Drague Wifi au salon de thé

La jeunesse dorée adore les salons de thé. Pour voir, être vue, mais aussi pour se connecter. Et voilà qu’ils en viennent même à menacer les publinets. Les salons de thé ? On y drague les petites les voisines, mais la séduction y est aussi en ligne !

La vague déferlante des salons de thé, en vient à menacer nos cybercafés, plus communément appelés chez nous « Publinet ». Et pour cause. Les bornes wifi sont de plus en plus présentes, dans ces établissements. Leurs propriétaires ne cessent de rivaliser d’ingéniosité, avec des décors somptueux, de la musique douce, clips musicaux sur écrans géants, histoire d’attirer toujours plus de clients.  Et même si nos publinets sont mieux achalandés en termes de matériel informatique, ils n’en demeurent pas moins inconfortables par rapport à leurs nouveaux rivaux.  Et quoi qu’on en dise, on ne sert pas de café dans nos cybercafés. C’est sans doute pour cela que les Tunisiens ont du reste adopté une autre dénomination ! Car une chose est sûre : ce n’est guère un  lieu ou l’on déguste un café tout en consultant tranquillement sa boite mail. En effet, le mot Café n’est, ici, que l’abréviation de Communication Access For Everyone, (soit Accès à la communication pour tous). Un acronyme qui évoque la boisson elle-même.  Et si dans nos publinets on a accès à internet, par le biais de postes fixes, dans nos salons de thé branchés, on peut se permettre de bouger à sa guise, le laptop ou le netbook sur les genoux.

Et voici donc que le web en vient à servir d’argument marketing pour des cafés ultra-chics. Car la toile attire les jeunes comme des mouches. Les voici sirotant leur capuccino à 4 dinars, tout en étant connectés au réseau via des sites de chat, de jeu, ou de musique….

Cette initiative permet donc non seulement d’attirer d’avantage de clients, mais, de surcroit, encourage l’accès à internet à plus de monde, favorisant ainsi,  l’enrichissement  des connaissances générales des Tunisiens  en matière de nouvelles technologies. Mieux : ils contribuent à chambouler notre train-train quotidien. Et dire que nous nous étions habitués à voir ces jeunes, rester inactifs et amorphes, des heures entières devant un café qui n’en finit pas de refroidir.

Dans les quartiers huppés de la capitale, les endroits chics et chocs  bondés abondent désormais. Les nouveaux venus subissent le regard inquisiteur de ceux qui sont déjà attablés. Les commentaires fusent. « T’as vu son pantalon, c’est surement à la fripe qu’il l’a déniché ». La gent féminine présente en ces lieux s’attardera sur le maquillage de leurs rivales. « Son rouge à lèvre déborde ». Car ce qui importe, c’est avant tout de s’afficher. Pour voir, mais aussi pour être vu ! Les petits jeux de la séduction battent leur plein dans des salles pleines à craquer. Les couples se font et se défont, au gré des rencontres, et de la connexion ! C’est qu’avec le haut-débit, la drague en ligne a franchi de nouveaux paliers.

Le « Trait d’union », situé à El Menzah 6 en est le parfait exemple. On remarque d’abord le prix des consommations, plutôt élevé. De quoi certainement payer les frais engagés dans la connexion (wifi), et le décor, sobre et élégant à souhait. Le simple fait d’y trouver une place relève parfois du miracle. Un peu plus classique cette fois, avec le «  FunFood », à El Manar2, où les prix sont beaucoup plus abordables. Avec son ambiance calme et décontractée, il ressemble davantage à une bibliothèque qu’à un salon de thé. Surtout, avec tous ces jeunes tapotant sur leurs ordinateurs portables, tantôt connectés à l’inévitable Facebook , tantôt occupés à chatter sur Msn avec une éventuelle conquête. Ou encore  le« Patacrêpe » à Cité Enasser, qui offre néanmoins une bonne connexion pour celle ou celui qui voudrait déguster une crêpe tout en restant branché sur le web. Pratique quand on a un petit creux. Continuons avec le « Chesterfield »,  plutôt classe. En plus, c’est un précurseur dans le domaine du wifi. Depuis, plusieurs de ses concurrents ont suivi son exemple. Autant dire que les publinets ont du souci à se faire pour leur avenir. Le problème, c’est que la plupart des salons de thé n’ont pas sécurisé leurs connexions internet. Quelques petits malins en profitent de temps à autre, pour se connecter en cachette. Il n’est pas rare d’apercevoir, dans les environs de ces cafés, des jeunes taper frénétiquement sur leur clavier, bien cachés dans leur voiture !

Samy Ben Naceur

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