Start up à la tunisienne : Kais Ezzine passe à table

Kais Ezzine, cheveux longs, look décontracté, a le parfait profil du fondateur de startup. Resto-tunisie.com sort tout chaud de sa petite cuisine informatique. Reste à espérer que sa petite entreprise ne connaisse pas la crise.

Voir une startup tunisienne se lancer dans le web avec un business model solide et un gros travail de développement derrière, c’est assez rare. Resto-tunisie.com fait partie de ces exemples qu’on aimerait voir un peu plus souvent. Lancé en ce début d’année 2009, l’objectif de Resto-tunisie.com est de permettre aux internautes tunisiens de trouver une bonne table,  quelque soit le budget ou la ville.

Derrière ce projet ambitieux, Kais Ezzine, un jeune homme de 27 ans. Cheveux longs, look décontracté, il a le parfait profil du fondateur de startup. Et il n’en est pas à sa première tentative. Sa relation avec le web et l’informatique a commencé alors qu’il était très jeune. « Un comodore64 à 6 ans, le premier vrai PC à 13 ans. J’ai passé 2 heures à essayer de l’éteindre sans y arriver. Je ne voulais pas appuyer sur arrêter je croyais que c’était un bouton d’urgence ! »

Le Bac en poche en 2000, commence alors pour lui un cursus chaotique mais riche. Un stage chez équinoxe, puis départ pour le Canada pour faire un cycle d’ingénieur en génie logiciel. L’année d’après changement pour le génie mathématique, délaissement total des études, et retour à la case départ, à Tunis. Puis cap sur Paris où il se retrouve sur les bancs de Dauphine pour faire un IUP en génie mathématique et informatique. Il arrêtera au bout de 3 mois…pour suivre une formation en développement web.

A la fin de sa formation, il s’engage chez une filiale de NetSystem pour faire du développement…pendant 1 an.

« Quand j’ai fini mon année, j’ai été sollicité par plusieurs personnes, j’ai donc décidé de me lancer et j’ai ouvert ma première société en avril 2004, Widji…avec zéro fonds sur mon compte personnel et celui de la société. Les aides pour les nouvelles créations étant bloquées à l’époque, je ne pouvais profiter d’aucune aide. Ca a bien démarré. Mais sans connaissance en gestion d’entreprise, et sans accompagnement, en plus de la surimposition en France, je n’ai tenu qu’un an et demi avant de lâcher l’affaire et me remettre en salarié chez un grand groupe pluri media français. »

Retour définitif à Tunis, en Aout 2006, et lancement de son agence baptisée WebCarré.

Le site de la boîte étant bien fait, il lui permet de décrocher des clients intéressants et de trouver rapidement un équilibre financier. Seulement, faire de la sous-traitance en développement web n’est pas de nature à satisfaire l’ambition de Kais. Rapidement, il lance un premier projet : Chkobba.net

Le succès est fulgurant chez les Tunisiens et il est obligé de changer trois fois de serveur pour finir sur un dédié, tellement le trafic dépassait ses espérances. Seulement, les internautes tunisiens sont durs et exigeants. Et le marché ne permet pas vraiment une monétisation du projet. Chkobba est laissé en ligne en version Beta, mais Kais continuera à travailler sur la version multi-joueurs.
Entre-temps, il était impensable pour lui d’en rester là. Il lui fallait absolument un nouveau challenge et il allait le trouver en sortant d’un restaurant du coté de Sidi Bou Said.

Ayant peu apprécié et le service et les plats, il se demandait pourquoi il revenait toujours à ce restaurant. La réponse est simple : parce qu’il n’en connaissait pas beaucoup.

Du coup, l’idée de créer un site où il y aurait tous les restaurants avec les avis des internautes est née. Ajoutez-y une touche de 2.0 dans le design et des fonctions de partage, saupoudrez le tout avec la possibilité de réserver en ligne et de bénéficier de remises…  Et voici que Resto-tunisie.com sort tout chaud de la cuisine informatique de Kais.  Aujourd’hui, notre homme concentre quasiment tous ses efforts sur sa startup en réduisant sensiblement l’activité de sa web agency.

Une démarche d’autant plus intéressante,  que son modèle économique n’est pas bâti sur la pub. Espérons pour lui, que sa petite entreprise ne connaisse pas la crise.

Mehdi Lamloum

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