Tunisie : Alpha Blondy sans censure

Alpha Blondy a enflammé l’ambiance à Tabarka, samedi 11 juillet 2009. Au rythme du reggae, l’icône ivoirienne s’est exprimé sans autocensure…aucune, défiant les Nations Unies et combattant les Généraux d’Afrique.


Une fois les Solar System installés sur scène, un bref mix a laissé entendre des cris et passages chantés d’Alpha Blondy extraits de morceaux issus de ses différents albums. Sa voix a raisonné dans la Basilique de Tabraka en ce mémorable samedi 11 juillet 2009. « Alpha Blondy est là ! Solar System est là ! » chantaient les deux choristes accompagné en back line par 3 musiciens aux cuivres, un batteur, deux guitaristes, un claviériste et un autre musicien au synthétiseur. Sous des airs empruntés à des morceaux cultes du reggae tel que « Africa Unite » de Bob Marley, des milliers de spectateurs se sont déchaînés. Quelques minutes après, la voix d’Alpha Blody s’est imposée à travers la prière en intro de « Sebe Allah ». Un riff de reggae prend place, le public vibre et Alpha Blondy fait son entrée en scène. Il alterne « Jerusalem » ou encore des morceaux de son dernier album, sorti en 2007, « Jah Victory » tel que « Ne tirez pas sur l’ambulance », un morceau inspiré des crises successives qui ont frappé son pays, la Côte d’Ivoire. « Vous savez bien que l’Afrique est un continent blessé. Alors, il faut que les Africains se donnent la main. C’est pour ça que je vous demande de ne pas tirer sur l’ambulance» Crie-t-il au public avant de commencer ce morceau. Vêtu en tenue de combat, son choix vestimentaire a traduit les idées qu’il défend à travers sa musique et son âme de militant. D’ailleurs, il n’a pas manqué d’exprimer ses réflexions et de partager ses prises de positions durant le concert.


Coups d’Etats

Après un moment intense avec son morceau « Masada », le public était très réactif avec « Cocody Rasta ». A moment donné Alpha leur a cédé le chant et les Solar System se sont contentés de leur pointer le refrain avec quelques battements. En sueur une fois « Cocody Rock » fini, Blondy se met sur le côté droit de la scène alors que le bassiste prend le devant et embarque le public en évasion via sa base line. Atterrissage ! Alpha reprend le micro et s’adresse au public « …Je vous demande ce serment d’être solidaire de vos chefs. Parce que de l’autre côté, ils ne sont pas mieux que nous. Ils financent les coups d’Etats pour déstabiliser l’Afrique. Nous sommes devenus dans leur main comme les moutons de la démocratie. La stabilité politique entraînera la stabilité économique pour le bien être du peuple». Et il lance Politiqui au fameux refrain où Alpha crie : « A bas le Général » ! Il ne cesse de se prendre aux militaires en Afrique et leur relation avec les coups d’états en break entre les morceaux. « Le seul diplôme qu’il a c’est sa kalachnikov …» parle-t-il des généraux en cause de coups d’état et il alterne : « 80% des présidents qui siègent à l’Union Africaine sont arrivés là par voix de coup d’état et c’est illégal. Alors, je veux demander aux Nations Unis de ne plus cautionner, de ne plus supporter un coup d’Etat qui tue l’Afrique, qui déstabilise l’Afrique».

Paix pour tous

Alpha a poursuivi le concert avec des morceaux tel que « Sweet Fanta Diallo » ou encore « Sankara » mais il est revenu au discours prônant la paix « Si nous voulons faire honneur à Dieu l’espèce humaine doit abolir la guerre (…) Le droit fondamental de tout habitant sur la terre c’est d’avoir droit à la paix pour lui et sa famille. » affirme-t-il. « C’est pour cela que nous voulons la paix en Côte d’Ivoire, au Libéria, en Somalie, au Soudan, en Iraq, en Afghanistan, au Pakistan et nous voulons la paix entre Palestine et Israël parce que le Dieu d’Abraham est un dieu de paix, un dieu d’unité, un dieu de miséricorde… » crie-t-il à un public en symbiose absolue. A un moment donné le reggae man ivoirien a même défié les Nations Unis en direct de la scène du Festival International de Tabarka : «Je défie les Nations Unis de mettre fin à la guerre entre les frères Palestiniens et Israéliens. Ils faut qu’ils méritent leurs salaires au moins». Dans un moment convivial avec le public Alpha Blondy, en poursuivant son combat contre « Les Salauds » lance: « Ce que je vais chanter ça reste entre vous et moi. Si la guerre a éclaté en Côte d’Ivoire, c’est parce que les politiciens se sont très mal démerdés. C’est pour ça que j’ai fait une chanson pour eux et tous ceux qui les ont accompagnés dans leurs positions.» Avec les Solar System en break, accompagné par ses deux choristes aux voix sublimes au backing vocal, Alpha se lance dans un chant jaillissant du fond de son âme, renforcé par une haine immense de l’injustice. C’était « Les Salauds », en version a capella.

Thameur Mekki

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