Tunisie : Livre numérique contre désert culturel

La foire du livre s’ouvre aujourd’hui au Kram. Sauf que le bon vieux bouquin a laissé des plumes dans son combat désespéré contre les CD et autres DVD… Le livre électronique sauvera-t-il la mise ?

La 27ème édition de la foire du livre s’ouvre aujourd’hui, 24 avril et se tiendra jusqu’au 3 mai 2009 au Parc des expositions du Kram. Lors de l’édition précédente, en 2008, la foire avait accueilli 250 000 visiteurs. Reste à espérer que le nombre de visites augmente cette année. 1.064 éditeurs dont 96 Tunisiens seront pourtant présents pour exposer leurs derniers ouvrages. 39 pays participants sont répartis sur 323 exposants. Mais les chiffres a priori positifs, ne doivent pas malgré tout dissimuler la marginalisation dont est victime le livre… et ses lecteurs. Un phénomène perceptible aussi bien en Tunisie, que dans le reste du monde.


Les statistiques alarmantes de 2004 sur les bibliothèques publiques de Tunisie le démontrent clairement. De moins en moins de Tunisiens lisent. Ainsi, le nombre d’abonnés dans les bibliothèques représentait 167 515 de l’ensemble des jeunes scolarisés. Une peccadille. Les librairies cèdent la place aux graveurs de DVD, et autres jeux vidéo.

La démocratisation de l’internet est à double tranchant. Si
le nombre d’internautes a pratiquement doublé depuis ces deux derrières années,
il n’en est certainement pas ainsi des chiffres des lecteurs tunisiens.
Contrairement aux générations précédentes, qui consacraient davantage de temps,
en moyenne, à la lecture d’un livre ou d’un roman, les jeunes d’aujourd’hui sont
plus enclins à s’adonner à des loisirs, liés essentiellement à l’environnement
des nouvelles technologies. Le fait de surfer sur le net ou de jouer à des jeux
vidéo pourrait même, selon des spécialistes, créer une certaine paresse visuelle
(lire


l’article sur les otakus
).

Le numérique à la rescousse

Cette année, parmi les nouveautés de la foire, l’un des colloques prévus pour l’occasion portera sur la thématique du « livre électronique en Tunisie et dans le monde». Divers professionnel aborderont les principales caractéristiques techniques de ce nouveau système de propagation du savoir, qui ne manque pas d’arguments. Ainsi, selon la Fondation Méditerranéenne d’Etudes Stratégiques (FMES) « En Tunisie comme ailleurs, tant de thèses, de manuscrits artistiques et scientifiques, d’actes de colloque, de cours, ne sont pas communiqués au public car leur impression sur papier coûterait trop cher. Il est donc nécessaire de faire face à ce problème en publiant de manière numérique tous ceux qui ont quelque chose à dire au monde. Cela contribuera du même coup de contribuer à préserver la nature, car pour imprimer seulement 50 kg de papier, on a besoin en moyenne d’un arbre adulte… » . En somme, le livre électronique permettrait à la fois d’économiser nos sous et les arbres. Un atout de poids pour un pays menacé par la désertification naturelle, (et culturelle, diront les mauvaises langues).

Des éditeurs tunisiens ont même déjà expérimenté cette nouvelle tendance à l’échelle africaine : qui consiste à lancer des livres en édition électronique. Cérès Edition présente à cet égard un exemple intéressant, avec déjà plusieurs livres numérisés à son actif. Un site tunisien,
Tunisiancreativity.com, permet à des écrivains de mettre en ligne (gratuitement) leurs ouvrages en restant propriétaires de leurs droits d’auteurs.

Bon an mal an, à l’échelle internationale, les livres électroniques commencent à devenir populaires. On assiste ainsi à l’émergence d’appareils ad hoc, destinés à rendre le livre immatériel presque aussi lisibles que son vieil homologue de papier. Des appareils comme le Kindle, pour ne citer que l’exemple le plus en vogue, permet ainsi de charger des dizaines de bouquins sans s’encombrer, puisque le support est 100% numérique. Reste à prouver que le nouvel essor de ces gadgets high tech puisse nous éviter le désert… littéraire !

Samy Ben Naceur

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