Les Otakus (tunisiens) se soignent (épisode 2)

En Tunisie, les troubles de nos enfants et adolescents, transformés en Otakus à cause d’un usage abusif de l’ordinateur, risquent d’augmenter considérablement. Quand des élèves tunisiens appliquent les recettes des jeux vidéo pour répondre à des questions d’examens, l’échec scolaire n’est pas loin.

« Aujourd’hui, la mémoire visuelle de certains de nos jeunes est littéralement surchargée de centaines de termes issus du monde virtuel des jeux vidéos. En résulte alors toute une série de déficiences éducatives, comme une incapacité d’apprentissage des langues étrangères, une insuffisance lexicale, un dégout pour la lecture du à un manque de patience (pouvant conduire dans le pire des cas, à des formes d’handicap pour la lecture) » affirme le docteur Mousaddek Jabloun pédopsychiatre tunisien.

Nos Otakus (voir ici, l’épisode précédent), finissent même par se désintéresser complètement de leurs études.  « Les questions relatives aux textes scolaires,  et auxquelles doivent répondre les enfants sont souvent bâclées. Ils en arrivent même à ne plus lire le titre du texte à étudier !! » Souligne le pédopsychiatre. Une analyse intéressante  a permis d’en expliquer la cause. Ainsi, nos élèves drogués du jeu vidéo finissent par appliquer les méthodes appliqués dans leurs univers virtuels. « Pour répondre à des questions portant sur un texte, ils recherchent d’abord des mots clés. Puis les enfants procèdent tout bêtement au recopiage  intégral des phrases du texte.  Ils reproduisent  en classe, une méthode bien particulière, relative aux jeux auxquels ils s’adonnent : ils ignorent à chaque fois les infos bulle présentes dans le jeu (sortes de didacticiels  sous formes de petits textes en formes de bulles, censées faciliter l’intégration dans l’univers du jeu).  Ils cliquent donc, directement sur des onglets qui donnent l’astuce. On retrouve là un exemple concret lié au  symptôme de paresse visuelle ou cognitive ».  Ces habitudes conduisent donc inévitablement à des résultats scolaires médiocres qui contrastent parfois avec l’intelligence de certains enfants.

Les parents sont responsables

Malheureusement, constate le Dr Jabloun, « les parents sont souvent les principaux responsables, surtout quand ils sont indisponibles, ou qu’ils accordent peu d’importance au contenu  des sites visités par leur enfants. En Tunisie, avec la généralisation de l’ADSL, les cas de ce genre augmentent chaque année. C’est un phénomène assez inquiétant. Mais des méthodes existent pour s’en préserver. On devrait utiliser plus souvent les contrôles parentaux,  présents dans tous les anti-virus disponibles ».  Pour ce qui est des jeux vidéo, « il est indispensable de lire les précautions d’emploi avant tout achat, et de vérifier l’âge préconisé par le constructeur ». Sauf qu’évidemment sur le marché tunisien, envahi de versions « gravées », ces consignes ne sont pas toujours lisibles…

Mais le plus important,  est d’assurer une surveillance constante pour « essayer de limiter toute forme de dépendance. Il s’agit  par exemple  d’instaurer des règles que l’enfant devra respecter : limiter les heures de jeu, restreindre ceux qui sont trop violents, ou osés».

Alors, avis à tous les parents concernés, surveillez vos bambins de très près. Car si la technologie gagne tous les jours de nouveaux territoires, les troubles de nos enfants et adolescents, liés à un usage abusif ou malsain de l’ordinateur, risquent d’augmenter considérablement.

Samy Ben Naceur

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