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Tunisie : 81% des victimes de violence policière ne portent pas plainte

Reform est la première association pour la réforme de la police fondée en Tunisie. Les chiffres de sa première enquête sur les violences policières viennent d’être dévoilés. Nous avons rencontré Bassem Bouguerra, vice président de l’association.

 

Reform est la première association pour la réforme de la police fondée en Tunisie. Les chiffres de sa première enquête sur les violences policières viennent d’être dévoilés. Nous avons rencontré Bassem Bouguerra, vice président de l’association.

Ingénieur chez Yahoo aux Etats-Unis et blogueur depuis 2008, Bassem Bouguerra rentre en Tunisie en 2011. Il se fait agresser par la police lors d’une manifestation le 6 mai 2011, parce qu’il filmait un agent en train de violenter un journaliste. Malgré les contraintes et l’harcèlement, il dépose sa plainte. Mais jusqu’à ce jour, il n’a pas eu aucun retour.

C’est l’abus de pouvoir de la part de certains policiers qui poussé Bassem Bouguerra et ses amis, à créer Reform, une association pour la réforme policière visant « à condamner les policiers en cas de dépassement» et sensibiliser les citoyens à porter plainte en cas d’abus. Il précise d’ailleurs que «81% des victimes de la violence policière n’ont pas signalé leurs cas, selon le résultat de l’enquête menée par l’ELKA sur le Grand Tunis.

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L’objectif de l’association Reform est de « mettre fin à l’oppression exercée par la police sur les artistes, les blogueurs, les journalistes et même sur les citoyens, qu’ils soient en situation d’arrestation ou pas », ainsi que de «fonder un organisme de réforme indépendant, permanent et efficace qui travaille en collaboration avec le ministère de l’Intérieur pour lutter contre l’abus de pouvoir de la police, et condamner les dépassements des policiers ». «Nous œuvrons pour l’amélioration de la relation entre le citoyen et le policier», souligne Bassem, en affirmant que selon le résultat de l’enquête « 40% des personnes interrogées ont un membre de leurs famille ou un ami qui travaille dans la police, et 25% d’entre elles, ont un proche victime de violence policière».

Reform a commencé ses activités sur le Grand Tunis mais envisage d’étendre ses activités sur tout le territoire tunisien : «Actuellement nous recueillons les informations avec l’aide de nos amis blogueurs, et nous comptons visiter Sidi Bouzid, Gabés et Kairouan. Nous prévoyons aussi d’avoir une revue pour transmettre les événements en relation avec la sécurité et la police, et aussi de lancer des séries d’histoires pour enfants en présentant le bon modèle du policier», explique le Vice président de l’association.

Pour lui, le rôle de Reform se ne limitera pas à l’appel pour l’application de la loi sur les policiers mais aussi « à féliciter ceux (les policiers, ndlr) qui font leur travail selon les normes prescrites ». C’est ainsi qu’une compétition pour « honorer le policier du mois » est prévue afin de réduire le sentiment de haine chez certains Tunisiens. En effet, selon la même enquête, « 6 % des sondés éprouvent un sentiment de haine envers la police ».

Reform a essayé de présenter son projet auprès du ministère de l’Intérieur, mais n’a reçu aucune réponse jusqu’à ce jour. «Par contre, nous avons été espionnés par un agent qui a d’abord travaillé avec nous, et par la suite nous avons découvert qu’il était un agent au ministère de l’Intérieur», déclare Bassem Bouguerra et d’ajouter «Même lors de l’élaboration de notre enquête et de nos vidéo de micro trottoir à propos la relation entre le citoyen et le policier, nous avons essayé d’avoir l’avis des policiers mais malheureusement une des lois interdisent qu’ils aient des déclarations relatives à ces questions». Bouguerra précise qu’ils ont toutefois eu des entretiens avec le syndicat de la police.

Chaima Bsibes

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