Tunisie : Les poires de la bande dessinée ?

Le Salon de la Bande Dessinée aura lieu du 22 au 29 aout à Tazarka. 31 Juillet 2009 dernier délai pour s’y inscrire. La progression de la BD tunisienne est-elle à la mesure des talents qui s’y sont consacrés sur plus de 40 ans ?

Le Salon International de la Bande Dessinée aura lieu cette année du 22 au 29 aout prochain à Tazarka, ville du gouvernorat de Nabeul. Organisée pour la 13ième année consécutive par l’association du livre de Tazarka, cette manifestation réunira les amateurs de la bande dessinée de tous horizons.

Pour cette année, le comité organisateur du salon va mettre en place des workshops. Sous l’œil de plusieurs dessinateurs de BD d’envergure internationale, les participants auront à créer, en 7 jours, un album de bande dessiné qui sera publié dans les semaines qui suivront l’événement. A la fin des workshops, ces stagiaires se verront délivrer une attestation de stage sur laquelle figurera le nom de l’encadreur.

Délire fruitier

Le thème choisit pour cette année est… la fraise ! Et pour cause, Tazarka est connue
pour ses champs de fraises dont la cueillette se fait entre avril et juin de chaque année. Ce salon célébrera, donc, « Dame Fraise » avec ses différentes nuances de couleurs : du vermeil (rouge vif un peu plus foncé que l’incarnat ou argent recouvert d’or), au pourpre (rouge foncé, dignité impériale ou de cardinal, rouge violacé) ou de l’écarlate (rouge vif) au rubis (rouge vif nuancé de rose ou du pourpre). Les mauvaises langues diront que la BD tunisienne n’a pas la pêche. Ce serait même la raison pour laquelle on a choisi la fraise… à défaut de nous prendre pour des (bonnes) poires. C’est dire que les bédéistes tunisiens ne comptent pas pour des prunes.

Sur le groupe Facebook dédié au Salon International de la Bande Dessinée, le président de l’association du Livre de Tazarka, M. Abou-Seoud MESSADI, a présenté brièvement le programme : stage avec des artistes de Belgique, France et Tunisie, rupture de jeûne collectifs (puisque le salon débutera avec le mois saint de ramadan), des expositions variées, des tables rondes, un ciné-club enfants où il y aura des projections de dessins animés, et des animations sur les plages les après-midi. Les personnes qui souhaitent y participer seront nourries et logées pendant les 7 jours que durera la manifestation. Mais attention : le dernier délai pour s’inscrire est fixé au 31 Juillet 2009. Pour cela, il faudra verser 50 dinars sur le compte de l’association du livre de Tazarka.


Boom au niveau international

Ce salon tunisien de la bande dessinée est d’autant plus bienvenu qu’au niveau international cet art prend une importance grandissante. En 2007, par exemple, plus de 40 millions de bandes dessinées ont été vendues en France, pour un chiffre d’affaires de plus de 383 millions d’euros, soit l’équivalent de presque 800 millions de nos dinars. Dans l’Hexagone, le nombre d’amateurs de BD est estimé à 6 millions. Sans même parler de l’évolution du manga japonais, véritable fer de lance culturel et industriel nippon. Décliné en films, jeux vidéo, et bien d’autres supports, la bande dessinée, longtemps reléguée au rayon de la petite enfance, est désormais considérée comme le 9ème art.

Irfane et les autres

Si les premières BD tunisiennes datent des années 70, force est de constater qu’en 40 ans, la progression n’est pas réellement à la mesure des talents qui s’y sont consacrés. «Ech Chaf», le personnage créé par Mahmoud Rebai, dont se délectaient les lecteurs du magazine défunt «Dialogue» n’a pas eu d’héritiers. Le précurseur Irfane, avec Bou Tartoura en personnage phare avec sa célèbre chéchia a certes fait des émules avec des revues ciblant les enfants, comme notamment «Qaous Qouzah», et plus récemment «Faracha». Mais ces expériences n’ont pas réellement créé de dynamique. Reste à espérer que la régularité d’un festival comme celui de Tazarka parvienne tant bien que mal à ranimer la flamme. Avec les moyens du bord.

Welid Naffati et Malek Ben Hammadi

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