Tunisie: Les trésors cachés du Nokia 1100

Le Nokia 1100 permettrait de découvrir des trésors cachés au Maroc. Sa cote a grimpé en flèche en Tunisie. Voici que l’on arrive à attribuer à l’appareil des vertus magiques. Mais on peut faire fortune grâce à un sandouk, alors pourquoi pas avec un GSM finlandais ?

La rumeur s’est répandue dans toute la Tunisie. «On» rapporte que l’appareil permettrait de découvrir des trésors cachés et enfouis au Maroc. Ce n’est pourtant pas un vieil objet sculpté par des sorciers, et autres 3arraf qui pullulent dans nos contrées. Encore moins d’une lampe magique aux merveilleux pouvoirs. Il s’agit du symbole même de la high-tech : un téléphone portable, plus précisément le Nokia 1100. Certes, le modèle est ancien. Mais voici que sa face cachée attise les convoitises. Les petites annonces le concernant se sont multipliées sur le web. Au point qu’un forum comme Tunisia-Sat est allé jusqu’à interdire les annonces évoquant l’appareil.

Le Nokia 1100 n’est plus commercialisé chez les revendeurs officiels de Nokia en Tunisie. Sa rareté sur le marché a fait grimper son prix initial de vente (entre 50 et 60 dinars) à 200, 500 voire même 25 milles dinars. A faire enrager les geeks fans de nouveautés qui l’ont délaissé et jeté. La chasse au trésor est lancée. Le phénomène se répand comme un feu de brousse de Tunis à Sfax (comme l’énonce le journal tunisiens ‘’Les Annonces’’ dans son édition du mardi 2 mars). Les jeunes en parlent, les adultes ont finit par suivre le mouvement. Et voici que tout ce beau monde est donc actuellement à la recherche d’un vieux Nokia 1100 pas cher pour le mettre aux enchères.

La firme finlandaise Nokia se serait aperçue que le 1100 «comportait de l’uranium», et qu’elle se devait donc absolument de récupérer les modèles encore en circulation pour éviter les dérives possibles dans un contexte international électrique. Des versions plus simples de la même rumeur continue d’alimenter les conversations. Tunisie Telecom proposerait ainsi 1000 dinars à tous ceux qui ramèneraient ce modèle de GSM. Sa rivale Tunisiana n’est pas en reste, puisque l’opérateur privé paierait 900 dinars et offrirait en prime un mobile flambant neuf en échange de l’antique appareil. Il est pourtant clair que nos deux opérateurs public et privé n’y sont absolument pour rien dans cette affaire.

Le nombre de tunisiens agglutinés devant les vitrines des boutiques dédiées à la téléphonie mobile atteste d’un engouement qui ne faiblit pas. Symbole de statut social, de «modernité», voici que l’on arrive à attribuer à l’appareil des vertus magiques. On connaissait les charlatans qui «garantissent» la guérison de maladies réputées incurables à l’aide d’aspersions d’eau «bénite». Notre presse imprimée regorge du reste de ce type d’insertions presse à la limite de la publicité mensongère en toute impunité. Ne manquerait plus que l’on vante les propriétés curatives et lucratives de la télécommunication. Mais après tout, il paraît qu’en Tunisie on peut faire fortune (spécialement pendant le mois de Ramadan, baraka télévisée oblige) en jouant au sandouk. Alors que l’on puisse ramasser la grosse galette grâce à un portable ne devrait pas choquer outre-mesure. On le saura désormais : en 2010, la lampe d’Aladin s’est transformée en GSM finlandais.

Lotfi Ben Cheikh

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