Soirée Oum Kalthoum à Carthage : May Farouk envoûte un public avide du répertoire de l’Astre de l’Orient
A l’occasion du 50ème de la disparition d’Oum Kalthoum, la célèbre cantatrice égyptienne adulée dans tout le monde arabe, le festival international de Carthage 2025 a concocté à son public une soirée spéciale.
Sa compatriote la chanteuse May Farouk à la voix puissante, ample et nuancée a animé cette soirée spéciale qui a rassemblé une audience de tout âge. Elle possède le don de restituer avec justesse la complexité vocale des chansons d’Oum Kalthoum, et de séduire tout en faisant aimer son riche répertoire à la nouvelle génération.
La chanteuse égyptienne qui se produit pour la deuxième fois en Tunisie avec le festival Dougga, est considérée comme l’une des artistes contemporaines possédant la faculté de transmettre toute l’authenticité et l’émotion du répertoire kalthoumien et le public du festival Carthage en est bien conscient.
Ainsi c’est devant un théâtre de Carthage bondé que May Farouk a animé une soirée de plus de deux heures et demi, placée sous le signe de Tarab, diffusée en direct sur la télévision Tunisienne la Watania 1 et, pour la première fois depuis la Tunisie, sur deux autres chaines égyptiennes.
Avant le lancement de la soirée musicale, le public a été invité à plonger dans l’univers fascinant de la diva égyptienne à travers une projection spéciale. Sur l’écran géant, une vidéo rare retraçant sa visite en Tunisie en mai 1968 a été diffusée, offrant aux spectateurs un précieux retour dans le temps.
En arrière-plan, la voix envoûtante d’Oum Kalthoum résonnait, rappelant la puissance intemporelle de son répertoire et préparant l’auditoire à une soirée placée sous le signe de l’émotion et de la mémoire musicale.
May Farouk au sourire inébranlable a séduit les présents et les téléspectateurs grâce à une prestation tout en émotion. Sous la houlette du chef d’orchestre Mohamed Lassoued qui a guidé un orchestre homogène composé d’une quarantaine de musiciens talentueux, la magie a réussi à opérer doublement.
Le maestro Tunisien a guidé un superbe orchestre tout en justesse. La prestation a été embellie par les performances solo de musiciens exceptionnels comme le joueur du ney virtuose qui ne fait qu’un avec son instrument Hsin Benmiloud ou le jeune guitariste Safouane Ben Saïd, à la sincérité et sensibilité troublantes dans sa façon de manier ses cordes.
Le coup d’envoi de la soirée s’est fait avec l’Amour “El Hob Kollou” , ou tout l’amour. Il a fallu d’une note de musique pour que l’euphorie se déclenche et le public commence instantanément à chanter formant un chœur soudé, comme seul Carthage nous a tant habitué à écouter.
Les classiques intemporels d’Oum Kalthoum s’enchainent transportant le public dans l’univers poétique et musical de l’Astre de l’Orient. May Farouk a poursuivi son interprétation, non sans une émotion bien palpable et quelques larmes avec, la chanson ‘Hadhihi Laylati’ (paroles de Georges Gerdak et musique de Mohamed Abdelwahab), puis avec des notes plus joyeux “Ala Balad El Mahboub”.
Le public a été transporté dans une autre époque avec “Gadet Hobak Leih” (textes d’Ahmed Rami et compositions de Riad Al Sunbati) avant que l’émotion ne monte d’un cran avec “Fat El Miad” de Baligh Hamdi, suivi de “Daret El Ayam” (Mounir El Shennawi et Mohamed Abdelwahab) et le titre imposant “Es’al Rouhak” oeuvre de Abdelwahab Mohamed et de Mohamed El Mougi.
May Farouk a inséré un titre personnel dans le concert intitulé ‘Aftekerlak Eeh’, signé l’auteur compositeur Amr Mustafa. Cette chanson qui a fait connaitre la chanteuse a parfaitement trouvé sa place dans la soirée, son style musical étant en adéquation complète avec le répertoire d’Oum Kalthoum.
Face à un public conquis et avide de revivre la magie de l’Orient, les joyaux du patrimoine musical arabe ont résonné avec intensité notamment avec deux monuments incontournables : “Al Atlal” et “Siret El Hob”.
Pour clore la soirée en beauté, la chanteuse égyptienne s’est éclipsée le temps de jouer l’introduction de la célèbre chanson “Alf Lila W Lila” pour retrouver son public abordant un somptueux Burnous Tunisien, un clin d’œil au patrimoine national qui lui seyait à merveille, provoquant un tonnerre d’applaudissements.
Carthage à l’heure du Tarab, a offert une soirée inoubliable qui restera gravée dans les mémoires des amoureux d’Oum Kalthoum et de l’âge d’or de la musique arabe.
Sara Tanit