Tunisie : Les enragés du stade

«Edda5la», le chant des virages, les lignes de vêtement des supporters des plus grandes équipes de deviennent, ces dernières années, une composante essentielle des matchs de foot en Tunisie. Bienvenue chez les Ultras !

Même si les matchs se jouent concrètement sur les terrains, le foot s’exporte, de nos jours sur la blogosphère, sur facebook mais aussi sur des forums spécialisés. Sur le réseau social Facebook, les groupes ultras se manifestent par la création des groupes. Ultras l’Emkachkhines de l’Espérance Sportive de Tunis, African Winners du Club Africain, Black & White Fighters du Club Sportif Sfaxien, la Brigade Rouge de l’Etoile Sportive de Tunis ou même les Bardo Boys du Stade Tunisien. A titre d’exemple, les Ultras l’Emkachkhines sont le groupe drainant le plus grand nombre de membres avec ( 2500) et une fanpage dépassant les 18 000 fans. Les ultras espérantistes ULE 02, se proclament même premier groupe ultra de Tunisie, avec un site web à la clé. Au-delà de Facebook, un forum tunisien regroupe même tous les ultras de Tunisie .


L’histoire d’un fanatisme

Le mouvement Ultra est né en Italie au milieu des années 70, même si certains groupes ont vu le jour à la fin des années 60. Le mouvement Ultra s’est inspiré des groupes de supporters anglais et, il faut le reconnaître, des hooligans qui sévissaient dans les stades anglais dans les années 60 et 70.

Sous prétexte de soutenir une équipe de football, les hooligans organisent une véritable guerre de supporters dans le stade. Ainsi, de nombreuses scènes de violence vont être relevées dans toute l’Angleterre mais aussi sur le continent à la faveur des coupes européennes. En Italie, autre terre mythique de football, les jeunes Italiens rêvent et s’inspirent des exactions commises par leurs modèles anglais. Les premiers groupes ultras vont alors apparaître à la fin des années 60 et au début des années 70 dans le sillage des grandes équipes du nord du pays. Étudiants, ouvriers, chômeurs…Toute une frange de la jeunesse italienne a trouvé dans le football une nouvelle cause à rallier et va se regrouper par affinités dans les « curva » (places situées derrière les buts comme les «Kops » anglais), appelés virages en Tunisie. Puis le phénomène va s’accélérer à la fin des années 70. L’Italie va alors assister à la naissance de nombreux groupes ultras : les Rangers d’Empoli (se proclament d’ailleurs comme le premier groupe Ultra italien), les Fighters (combattants) de Turin, la Fossa dei Leoni de Milan, le Commando Ultra Curva Sud de l’AS Roma. C’est au début des années 2000 que le phénomène a débarqué en Tunisie.


Tifosis de Tunisie

Les groupes ultras préparent tout au long de la semaine leur rituel préféré : la fameuse «da5la», le «tifo», terme importé d’Italie par les Tunisiens, qui désigne l’ensemble des éléments prévus pour mettre un maximum d’ambiance, et faire peser la pression sur l’adversaire. L’imagination est sans limite et l’originalité recherchée. Feuilles cartonnées de couleur, drapeaux, fumigènes, banderoles envahissent les gradins. La réputation d’un groupe Ultra vient de sa faculté à réaliser les plus beaux et plus grands tifos. L’intérêt des Tunisiens jeunes et moins jeunes pour le foot n’a jamais été aussi important. On frise même le fanatisme. Les foules se précipitent à El Menzah et Radès à chaque fois qu’un match est disputé. Et à chaque rencontre au sommet, le Grand Tunis est presque systématiquement paralysé. Selon une enquête publiée par les Nations Unies en 2007 et intitulée « Adolescents et jeunes en Tunisie : données et défis », la participation de nos jeunes dans la société civile n’est importante que dans le milieu sportif. D’autres jeunes férus du football sont carrément en marge des associations de supporters et autres amicales des clubs. Ils ont choisi de renforcer les rangs des Ultras.

Thameur Mekki

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