Le dernier «Secret» du cinéma tunisien

«Eddowaha» ou «Le Secret» de Raja Amari est le nouveau né du cinéma tunisien. Après avoir été en sélection officielle à la 66ème Mostra de Venise, ce long métrage sera en première national, en décembre, au CinémAfrikArt.

Raja Amari, réalisatrice tunisienne, signe son deuxième film «Eddowaha», après son premier long métrage « Satin Rouge » produit en 2002. On s’attend à une belle œuvre cinématographique après le grand succès qu’a connu sa première oeuvre auprès des critiques. Intitulé «Eddowaha» (La berceuse) pour sa version arabe, et «Le Secret» en français, le film est actuellement en compétition officielle au Middle East International Film Festival d’Abu Dhabi, qui se tient du 8 au 17 octobre 2009. Ce film d’1 heure 31 minutes a déjà pris place dans la sélection officielle de la prestigieuse Mostra de Venise de 2009.

Un beau début pour le film d’une jeune tunisienne (à peine 38 ans) diplômée de la Femis de Paris. Trois sociétés de production ont misé sur le talent de Raja Amari : Nomadis Images (Tunisie), Les Films d’Ici (France) et Akka Films (Suisse). Et voilà qu’«Eddowaha» sera de retour au pays qui a bercé sa réalisatrice, en première nationale, au début du mois de décembre à la salle du CinémAfrikArt. Ainsi, le film sera projeté en Tunisie, avant même sa sortie en France prévue pour février 2010.

En têtes d’affiche, on aura d’abord Hafsia Herzi, la révélation cinématographique de 2008 avec son rôle dans «La Graine et le Mulet», couronné par le César du meilleur espoir féminin en 2008, et le prix Marcello-Mastroianni à la Mostra de Venise. On retrouvera le canon du petit écran que le cinéma a toujours confiné dans de petits rôles, à savoir, Dhafer L’Abidine. Mais aussi Sondes Bel Hassen, chorégraphe à l’origine, et Rim El Banna.

Existences cachées

Le film raconte l’histoire de Radia (Sondes Bel Hassen), Aicha (Hafsia Herzi), et de leur mère (Wassila Dari) qui vivent à l’écart du monde dans une maison à l’abandon. Pour Raja Amari, cette maison est bien plus qu’un simple décor. « C’est un vrai personnage de cette histoire et pas seulement un lieu. Cette maison participe aussi à la dramaturgie de cette histoire, puisque c’est un lieu où on peut se cacher. Il y a le haut et le bas. Elle peut quelque part être métaphorique d’une certaine condition sociale» déclare Raja Amari à GettyImages.fr. Dans cette maison, Radia, Aicha et leur mère ont déjà travaillé comme domestiques. Leur quotidien vacille le jour où un jeune couple vient s’installer dans ce que la réalisatrice perçoit comme «un lieu de conte» ou «un château hanté». Les trois femmes cachent leur existence aux nouveaux venus de peur d’attirer l’attention sur leur situation et d’être chassées. En effet, elles cachent un secret inavoué. «J’ai tout simplement tourné dans la chronologie (…) C’est comme ça qu’on a pu travailler l’évolution de chaque personnage» avoue Raja Amari, réalisatrice mais aussi scénariste d’ «Eddowaha».

Un psychodrame, dans lequel, Raja Amari distille la dimension d’horreur que le rejet de l’autre et l’enfermement sur soi peuvent donner à la vie. A travers les personnages d’«Eddowaha», on découvre le désir d’une génération opprimée à la recherche de liberté. Un désir de sexualité, d’ouverture et de modernité… fera-t-il renaitre le cinéma tunisien de ces cendres ?


Thameur Mekki

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