Tekiano :: TeK'n'Kult

Tunisie : Séisme à Ettakatol, rififi au CPR

Le sit-in du Bardo, les Blessés de la Révolution, les chômeurs diplômés, les indignés du Bassin Minier et autres protestataires ne représentent pas les seules force de pression. Le séisme a atteint des partis de la troïka, comme Ettakatol.

 

Le sit-in du Bardo, les Blessés de la Révolution, les chômeurs diplômés, les indignés du Bassin Minier et autres protestataires ne représentent pas les seules force de pression. Le séisme a atteint des partis de la troïka, comme Ettakatol.

L’alliance avec Ennahdha suscite la colère de certains militants du Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL) alias Ettakatol. Certains électeurs se sont sentis trahis par le parti. Et pour cause, Mustapha Ben Jaâfer avait promis qu’Ettakatol ne s’alliera pas à d’autres partis bien avant les élections. «Que ce soit avant ou après les élections, Ettakatol n’a pas et n’aura pas d’alliance avec Ennahdha ni avec un autre parti d’ailleurs» a déclaré l’actuel président de l’Assemblée Nationale Constituante dans une conférence de presse tenue le 15 octobre. Il a, ainsi, regagné la confiance de certains partisans et électeurs qui étaient hésitants suite aux rumeurs qui ont circulé durant la campagne électorale sur une éventuelle coalition entre Ettakatol et le parti islamiste. De quoi amplifier leur désillusion.

La déception de certains sympathisants du parti de Ben Jaâfer ne s’est pas limitée aux couloirs des sièges du parti et aux pages des réseaux sociaux. Certains d’entre eux ont même gagné la rue. Devant le siège du parti sis au 04, Rue d’Angleterre, quelques dizaines de Takattolistes ont manifesté, en début de soirée du lundi 05 décembre, leur insatisfaction des nouvelles positions du parti de référence socialiste et de sa posture au sein de la troïka. A part ceux là, d’autres électeurs déçus ont rejoint les sit-inneurs du Bardo. «Je veux que Ben Jaâfer me rende ma voix» clame une femme en hijab près du sit-in. «Ce qu’il est en train de faire est honteux. C’est honteux» répète-t-elle. Et ce n’est pas tout. Maître Bochra Bel Hadj Hmida, candidate d’Ettakatol sur la circonscription de Zaghouan et une des figures emblématiques du parti, a démissionné pour les mêmes raisons. «Je suis opposante radicale à Ennahdha. Est-ce un crime, une trahison ou kofer?» écrit l’avocate féministe, samedi dernier, sur sa page Facebook.

Mais le FDTL n’est pas le seul parti de la Troïka. De son côté, le CPR semble reconnaître ses défauts et se porte un regard autocritique. Ce parti est en manque de discipline et d’exercice de la réflexion politique parce qu’il y a un groupuscule qui se croit encore à l’opposition. Ici, chacun se croit être, à lui seul, un parti, un Etat, un monde !» déclare Taher Hmila. Neziha Rejiba, une des fondatrices du parti, est de retour afin de renforcer ses rangs. La journaliste et militante des Droits de l’Homme affirme vouloir s’investir dans l’action politique au sein du CPR «vivant actuellement une phase très sensible de son existence».

Ettakatol avec ses 20 députés et le CPR avec ses 29 membres de l’Assemblée Constituante pourront-ils se démarquer d’Ennahdha, puissante avec ses 89 membres? Vont-ils se fondre dans l’orientation du parti majoritaire? Le séisme va-t-il atteindre un niveau élevé sur l’échelle politique de Richter? Une affaire à suivre…

 

T.M

Quitter la version mobile