Tunisie : Le Zampakuto de Shinigami San

Shinigami San nous fait découvrir un univers sonore aux étranges résonnances. Il sera à l’Acropolium de Carthage pour un live, aujourd’hui, le 25 juin 2009, au Festival Echos Sonores de Tunis (FEST).


«Pour le FEST ca va être mon premier live Shinigami San. J’ai déjà joué au FEST pour la première et deuxième édition, mais dans d’autres configurations (E, Hextradecimal Crew). Cette année, c’est le projet Shinigami San qui prend sa place en live cette fois-ci, et avec mes propres productions. Je me suis rendu compte que j’avais suffisamment de morceaux en boîte pour monter un live avec» nous confie Shinigami San. Ce sera la première fois que Shinigami San , Zied Meddeb Hamrouni de son vrai nom, se lance en solo au FEST. Lors des deux sessions écoulées, il y était soit avec son groupe E ou avec le collectif Hextradecimal. «Il s’agit de SKNDR et des deux membres de E, moi et Molsen, avec Kais Dhifi à l’image. Le Hextradecimal Crew proposait un live avec des fragments de morceaux de SKNDR et de E le tout réinterprété et restructuré autrement, avec une liberté d’improvisation rarement atteinte dans les configurations indépendantes de chacun. Le live pouvait prendre des formes très diverses, et comme l’improvisation était au cœur de la musicalité, ça donnait des résultats à tous les coups inattendus» se souvient Shinigami. Un passage essentiel pour Zied qui vient de l’acoustique, et qui avait l’habitude de jouer en groupe.

De l’acoustique à l’Electro

Après plusieurs expériences dans la musique acoustique (blues, rock, reggae, dub) dans des groupes comme Khepra, Antimatiere, Stavka, ou le 38eme parallèle, la découverte de la musique électronique fut une sorte de révélation. «Avec mes études en architecture, mon cursus cinéma, et les cours de sémiologie que j’ai suivis, les réponses ont commencé à venir, et cela grâce à la musique électronique et son absence de référent. J’avais compris que pour moi, le problème de la musique acoustique c’est qu’elle est trop chargée de sens et de référents. Et là je parle du son des instruments. La musique électronique est pure, comme si elle créait ses propres codes référentiels puisque les instruments et leurs sons étaient des sons de synthèse, donc fabriqués par les artistes. C’est libérateur, mais il fallait à ce moment effectuer un “cross the line”, dépasser l’étape du saut vers l’inconnu et faire un “jump” de l’autre côté du mur» explique Shinigami. Un pseudo aux consonances japonaises que Zied a choisi pour des raisons très particulières.

La musique comme arme

«C’est l’univers de la culture japonaise qui m’inspire, ce qui reste de l’éthique des samouraïs, les techniques de sabre et le rapport spirituel dans le rapport Maitre/Disciple. Le rapport au sabre reste aussi quelque chose de très important. Le Katana pour les samouraïs, le Zampakuto pour le Shinigami fait office d’arme certes. Mais il est aussi le compagnon, le seul ami, le confident, et celui qui t’aide à voir clair dans les moments de doute profonds, pas en étant hors de son fourreau, mais bien au contraire, en te donnant de la force en étant dedans. Ma musique c’est mon Katana, mon Zampakuto. C’est à travers elle que je parle, que je communique ce que je pense. Les samouraïs et les Shinigamis sont reconnus pour être pas très bavards, mais efficaces quand il s’agit d’exécuter leur travail» affirme Zied. « Shinigami San veut dire «ange de la mort» ou «dieu de la mort». C’est l’entité qui se charge de faire parvenir les âmes des morts vers l’autre monde, paradis, enfer, quelque soit son appellation» explique-t-il.

Soundz For Ghazza

Suite aux génocides israéliens à Gaza, Shinigami San a lancé une session sur la webradio TBK Project , intitulée “Soundz For Ghazza”, une sélection spécialement orientée pour la cause a vu le jour et a eu une audience respectable surtout avec des liens de téléchargement des mixes sur le net. Cette collaboration avec TBK Project s’est poursuivie avec Frequencity , une sélection de 2 h de musique électronique proposée par Shinigami San. La première heure est un «mash up» d’Electronica, dub, hip hop et minimale. Quant à la deuxième heure, c’est un voyage avec le Dub Step et dans les fréquences Sub.

 «Mon idée avec Frequencity était de proposer une sélection de musique électroniques qui pour la majorité n’avaient aucune chance de passer sur les radios, dans les boites, ou dans n’importe quel autre contexte» dixit Shinigami en alternant : « Cela m’a apporté beaucoup plus d’assurance au niveau du mix en tant que DJ. Je m’étais enfin approché du mix, une passion très ancienne, et qui a failli être avortée face au coût du matériel.»

«De nouvelles résolutions et de nouveaux choix sont en train de se mettre en place par rapport à ma musique. Le dubstep étant, à mon avis, une vision plus qu’un style musical à part entière. Je suis entrain d’effectuer une mutation dans ma musique. Elle n’est pas spontanée, elle arrive après beaucoup de prises de conscience sur beaucoup de choses en musique. D’ailleurs, le live que j’ai préparé pour le FEST cette année signe la fin d’une période musicale au niveau de la production et la mutation vers une autre nouvelle étape.» explique Zied. En juillet, un morceau de Shinigami San, intitulé «Dub», sera produit et édité en distribution digitale par le label français F4T Music. L’ange de la mort prend son envol. On y reviendra puisque Shinigami n’arrêtera pas de faire voyager les passionnés d’électro d’un monde à un autre, d’une dimension à une autre !

Thameur Mekki

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