Tunisie : Faut-il craindre les séismes ?

En 2009, cinq secousses sismiques ont été enregistrées en Tunisie. En janvier 2010, la terre a tremblé à Sidi Bouzid et à Tataouine. La terre se réveillerait-elle de son sommeil ? Des Tunisiens s’inquiètent, et un professeur répond.

Un léger tremblement de terre a été ressenti à Tataouine Sud le 23 janvier 2010. On n’a pas reporté de dégâts majeurs dans cette ville du sud tunisien. Ce tremblement de terre est de magnitude 3,8 sur l’Echelle de Richter. D’après le site météo world, une secousse tellurique entre 3 et 3,9 peut être ressentie mais ne cause généralement que très peu de dommages.

Dans une dépêche dont le journal français Le Figaro a fait écho le jour même, l’Agence France Presse (AFP) a rapporté que «la secousse, survenue à 10h15 heure locale, a été ressentie par les habitants à Tataouine et Maztouria, une localité proche, a indiqué l’Institut tunisien de météorologie». Le soir du 23 janvier, la chaine marocaine Medi Sat a fait mention de la secousse tellurique de Tatatouine dans son journal télévisé.

Du côté tunisien, l’information n’a pas marqué les esprits des téléspectateurs de la télévision nationale tunisienne. «Je ne comprends pas pourquoi on l’a pas dit sur TV7» s’étonne un internaute sur le forum marhba.com. La même réflexion a été faite sur Facebook où les tunisiens se sont partagés la vidéo du journal info Medi Sat.

La source de la paranoïa tunisienne

Les images catastrophiques du tremblement de terre à Haïti ont alimenté certaines angoisses chez nos internautes. La Tunisie risque-t-elle un séisme catastrophique comme celui de Haïti ? «Non, la Tunisie ne risque pas d’avoir un tel tremblement de terre» répond M. Sfar Falfoul Mannoubi, professeur de géologie à l’Institut Nationel d’Agronomie de Tunis (INAT). «La secousse tellurique de Tatatouine n’a rien d’exceptionnel puisque elle provient d’une faille géologique qui traverse Gafsa et Medenine». Or, selon l’institut national de métrologie (INM), cette activité sismique a été localisée dans le Sud Ouest de la ville de Tatouine, qui se trouve près de la faille.

En géologie, une faille est une zone de rupture le long de laquelle deux blocs rocheux se déplacent l’un par rapport à l’autre. Ce mouvement libère une énergie qui se manifeste sous forme de tremblement de terre.

Sur le site de l’INM et plus précisément dans la page dédiée à l’activité sismique en Tunisie, on notera que sur toute l’année 2009 cinq secousses ont été enregistrés. Ces dernières se sont produites entre octobre et décembre 2009. Deux secousses supplémentaires ont touché Sidi Bouzid et Tataouine, pour le seul mois de janvier 2010.

La terre tunisienne se réveillerait-elle de son sommeil ? Selon le professeur Sfar, la Tunisie a toujours connu des petits tremblements de terre avec des fréquences plus ou moins espacées. «Il est possible qu’aucune activité sismique ne soit enregistrée en Tunisie pendant une longue période. Il est possible aussi que ces secousses telluriques soient plus nombreuses que d’habitude mais elle ne peuvent dépasser les 3 ou 4 degrés de magnitudes».

«Le cas d’Haïti est différent. Ce pays se trouve à la périphérie d’une zone de collision de plaques tectoniques. Ce rapprochement des continents se manifeste par des séismes de fortes puissances. Elle est donc susceptible d’avoir une activité volcanique et sismique importante. La Tunisie ne se trouve pas dans la même posture. Pourtant, nous sommes proches de la zone de compression entre la plaque africaine et européenne. Mais l’activité sismique due à la collision de ces deux plaques ne se produit qu’au niveau de la mer, à l’extrême nord de la Tunisie».

La Tunisie et les Tsunami

Ce tremblement de terre à Tataouine a pourtant fait monter d’un cran la paranoïa de quelques personnes qui vont jusqu’à prévoir un tsunami en mer méditerranéenne. Un internaute a même prédit la prochaine disparition des Iles de Djerba et KerKena au sud de la Tunisie.

Sur cette question le professeur Sfar est catégorique : «La Tunisie ne peut connaître un tsunami. La tectonique des plaques en Méditerranée n’est pas la même qu’en Asie. On ne peut avoir un séisme en mer à la même intensité de celui qui s’est produit en 2004 au large des îles indonésiennes».

Welid Naffati

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