L’acteur égyptien Yahia Fakharani, légende de la scène arabe, ouvre les JTC 2025 avec Le Roi Lear
La pièce de théâtre ‘Le Roi Lear’ ouvre majestueusement les JTC 2025, la 26ème édition des Journées théâtrales de Carthage, signant une soirée d’exception portée par l’acteur égyptien Yahia Fakharani, véritable légende de la scène arabe.
Cette présentation remarquable de la pièce de théâtre ‘Le Roi Lear’ par le Théâtre National Égyptien, s’est faite dans la soirée du samedi 22 novembre 2025, devant une salle comble et un public impatient, marquant un retour spectaculaire du théâtre classique sur la scène carthaginoise.

Mise en scène par Shadi Sorour, cette adaptation du chef-d’œuvre de William Shakespeare s’impose d’emblée comme l’un des moments forts de l’édition 2025. Le texte, traduit par Fatma Moussa, conserve toute la densité poétique et dramatique de l’œuvre originale tout en offrant une lecture profondément contemporaine.
La distribution est portée par une constellation de comédiens confirmés, menée par la légende vivante Yahia Fakharani, entouré de Tarek Desouki, Hassan Youssef, Ahmed Othman, Tamer Al-Kachaf, Amal Abdallah, Iman Regaï et plusieurs autres figures majeures du théâtre égyptien.
Dans Le Roi Lear de Shakespeare, les thèmes de la vanité, de la loyauté et de la chute morale sont au cœur du drame. Aveuglé par l’illusion du pouvoir et par son besoin d’être flatté, Lear, vieillissant, décide de partager son royaume entre ses trois filles en échange de déclarations d’amour.
Les deux aînées rivalisent de compliments pour obtenir leur part, tandis que Cordelia, la seule qui l’aime sincèrement, refuse de se livrer à cette comédie. Humilié, Lear la déshérite, commettant une erreur fatale qui déclenche une série d’événements tragiques et le conduira peu à peu à la folie.
Première représentée en 1606, Le Roi Lear se présente comme l’une des tragédies majeures de Shakespeare. Elle explore les tensions familiales, la manipulation affective et la chute du pouvoir.
Dans cette nouvelle interprétation, Yahia Fakharani livre un Lear déchiré, oscillant entre force et vulnérabilité, illustrant avec finesse la fragilité de l’homme face à ses propres illusions.
Son interprétation met en lumière le paradoxe d’un roi persuadé de pouvoir contrôler non seulement son royaume, mais aussi les sentiments de ses enfants. La douleur du désenchantement, lorsqu’il découvre la vérité, devient l’un des moments les plus poignants du spectacle.
Pour maintenir l’intérêt du public durant les trois heures que dure la pièce, Shadi Sorour propose une scénographie spectaculaire, en mouvement permanent, et surtout profondément ancrée dans les technologies scéniques contemporaines.
Le décor évoque un palais royal d’une grande précision réaliste, tandis que l’éclairage, travaillé avec rigueur, joue sur des contrastes puissants : éclats dramatiques, jeux d’ombre, atmosphères oppressantes lors des scènes de conflit.
La musique, dominée par les trompettes et tambours de guerre, accompagne la montée de la tension avec une intensité remarquable. Le recours au mapping vidéo, technique empruntée au cinéma, permet des transitions fluides et des tableaux visuels marquants qui enrichissent l’expérience du spectateur.
Les costumes, conçus dans des tissus nobles et des couleurs soigneusement harmonisées, renforcent la présence scénique des personnages. Chaque silhouette y gagne en profondeur narrative et en densité dramatique, faisant de l’esthétique l’un des piliers de cette production.
Yahia Fakharani, Né en 1945 est l’un des plus grands acteurs égyptiens, reconnu dans tout le monde arabe pour ses rôles puissants au théâtre, à la télévision et au cinéma. Médecin de formation, diplômé de la Faculté de médecine du Caire, il s’est converti en acteur et a bâti une carrière exceptionnelle marquée par des rôles emblématiques et une présence artistique respectée à l’échelle régionale.
Fakharani s’impose dès les années 1970 comme l’un des talents les plus prometteurs de sa génération. Il enchaîne ensuite des rôles marquants dans des séries historiques, des drames sociaux et des comédies populaires qui lui valent une admiration durable du public.
Sur scène, il est reconnu pour sa capacité à habiter les personnages avec une intensité rare, alternant gravité, sensibilité et humour. Son jeu, toujours maîtrisé, offre une profondeur émotionnelle qui magnifie les œuvres classiques comme les créations contemporaines.
Parmi ses œuvres les plus célèbres Al Mal wa Al Banoun (Le Bien et le Mal), Awlad Halawes, Layali El Helmia, Zaman Al Awaa, Wanoos, Alf Lila w Lila…
Lors de cette représentation du Roi Lear à la cité de la culture de Tunis, sa performance a été saluée par une longue ovation. Le comédien y déploie une palette émotionnelle impressionnante : folie lucide, douleur paternelle, éclats d’humour et moments de pure détresse.
C’est cette capacité à faire vibrer le texte qui lui vaut, au cours de la soirée, la remise d’un Tanit d’honneur par le comité directeur des JTC, hommage mérité à une carrière exceptionnelle.
Accueillie avec enthousiasme par le public et la critique, cette production du Théâtre National Égyptien promet de rester comme l’une des grandes ouvertures de l’histoire des Journées Théâtrales de Carthage. Les billets, rapidement épuisés, témoignent de l’attente autour de ce spectacle magistral.
Tekiano avec JTC