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Censure d’Internet et Transparence en Tunisie : encore du chemin à faire

 Surveiller les activisites, filtrer un contenu politique ou jugé inapproprié, imposer des erreurs de réseau, la censure d’Internet peut prendre plusieurs formes et varier selon les pays. Qu’en est-il de la Tunisie ?

 

Surveiller les activisites, filtrer un contenu politique ou jugé inapproprié, imposer des erreurs de réseau, la censure d’Internet peut prendre plusieurs formes et varier selon les pays. Qu’en est-il de la Tunisie ?

censure-190412Le journal anglais The Guardian a publié, lundi 16 avril, une cartographie interactive sur la censure dans le monde. Basée sur une étude de l’ONI* (OpenNet Initiative) portant sur 73 pays dont la Tunisie, la cartographie divise la censure en 4 catégories de filtrage : politique, social, conflits/sécurité et outils Internet.

Cette étude s’est penchée sur l’ingérence des gouvernements sur Internet. Pour chaque pays, l’ONI donne une note qui qualifie le niveau de filtrage allant de «aucune preuve de filtrage» à «filtrage massif». Chaque pays est ensuite classé en termes d’uniformité entre les fournisseurs de services Internet (contenu filtré ou autorisé par tous les FSI) et de transparence, c’est-à-dire la façon dont le filtrage est appliqué (si les internautes sont en mesure de disposer d’une liste complète des sites filtrés par exemple).

Selon cette étude, la Tunisie s’en sort bien dans les deux catégories «politique» et «sécurité» avec «no evidence» [ndlr : aucune preuve de filtrage]. Par politique, l’étude vise tout contenu qui s’oppose au gouvernement actuel ou de ses politiques. Cela pourrait également porter sur les droits de l’homme, la liberté d’expression, droits des minorités ou à des mouvements religieux. Pour la catégorie Conflit / sécurité, il s’agit de tout contenu lié aux conflits armés, les conflits frontaliers, les groupes militants et les mouvements séparatistes. Reste à savoir si cette étude a pris en compte la décision de censure de 4 pages Facebook, sur ordre du Tribunal militaire en mai 2011, et la récente condamnation à 7 ans de prison pour deux jeunes ayant diffusé des caricatures du prophète Mahomet.

Pour la catégorie «Social », qui englobe tout contenu qui pourrait être perçu comme gênant ou nuisant à la population en général comme la sexualité et la pornographie. La Tunisie se retrouve au niveau 2. Cela s’explique certainement par le procès intenté contre l’Agence Tunisienne d’Internet pour la censure des sites web à caractère pornographique. Ronald Deibert, investigateur à l’ONI principal et directeur du Citizen Lab*, précise que la pornographie reste le contenu le plus largement ciblé. En effet, la censure commence toujours par ponter du doigt un contenu « inapproprié ». Il relève cependant que la portée et l’ampleur du contenu ciblé pour le filtrage a grandi au cours de la dernière décennie pour inclure le contenu politique et de sécurité, particulièrement dans les régimes autoritaires.

Pour la catégorie touchant à l’ingérence du gouvernement dans les sites offrants des outils de communication tels que les e-mails et les services VoIP, l’hébergement, la recherche et les outils de contournement de la censure. La Tunisie est au niveau 2 sur 4 selon l’ONI. Une note pas très rassurante.

Niveau Transparence, la Tunisie est dans le rouge. Une zone « low » qui décrit la faible transparence du gouvernement quant à l’application de la censure. Selon The Guardian, plus l’application de la censure est déguisée sous forme d’erreurs de réseaux ou autres motifs de contournement, plus le score de transparence est faible.

Alors que la Tunisie demeure encore sous surveillance selon le dernier rapport de Reporters sans frontières publié début mars, cette étude l’OpenNet Initiative vient confirmer que le problème en Tunisie n’est pas uniquement la censure mais aussi et surtout, la transparence, où la Tunisie demeure en retard, par rapport même aux pays voisins tels que l’Algérie ou l’Egypte.

*L’initiative OpenNet, est une collaboration entre le Citizen Lab de l’Ecole Munk des affaires internationales de l’Université de Toronto, le Centre Berkman pour Internet et la société (Université de Harvard) et du Groupe SecDev basé à Ottawa – qui mène des enquêtes de filtrage internet dans le monde entier.

 

S.B.H

Crédit-image : The Guardian

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