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Tunisie : «Fumer de la zatla n’est pas un crime», clame-t-on au Bardo

Environ une centaine de manifestants ont revendiqué, samedi dernier, la dépénalisation de la consommation du cannabis. Ils ont clamé des slogans adressés, avec ironie, à la police, aux élus de l’Assemblée Constituante et à Ghannouchi.

 

Environ une centaine de manifestants ont revendiqué, samedi dernier, la dépénalisation de la consommation du cannabis. Ils ont clamé des slogans adressés, avec ironie, à la police, aux élus de l’Assemblée Constituante et à Ghannouchi.

tunisie-cannabis-200212Il est 10h. Quelques dizaines de jeunes commencent à se rassembler, samedi 18 février, à l’esplanade située devant le siège de l’Assemblée Nationale Constituante au Bardo. Les bonnets et les tee-shirts aux couleurs «red, gold, green» associées au mouvement rasta sautent aux yeux. Les blousons-signes d’appartenance aux Supras, un des groupes de la mouvance ultra de l’Espérance Sportive de Tunis (EST), se font rapidement remarquer. Une demi-heure a suffi pour qu’une centaine de citoyens se réunisse. Ils ont tous répondu présents à «Legalize it», appel à manifestation lancé via des pages d’événements créées sur Facebook.

«Il ne s’agit pas d’une incitation à la consommation. C’est juste un appel à la dépénalisation. Les arrestations et les tests se font, généralement, d’une manière arbitraire avec un mépris total de l’intégrité du corps humain» déclare Dajla Douici, jeune actrice connu par sn interprétation du rôle de «Balha», dans le feuilleton ramadanesque de Njoum Ellil. En Tunisie, un fumeur de cannabis risque entre 1 ans de prison et un amende de 1000 dinars jusqu’à 5 ans de prison, selon le code pénal.

«Combien de mère a-t-elle fait pleurer?» est le slogan brandi par Med Amine Hamzaoui, rappeur propulsé par «Ritouchi» son morceau en featuring avec Klay BBJ plus connu sous le nom «Zakataka». Cet artiste qui a déjà chanté pour la légalisation de la zetla est entouré par la foule. «Vous avez laissé Ben Ali alors qu’il est dealer. Et vous nous emprisonnez pour consommation!». Les slogans retentissent. Les manifestants, dont la moyenne d’âge avoisine les 20 ans, appellent à dépénaliser la consommation de la résine de cannabis. Ils clament des slogans adressés, avec ironie, à Rached Ghannouchi, leader du Mouvement Ennahdha, à la police ou encore aux élus de l’Assemblée Constituante. Des mères, dont les fils sont emprisonnés pour consommation de cannabis, ont également rejoint les manifestants. Elles racontent comment l’inculpation de leur progénitures pour ce délit a «détruit leur avenir».

Quelques individus s’incrustent dans la foule. Ils expriment leur étonnement de la revendication des jeunes manifestants. «Il ne faut pas qu’on ne nous comprenne mal. Nous voulons juste l’abolition de cette loi extrêmement sévère» explique Amine Sassi. Le jeune étudiant la considère «une question de liberté individuelle». Et il ajoute : «les conséquences de la consommation du cannabis ne représentent rien si on les comparerait à ceux de l’alcool par exemple». Pour lui, «les sanctions sont trop sévères». «La consommation de drogues nettement plus nocives comme l’«artal» (les comprimés Parkizol 500) est passible d’une peine beaucoup moins élevé» relève-t-il.

Les propos du jeune homme ne sont pas faux. De nombreuses études scientifiques le prouvent. N’empêche, la consommation de cannabis a un impact nettement plus nocif que le tabac puisqu’il se consomme sans filtre. Des troubles psychologiques ont également été observés chez les fumeurs de joints. Pourtant, les dangers de la zatla n’égalent pas ceux de l’alcool ou encore des médicaments consommés comme drogues en Tunisie. Les Parkizol, les Tranxène ou les désastreuses Subutex sont beaucoup plus nocives. Mais leurs peines sont moins longues. A ce niveau, la loi tunisienne est certainement à revoir et… à corriger.

 

Thameur Mekki

Crédit photos : Zouiten’s Photography

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