Tunisie : Dernier clip de Balti par Dali Nahdi

«Le contexte a tranché entre le fils de Sijoumi et celui de Hay Ennasr» scande le rappeur Balti dans «Sami El Pac». Réalisé par Dali Nahdi, le clip de ce morceau est dans la continuité de son film, «Le Projet». Les marginaux se révoltent…

«Ça vient du ghetto !» lance la voix de Balti, synthétisée par Auto Tune, au début du morceau «Sami El Pac». Créé dans la continuité du court métrage «Le Projet» réalisé par Dali Nahdi, le morceau porte comme intitulé le nom du personnage principal de ce film. «Même le morceau qu’on va tourner en clip n’est pas uniquement promotionnel. On est tellement dans le même univers que je ne pouvais pas laisser passer une telle expérience artistique» nous confie Dali Nahdi au mois de Mars 2009, alors que «Le Projet» venait de sortir en salle de cinéma. Un film dont la bande originale est signée Balti. Un cocktail détonnant mixant Balti, un rappeur originaire du quartier populaire de Sidi Hssine Sijoumi et Dali Nahdi, un réalisateur originaire du Rbat, du Marché Sidi El Bahri, plus exactement. Les bas-fonds s’expriment !

Récemment mis en ligne, les férus de rap tunisien commence déjà à partager la vidéo sur le net, notamment sur le réseau social Facebook.

En pleine avenue Habib Bourguiba, le rappeur se dresse derrière un micro à perche studio. Lunette Rayban, veste noir et tee-shirt blanc, Balti scande ses textes d’une voix grave et raconte des chroniques de la vie de Sami El Pakistani, protagoniste du court métrage «Le Projet». Le clip vidéo est entièrement tourné devant le Théâtre Municipal de Tunis. Copieusement alimenté d’images du film et d’extraits d’un concert du rappeur, tenu à la Coupole d’El Menzah. En noir et blanc, la version vidéo de «Sami El Pac» baigne dans une ambiance sombre renforçant le texte évocateur chanté par la voix sépulcrale de Balti.

Dans ce clip, Dali Nahdi a mis en scène un pianiste et trois violonistes pour illustrer l’univers musical du morceau. Il confronte l’ardeur et le modernisme des beats hip hop au classicisme des mélodies de violon et des chœurs d’opéra. La réalisation ne s’est pas contentée de puiser dans les images du film, lors du montage, pour faire le lien avec les textes du chanteur. Rollers et street wear rehaussent le côté urbain du morceau. Une bande de «mecs de cité» est installée sur les marches d’entrée du Théâtre Municipal de Tunis. Une image renvoyant à la marginalisation et au rejet social dont est victime «Sami El Pac». D’ailleurs, Balti l’exprime ouvertement dans ses textes à plusieurs reprises. «Victime aux yeux de soi-même, coupable aux yeux des gens» martèle le rappeur tunisien. On perçoit parmi eux des personnages dans le film «Le Projet». Le clip intègre même un interlude mettant en scène des jeunes réunis sur les marches du Théâtre Municipal de Tunis contrôlés par la police.

Après avoir été récompensé dans plusieurs manifestations cinématographiques internationales pour son court métrage «Le Projet», Dali Nahdi continue à remettre en question l’égalité des chances dans notre société. Et après tout, c’est bien le leitmotiv du rap. L’incontournable groupe marseillais IAM l’énonçait clairement : «La vie est belle, le destin s’en écarte. Personne ne joue avec les mêmes cartes. Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu’il dévoile. Tant pis, on n’est pas né sous la même étoile».


Thameur Mekki

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