Tunisie : Bougies pour concert gratuit

C’est à l’Art’Village. Dans une ambiance unplugged, dans un cadre intimiste avec tapis et bougies. Les concerts sont gratuits. Pour unevision au diapason de la scène musicale émergente. Pour un public assoiffé de différence.

   
Il était presque 19h quand on est arrivé à Art Village. Vers Bab Saadoun, dans la rue Jugurtha mouvementé par les va et vient des louages Tunis – nord ouest, on a su trouver Art Village où s’est tenu un open stage concert en cette soirée du samedi 27 juin.  Tekiano a rencontré Kerim Bouzouita, le directeur artistique de cette école. « Nous avons lancé les Open’Stage Art’Village pour donner un espace d’expression libre à la scène Underground Tunisienne. L’idée est de mettre en contact les artistes les plus originaux de la scène actuelle avec le public.» raconte-t-il en alternant : « Les évènements ont lieu à Art’Village un vendredi sur deux dans une ambiance unplugged, tapis et bougies pour rehausser le côté intimiste du cadre. Les concerts sont gratuits grâce à la générosité des artistes qui y participent.» Ce dernier définit Art’Village (voir également leur page facebook) comme un centre artistique des musiques actuelles. « Nous sommes à l’unisson avec la scène montante et nombre de nos profs ont fait partie de cette scène ou en sont encore des acteurs majeurs.» explique-t-il.

Slam par Julioz

Dans une ambiance unplugged, le concert commence avec le slameur Julioz. «Badabim Badabam, je suis en Tunisie… » ! Chantonne Julioz ce refrain et alterne en scandant ses textes. Ce dernier partage son vécu à travers le slam et pimente sa performance en donnant, de temps en temps, de la mélodie à ses proses. Les rimes se mélange avec les accords de son ukulélé et la convivialité s’intensifie dans la salle où se tenait l’open stage concert. La soirée a noté aussi la participation de trois slameurs tunisiens, chacun avec un texte. Malheureusement, ces derniers sont restés prisonniers du pouvoir des proses françaises. Ce mode d’expression urbaine venant des Etats Unis et visant dans sa création à populariser la poésie n’a malheureusement pas pris les couleurs tunisiennes, lors de cette soirée.

De Bagdad à La Havane ! 

Fadhel Boubaker, avec son oud à la main, était accompagné par Oussema Mhidi au piano, Omar Kasraoui à la guitare et Amor Addala à la percussion. Cette formation nous a fait part d’une fusion de musiques que Fadhel Boubaker explique ainsi : « « J’écris des mélodies, des gammes arabes et je passe, par la suite, à la pratique en groupe pour que mon travail avec les musiciens puisse aboutir à diverses variations rythmiques. Ce n’est pas tracé d’avance et le côté impro est exigé. Je le considère fondamentale dans ma musique.» Et il ajoute «Pour aboutir à cette variation, je choisis des musiciens qui viennent d’univers plus ou moins différents. Par exemple, dans la formation qui m’a accompagné aujourd’hui Amor, le percussionniste est essentiellement un adepte de la musique arabe mais il commence à subir des influences latino. Oussema, le pianiste, vient du jazz et de la variété. Omar, le guitariste est à la base un passionné de metal rock et là il vire vers le flamenco».

 

La «Deep Soul»…baby !

   
«C’est l’esprit de sa musique. Quant tu écoute sa musique, tu ressens une certaine intensité, ce qu’on appelle la «deep soul». Sa façon d’écrire ses paroles me fascine aussi. D’ailleurs, j’essaye d’aller dans le même sens.» dixit Nour Harkati . Après avoir interprété deux reprises de Justin Nozuka «Down in a cold dirty well» et «Oh mama», Nour Harkati nous a fait part de deux de ses propres compositions «Come back to me» et  «Say to me». Pour un R’n’B authentique, bien loin de la soupe FM commerciale. Un genre musical dont les initiales font référence à Rythm and Blues. Une évidence oubliée par certains. Ensuite, Nour Harkati qui était accompagné par Oussema Mhidi s’est laissé rejoindre par un autre pianiste pour jouer le morceau culte «Knockin on heaven’s door» avant de clôturer la soirée avec Fadhel Boubaker au oud pour interpréter brillamment un autre morceau de Justin Nozuka, «Save him».

Bonne initiative d’Art Village, une école originale, porteuse d’une perception particulière de l’apprentissage musical. Avec une vision au diapason de la scène musicale émergente. Pour un public assoiffé de différence.

Thameur Mekki

Print Friendly, PDF & Email

Plus :  Actu



  • Envoyer