Le spectacle Ragouj mis en scène par Abdelhamid Bouchnak, a été présenté en ouverture de la 59ème édition du Festival International de Hammamet, lors de la soirée du vendredi 11 juillet 2025.
Le spectacle s’est déroulé devant un amphithéâtre de Hammamet archi-comble, marqué par la présence d’un public composé majoritairement d’amateurs du feuilleton ramadanesque à succès Ragouj.
Ragouj est un feuilleton tunisien qui a rencontré un immense succès auprès du public lors de ses deux saisons ramadanesques, diffusées en 2024 et 2025.
Le spectacle a réuni sur scène une panoplie d’acteurs phares tels que Walid Ayadi, Fatma Ben Saidane, Bahri Rahali, Fatma Sfar, Yasmine Dimassi, Aziz Jebali et Mohamed Saber Oueslati.
Les ont rejoint aussi les acteurs Jihed Cherni, Jamil Najjar, Mahmoud Essaidi, Khawla Tawes, Ghada Ghabri, Mohamed Chawki Khouja, Moncef Ajengui, Issam Absi, Mohamed Souissi et Arwa Rahali.
Mise à part la chanteuse professionnelle Khawla Tawes, qui a émerveillé le public avec sa reprise de la chanson du défunt Hedi Guella “Ya Hal Tara Guadéch ”, Ragouj n’a malheureusement pas mis en avant de grands chanteurs comme on avait pu le voir dans la précédente comédie musicale de Bouchnak, Ocheg Eddenya.
Une musique puissante signée Hamza Bouchnak
La musique, composée par Hamza Bouchnak, a imposé le rythme et élevé le spectacle à un niveau supérieur. Le musicien a su émouvoir les spectateurs grâce à ses compositions originales et expressives.
Les paroles semblaient parfois superflues face à la beauté d’une musique qui a transmis une large palette d’émotions.
Le compositeur Hamza Bouchnak a déclaré dans ce sens : “Le véritable défi n’était pas de composer ou d’exécuter la musique, mais de transmettre des émotions. Nous voulions que
le public ressente, s’émerveille et réfléchisse”…
La musique a su se montrer tendrement triste, agitatrice, bouleversante et drôle, le tout sur un fond joyeux omniprésent. Une quarantaine de musiciens, dirigés par le chef d’orchestre Rassem Dammak, ont partagé ces émotions avec le public et affiché une complicité touchante avec les acteurs.
Des chorégraphies inspirées et des écrans immersifs
Mention spéciale aux 20 danseurs, dirigés par Oumaima Manai, dont les chorégraphies ont puisé dans l’univers du feuilleton pour recréer des scènes rappelant le labeur des travailleurs dans les champs ou encore l’ambiance des bars dansants.
L’ajout de trois écrans géants, diffusant des extraits des feuilletons Ragouj, a facilité l’immersion dans l’univers du spectacle et offert un fil conducteur clair pour suivre l’évolution de l’histoire.
Toutefois, la comédie musicale n’a pas pu transmettre tous les éléments des deux saisons du feuilleton dans une production d’un peu plus de deux heures. Plusieurs éléments clés de l’intrigue ont été enlevés afin de garder une version adaptée au grand public.
Un défi artistique et une réflexion sur la relation au public
Abdelhamid Bouchnak a indiqué que transformer 46 épisodes de la série en un seul spectacle représentait un véritable défi, estimant que l’objectif était de briser la barrière traditionnelle entre le public et les acteurs.
L’utilisation d’écrans n’était pas qu’un simple choix technique, mais un moyen philosophique de relier les mondes de la télévision et du théâtre et d’inviter le spectateur à s’interroger sur sa relation à l’art.
De l’amour et des hommages aux disparus qu’on n’oublie pas
Dans Ragouj, le spectacle, on a surtout revécu les histoires d’amour qui ont marqué le feuilleton : entre couples, amis, frères, mère et enfants, père et fille. Plusieurs clins d’œil ont également été faits aux fonctionnaires corrompus et un hommage émouvant a été rendu aux femmes travailleuses dans les champs et à leurs combats quotidiens.
Un hommage spécial leur a été rendu grâce à des écrans exposant les dates des incidents tragiques ayant causé la mort de plusieurs de ces femmes courageuses au fil des années, ainsi que les visages de ces agricultrices disparues.
Un moment particulier du spectacle a aussi été dédié aux artistes tunisiens disparus qui ont marqué la scène nationale, comme le grand acteur Fethi Haddaoui, le chorégraphe Nejib Khalfallah et l’acteur et dramaturge Abdelwaheb Jemli.
Un final émouvant signé Kafon et sublimé par l’intelligence Artificielle
La comédie musicale s’est conclue avec la performance de Ahmed Laabidi alias Kafon, acteur principal dans Ragouj 1 et 2. Comme l’a confié le réalisateur, l’artiste avait toujours rêvé de chanter à Hammamet.
Il a pu le faire grâce à l’intelligence artificielle, reprenant deux chansons entonnées en chœur par le public. Le tout s’est terminé sur un moment magique, sublimé par un lâcher de pigeons.
Avec ce spectacle, Ragouj a réussi à transformer un succès télévisuel en une expérience scénique unique, mêlant musique, danse, images et émotions, tout en rendant hommage à ceux qui nous ont quittés et en célébrant l’amour sous toutes ses formes.
Sara Tanit