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La Nuit des Chefs au Festival Carthage 2025 : la magie de la musique classique a fait vibrer les cœurs

La Nuit des Chefs au Festival Carthage 2025 : la magie de la musique classique a fait vibrer les cœurs

La magie du Festival International de Carthage opère toujours, mais ce 1er août 2025, la scène s’est transformée en un véritable carrefour d’émotions et de cultures lors de la soirée consacrée à La Nuit des Chefs .

Ce concept consiste à réunir plusieurs chefs d’orchestre tunisiens et du monde afin de proposer au public le meilleur des airs classiques ou des reprises des chansons populaires en faisant opérer la magie des cordes, cuivres et percussions.

Entre éclats de voix, envolées de cordes, le swing des cuivres et les rythmes hypnotiques des percussions, le public, toutes générations confondues, a vécu un tourbillon musical inoubliable.

Ouverture magistrale de Shady Garfi avec un hommage jazzy vibrant à Faouzi Chkili

Maestro Shady Garfi a ouvert la soirée en dirigeant des morceaux d’exception tels que مالوف فانك (Malouf Funk), un arrangement orchestral original inspiré par le légendaire Faouzi Chkili, mêlant jazz tunisien et influences orientales.

Il entraîne l’orchestre national et le chœur de l’Opéra de Tunis dans un hommage jazz à Faouzi Chkili, ponctué de solos de ney et de guitare avec le guitariste tunisien Hedi Fahem qui donnent le ton : la soirée sera vibrante, métissée, pleine de surprises.

Le chef d’orchestre Tunisien a aussi dirigé les interprétations passionnées de le cantatrice Mongia Sfaxi sur des classiques comme تتفتح لشكون , عودتني عالود  et يا زهرة في خيالي de Ferid Al atrach, apportant modernité et respect des traditions à travers ses arrangements.

Andrea Trantino et Goar Faradzhian : la douceur lyrique des grands airs italiens

Très attendu, le maestro italien Andrea Trantino a offert un détour en Italie avec la soprano Goar Faradzhian . Des classiques comme  ’O sole mio , Parla più piano , musique originale du film Le Parrain, ou la célèbre Con te partirò d’Andrea Bocelli ont été chantés par Goar.

Chaque air réveille des souvenirs et des sourires complices dans la foule. Les spectateurs n’ont pas pu s’empêcher de fredonner quelques mots de ces chansons intemporelles.

Les italiens ont conclu leur passage avec “Funiculì, Funiculà”, une chanson napolitaine chantée par le tenor Luciano Pavarotti, un classique, qui était à la base une chanson publicitaire, composée par Luigi Denza avec des paroles de Peppino Turco en 1880.

Lotfi Saidi : le souffle passionné de la musique maghrébine

Place ensuite à la Méditerranée maghrébine avec le maestro algérien Lotfi Saidi qui a apporté toute l’âme et la richesse des musiques maghrébines à la soirée. Dirigeant avec passion, il a présenté des œuvres populaires emblématiques telles que Jurjura qui nous a emmené dans les montages de Kabylie.

Ce fut ensuite une interprétation de chehilet laayani chantée par l’algérien Abdelkader Chaou. Le choeur de l’opéra de Tunis a repris ce morceau emblématique de la musique algérienne.

Les plus avertis se rendront compte de la similarité de ce titre avec le boléro Quizás, quizás, quizás, adapté en anglais par Nat King Cole sous le titre Perhaps, Perhaps, Perhaps puis décliné dans plusieurs langues.

Le maestro a conclu avec يا رايح Ya Rayah un air puissant entonné par le chœur. Ces morceaux mêlant instrumentations raffinées et énergie contagieuse, sublimées par le chœur de l’Opéra de Tunis, ont résonné comme un vibrant écho des traditions et des émotions collectives du Maghreb.

La cheffe palestinienne Lamar Elias berce cœurs avec la musique arabe traditionnelle et engagée

La cheffe d’orchestre palestinienne Lamar Elias s’est distinguée par sa direction sensible et énergique, apportant une touche d’authenticité et de féminité à la soirée.

Elle a dirigé avec brio des pièces emblématiques de la musique arabe classique, telles que سماعي بياتي (Samaï Bayati) de Hassan Skaff et le titre موطني (Mawtini), interprétée magistralement par le chœur de l’Opéra de Tunis.

Sous sa direction, le chœur a également porté haut la chanson “أحلف بسماها وبترابها” (“Ahlif bismāha wa bitrābaha”), la chanson patriotique égyptienne emblématique, interprétée par le chanteur Abdel Halim Hafez en plein guerre isarélo-arabe dans les années 60.

Un autre titre aux fortes connotations culturelles et politiques a été joué, la chanson palestinienne  يا شعبي يا عود الند écrite par le poète et homme politique palestinien Tawfik Ziad, une œuvre symbolique qui exprime à la fois un profond attachement au peuple et un engagement clair envers la résistance et la dignité face à l’oppression. Un titre plus que jamais d’actualité.

Ahmet Baran : l’énergie envoûtante du maître turc au qanoun

S’il fallait choisir le clou du spectacle, impossible d’ignorer le passage survitaminé du chef d’orchestre turc Ahmet Baran. Ahmet, debout derrière son qanoun comme habité, se livre dans des solos ou les notes fusent, rebondissent, effleurent des sommets, même les plus aigus. Son jeu au qanoun a électrisé le public, captivant même les plus jeunes spectateurs.

Le chef d’orchestre turc Ahmet Baran, accompagné de la chanteuse Mine Bitmez ont réussi le pari d’emmener l’audience en Turquie reprenant des airs classiques du pays. Sans comprendre un mot, l’émotion était palpable et la passion était contagieuse.

Le maestro a su émerveiller la salle en dirigeant un programme riche en percussions, cordes et cuivres. Des reprises de la musique originale du film Pulp Fiction de Quentin Tarantino, ainsi que de la Sérénade no 13 ou Une petite musique de nuit de Mozart, ont apporté à ces titres phares une touches orientale mélodieuse sans perdre une once de leurs énergies.

Son duo remarquable avec les percussionnistes a offert un échange musical frénétique où le qanoun a su atteindre des notes aiguës impressionnantes, suscitant des applaudissements chaleureux et répétés.

Shady Garfi clôt l’union festive autour de la chanson Lila 

La soirée s’est conclue en beauté avec une reprise vibrante de la chanson Lila, œuvre du compositeur saoudien Abdel Rab Idris, sous une orchestration dynamique où percussions, cuivres et cordes se sont entremêlés et interprétée le choeur de l’opéra de Tunis.

Ce final a laissé une impression durable, témoignant de la virtuosité et de la passion des artistes présents. Impossible de quitter Carthage sans sourire , La Nuit des Chefs n’a pas seulement offert de la belle musique. Elle a fait battre le cœur du public au rythme du monde.

Sara Tanit

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