi, sera-t-elle obligée de repousser encore une fois la date des élections pour une question d’organisation? Pourra-t-on mathématiquement inscrire les 7.9 million de votants potentiels recensés par l’Institut National de Statistiques en 19 jours?

 

L’instance de Kamel Jendoubi, sera-t-elle obligée de repousser encore une fois la date des élections pour une question d’organisation? Pourra-t-on mathématiquement inscrire les 7.9 million de votants potentiels recensés par l’Institut National de Statistiques en 19 jours?

Le méli-mélo autour du calendrier proposé par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) de l’Assemblée Constituante est au cœur des préoccupations de la communauté virtuelle. Et nos Tn-Tweeple reviennent à la charge via le Hashtag #tnelec. Depuis que l’ISIE a donné le coup d’envoi des inscriptions sur les listes électorales, avec en prime une campagne médiatique des plus agressives, le réseau de micro-blogging a été mis à contribution pour relayer les déboires de nos internautes. Chose qui a amené Houssein Ben Ameur à jeter un pavé dans la mare à travers un billet datant du 12 juillet. Le parrain des blogueurs tunisiens y a déduit l’impossibilité d’inscrire les 7.9 million de votants potentiels recensés par l’Institut National de Statistiques en 19 jours.

Houssein corrige son calcul

«Pour arriver à enregistrer 7 millions en 114 milles heures, il faut inscrire 61 personnes par heure, et ce pour chaque bureau d’enregistrement. C’est-à-dire un peu plus d’une personne par minute pour chaque bureau. Et encore la, on est parti de l’hypothèse qu’il y aurait 600 bureau. Si on se base sur 300 bureaux, ça serait 122 personnes par heure, ou 2 personnes par minute pour chaque bureau» conclut Houssein à la suite d’une démonstration mathématique détaillée. Selon lui, à moins d’avoir affaire à des surhumains, l’échéancier de l’ISIE ne pourrait être respecté. Le prolongement des délais d’inscriptions et, ipso facto, de la date des élections serait inéluctable.

Mais le blogueur a très vite rectifié ses calculs par le biais de certains commentaires qui lui ont fait remarquer l’affectation de plus d’un agent inscripteur par bureau. «D’après les informations et les témoignages des personnes qui se sont rendus sur place, il semblerait qu’il y ait de 2 à 3 agents dans chaque bureau. Ce qui donnerait si on maintient l’hypothèse de 600 bureaux. Une inscription toutes les 2 à 3 minutes par agent inscripteur. A ce rythme, oui, il serait possible d’inscrire 7 millions de personnes en 19 jours, à condition que les inscriptions se fassent de manière continue sans aucune interruption, et qu’il y ait vraiment 600 ou plus bureaux ouverts» écrit-il dans une mise-à-jour ajoutée à son post.

L’équation est-elle vraiment impossible?

Pour s’assurer de la fiabilité du calendrier de l’instance de Kamel Jendoubi, votre serviteur a du compiler les chiffres annoncés par les supports de presse et ressortir sa vieille machine à calculer. Ainsi, si l’on se fie aux données communiquées conjointement par l’agence Tunis Afrique Presse et Webmanagercenter, 7 million de Tunisiens (les 900 mille restants étant établis à l’étranger) devront se rendre avant le 2 aout dans les quelque 402 centres d’enregistrement auxquels sont affectés 4007 agents d’inscription. Avec l’hypothèse que les bureaux sont ouverts 10h/jour, on obtient un nombre d’heures ouvrables allouées aux inscriptions de 190h/bureau, soit un total de 76 380h pour l’ensemble des centres d’enregistrement. Chaque bureau est supposé abriter dix agents inscripteurs capables de recevoir et enregistrer un afflux moyen de 92 électeurs/heure. Ce qui donne, tout calcul fait, un résultat de 9 votants/bureau/agent/heure. Pour faire simple, l’inscription de chaque votant ne doit pas dépasser 7 minutes (approximativement) pour que le délai prévu par l’ISIE soit mathématiquement suffisant et valable. Mais tout ça est théorique. Car ce calcul suppose, implicitement, que l’affluence des électeurs soit uniformément répartie sur les plages horaires d’ouvertures des bureaux…

En pratique, c’est une autre paire de manche. Et mathématiquement parlant, le calcul devient d’ordre probabiliste (plutôt que déterministe), et par conséquent plus ardu à vérifier puisqu’il repose sur des paramètres complètement aléatoires. Un constat confirmé par les Tweets de ceux qui sont allés s’inscrire pour le vote de la Constituante. @ZeinebTurki apprend en effet sur son fil d’actualité Twitter avoir passé «moins que 30 secondes chrono à la municipalité de la Marsa» pour s’inscrire alors que @MehdiAyadiCorra déclare avoir mis 60 fois le temps de Zeineb pour le faire, soit 30min. L’instance de Kamel Jendoubi, sera-t-elle obligée de repousser encore une fois la date des élections? A Dieu ne plaise! Mais au-delà des espoirs, une façon d’éviter que cet incident ne resurgisse est de se dépêcher au centre d’inscription le plus proche pour participer au scrutin du…23 octobre.

 

Mohamed Jebri

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