Tunisie : Ranimez le dessin animé !

Le cinéma d’animation peut-il exister sur le grand écran tunisien ? Telle est la question posée au forum tenu le 28 octobre 2009, à la maison de la culture Ibn Rachiq. C’est la première fois qu’on fête en Tunisie la Journée Mondiale de l’Animation.

«C’est pour finir par avoir une génération montante de jeunes cinéastes d’animation. C’est très important que les plus jeunes soient au courant des expériences tunisiennes dans ce domaine. Ils doivent savoir que ce genre audiovisuel existe bel et bien en Tunisie et qu’il est possible de se former et d’être spécialisé dans le cinéma d’animation dans notre pays» nous confie Wassim Ben Rhouma, représentant de l’Association internationale du film d’animation en Tunisie (ASIFA). Cette association organise, chaque 28 octobre, la Journée mondiale du Cinéma d’Animation. Cette date a été choisie pour célébrer l’anniversaire de la première projection d’un film d’animation. Une première historique signée Émile Reynaud au Musée Grévin, à Paris le 28 octobre 1892.

La Journée mondiale du Cinéma d’Animation est fêtée dans plus de 50 pays à travers le monde. Grâce à l’initiative de Wassim Ben Rhouma, la Tunisie a fêté cette manifestation pour la première fois, mercredi 28 octobre 2009, à la maison de la culture Ibn Rachiq, avec le soutien de l’Institut Français de Coopération (IFC). «En Tunisie, les gens croient toujours que les dessins animés, sont simplement des «comiques» destinés aux tout petits» affirme Wassim. «On a un sérieux problème d’information sur le cinéma d’animation. C’est vrai que c’est un problème qui persiste à l’échelle internationale et surtout dans le tiers monde. Mais en Tunisie c’est encore plus grave. A titre de comparaison, cette manifestation est fêtée au long de 3 semaines en Inde. Quant à la France, elle fête ça avec plus de 400 événements» ajoute le jeune représentant de l’ASIFA en Tunisie.

Animation handicapée

Dans une salle comble, la soirée a débuté à 20h avec un forum. Avec pour principaux intervenants, Zouhair Mahjoub et Monji Sancho, tous les deux cinéastes d’animation et enseignants à l’université. Leur parcours dans ce domaine est truffé de déceptions et d’amertume, dues à la marginalisation de leur art en Tunisie. «On n’a pas les moyens nécessaires pour faire du cinéma d’animation. C’est tout une industrie ! L’instauration de plusieurs structures est nécessaire pour pouvoir produire des films d’animation» explique Zouhair Mahjoub.

«Il y a 6 ou 7 ans que le ministère de la culture a eu de gros financements étrangers destinés à la production de films d’animation. Pourtant, rien n’a été fait» martèle Monji Sancho. Par ailleurs, Tayeb Jallouli, cinéaste tunisien également présent, annonce préparer actuellement un long métrage d’animation chez Omnya Prod. «Après l’obtention d’une aide au scénario de la part du Ministère de la Culture, on y travaille depuis un an» déclare-t-il en alternant : « On a fini le scénario, le story board et le texturage. Vu qu’on n’est pas habitué à la production de films d’animation, on se retrouve à travailler, former et se former en même temps».

Projections : flash back et état des lieux

Contrairement au programme, 4 films d’animations au lieu de 6 ont été projetés. A l’exception du film algérien, «Le quotidien des Automates » d’Abdelghani Raoui dont l’aspect expérimental a été apprécié par certains, la qualité des films tunisiens présentés a déçu certains spectateurs. Ces derniers se sont dépêchés à quitter la salle au cours des projections. «On a sélectionné les films en fonction de la diversité des techniques d’animation qui y sont exploité mais aussi selon l’ordre chronologique de leur production.» explique Wassim Ben Rhouma. Ainsi on a vu défiler sur la toile, «EL Garbaji » de Zouhair Mahjoub (1984), « Ruse pour ruse » de Mongi Sancho (2006) et «Les Terriens» (2009) de Leila Ben Rejab, Darine Kouche, Haykel Dridi et Rim Ben Salah.

«Le fait que l’animation soit à la télé est très positif. La télé peut ainsi être complémentaire avec le cinéma». déclare Wassim Ben Rhouma. Lakhdher, Barhouma, 2050, 3icha ma9rouna et autres arrivent à s’imposer sur le petit écran et même à se tailler un certain succès. Encore faudrait-il bien gérer les revenus accumulés par les prods d’animation télévisuelle. Parce que le coup de pouce financier est absolument nécessaire pour ranimer enfin le cinéma d’animation dans notre pays.


Thameur Mekki

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