Tunisie : Le web ou la légitimité d’un fils de pub

En Tunisie, l’avenir de la pub passe par le web. Le trône de la presse imprimée sera à court terme ébranlé. Durant la décennie à venir, c’est le royaume de la télé qui sera menacé. Et ce ne sont pas des prévisions à la Cyrus Mondal. Analyse.

«La télé commande» ! Les annonceurs tunisiens prennent trop au sérieux ce jeu de mot. Certains en font même leur devise. Sur l’ensemble de 138,9 millions de dinars d’investissement publicitaire global en Tunisie, la télé se taille la plus grande part du gâteau en 2009. 52,6% de l’argent des annonceurs du marché tunisien a été consacré au petit écran. Ce pourcentage, seul, dépasse celui de l’ensemble des investissements publicitaires générés par la radio (15,3%), la presse imprimée (18,4%) et internet réunis.

Le web est bien loin derrière avec un minuscule 1,3% de l’investissement publicitaire global en Tunisie, soit 1,8 millions de dinars tunisiens. C’est en tout cas ce qui ressort du bilan médias et publicité 2009 de Sigma Conseil.

Aussi minime qu’elle soit, la part du web dans les investissements publicitaires, en Tunisie, a enregistré une évolution de 3,1% par rapport aux chiffres de 2005. Et pour cause : l’émergence continue et progressive des portails web tunisien, essentiellement la presse électronique ne peut plus passer inaperçue. De son côté, la presse imprimée avec 18,4% de part de marché publicitaire en 2009 a enregistré une baisse de 6,7% par rapport à 2005. Voici que nos vieux canards prennent des rides et trouvent de plus en plus du mal à maintenir leur position au marché de la pub. Alors que la toile cybernétique arrive à drainer de plus en plus d’annonceurs. Assisterait-on à la chute d’un secteur et à la prospérité d’un autre durant les années à venir ? Des faits nous portent à le croire. Et ce ne sont pas des prévisions à la Hassen Cherni et Cyrus Mondal publiés par les canards tunisiens en papier à l’approche de chaque nouvel an.

L’audience migre sur le net

Vers le début de l’année 2009, le nombre d’abonnées à internet n’était que de 282 914 dont 227 221 équipés d’une connexion à haut débit. Or en octobre 2009, le nombre d’abonnées a grimpé jusqu’à 385 899 dont 345 026 disposent d’une connexion ADSL. Début 2009, le nombre d’utilisateurs d’internet était de 2 810 000 Tunisiens. En octobre 2009, leur nombre est monté à 3 400 000 utilisateurs. Une croissance de plus de 33%. Ce sont les statistiques de l’Agence Tunisienne d’Internet (ATI) qui nous amènent à faire ce constat : l’audience migre sur le net et s’agrippe à la toile. Les annonceurs suivent la tendance et partent là où ils peuvent croiser leurs consommateurs potentiels.

Sur le net, on ne rate pas sa cible !

Opérateurs téléphoniques et fournisseurs d’accès internet sont à la clé de la hausse de la part d’internet dans le marché publicitaire tunisien. Puisque ces entreprises ne trouveront pas mieux que le web pour rencontrer leurs clients potentiels. La télé, la radio et surtout la presse écrite sont loin de pouvoir leur garantir un ciblage aussi pertinent. Sur le web, ils partent droit au but ! Or ces secteurs d’activité, à savoir les télécoms et internet sont positionnés en seconde position sur le podium du marché publicitaire avec 21,3%. Quant à Tunisiana, la filière tunisienne d’Orascom Telecom, c’est le plus grand publivore du marché avec 17,1 millions de dinars misés sur la pub. «Orange Tunisie et Zitouna Bank changeront nécessairement la donne publicitaire en Tunisie» prévoit Hassen Zargouni, directeur générale de la société de Médiamétrie Sigma Conseil, pour l’année en cours. Et il ne se trompe pas. Orange Tunisie est un nouvel acteur sur le marché des télécoms et d’internet. Et son arrivée sera certainement accompagnée par un festival publicitaire. Surtout qu’on sait qu’il s’agit d’un grand publivore au niveau international.

Internet, élémentaire cher publicitaire !

Même l’alimentaire, premier secteur d’activité en matière d’investissement publicitaire, concocte des campagnes toutes entières consacrées au web. En dehors des bannières publicitaires, Milkana, Boga et autres partent à la conquête de la toile cybernétique sans s’y perdre et ciblent ouvertement le million de facebookeurs tunisiens. Certains développent même des applications spécifiques sur le réseau social numéro un au monde.

«En France, internet était en 2008 le troisième support publicitaire, selon TNS Media Intelligence, avec 15% du marché, derrière la télévision et la presse» dixit l’Agence France Presse (AFP) qui martèle : «Au Royaume-Uni, les dépenses publicitaires en ligne ont dépassé celles sur la télévision au premier semestre 2009, s’arrogeant la première place du marché». Au niveau mondial, internet est le premier media, durant le premier semestre de 2009 en termes de dépenses publicitaires avec 23,5 % de parts de marché contre 21,9 % pour la télévision. C’est une étude de l’Internet Advertising Bureau UK (IAB UK), PricewaterhouseCoopers (PwC) et le World Advertising Research Centre (WARC) qui le dit.

Selon Zenithoptimedia, filiale de Publicis, le marché mondial de la publicité en ligne devrait progresser sept fois plus vite que le marché de la publicité traditionnelle qui devrait croître de plus de 5% par an jusqu’en 2009. Le marché publicitaire de Tunisie ne saurait constituer sérieusement une exception. En d’autres termes, même en Tunisie, le trône de la presse imprimée sera à court terme sérieusement ébranlé. Mieux : durant la décennie à venir, c’est le royaume de la télé qui sera menacé.

Thameur Mekki

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