Upper Underground, les Zulu’s de la Tunisie

«Canaliser l’énergie des jeunes de son quartier dans des activités artistiques pour éviter les gangs» est l’objectif d’Afrika Bambaataa, fondateur de la Zulu Nation. Upper Underground, crew tunisien de break dance, y adhère. C’est le premier représentant de la Zulu Nation en Afrique.

Vous les avez déjà sûrement vus au détour d’une pub à la télé, ou dans certaines scènes du cinéma tunisien. En Tunisie, une marque de biscuit s’est même servie de leur dynamisme pour en faire son beurre. Les breakers tunisiens ont également insufflé leur énergie au film «Making of» de Nouri Bouzid. Mais au-delà de ces apparitions passagères, un important mouvement de B-Boying existe en Tunisie. Discipline artistique à part entière de la culture hip hop, le break est un style de danse développé à New York pendant les années 70, caractérisé par son aspect acrobatique et ses figures au sol.

Upper Underground est l’une des figures phares du break dance en Tunisie. Et les 18 membres de ce crew* [groupe ou compagnie dans le jargon de la culture hip hop, NDLR] ne se contentent pas de figurer dans des spots de pub ou dans le cinéma.

«El Barreka», de la rue au théâtre

«Au-delà de la rue et des battles, on vise la scène. La majorité des membres d’Upper Underground sont des professionnels. Certains sont même issus d’écoles supérieures de danse» déclare Maguy, fondateur de ce crew. «El Barreka», spectacle d’Upper Underground, était sur la scène du Théâtre de Mad’Art Carthage, jeudi 04 mars 2010, dans le cadre des premières journées de la danse contemporaine, «Danser à Tunis». «Ce n’est qu’un extrait. Ce spectacle est limité à 12 minutes alors que celui en cours de préparation est d’une durée de 32 minutes. Il n’y a que trois danseurs dans cette déclinaison alors que le projet comprend six b-boys dans sa version finale» nous confie Majdi Smiri alias Maguy, metteur en scène et auteur d’«El Barreka».

Le jeune chorégraphe nous raconte les débuts de son crew, fondé en 2004 : «Il y en avait plusieurs à l’époque. Ils venaient de plusieurs cités de la Capitale : El Mourouj, Djbel Jloud, Radès, Bardo et autres. J’ai voulu qu’Upper Underground soit une sorte de sélection» raconte-t-il. «Beaucoup de breakeurs et de crews sont présents dans les meetings et les battles qu‘on organisait. Il y avait une certaine concurrence. J’ai eu l’idée d’en tirer la crème de la crème des B-Boys pour former Upper Underground. L’objectif est de finir par avoir un crew de haut niveau pour présenter la plus belle image qui soit du B-Boying en Tunisie» poursuit Maguy.
De la rue au théâtre, Upper Underground est justement parvenu à imposer son art dans un contexte pas très ouvert sur la culture urbaine. Indépendamment des prix remportés dans les manifestations nationales, ce crew a représenté la Tunisie dans plusieurs manifestations dédiées à cet art. Et ces jeunes B-Boys tunisiens cartonnent. On citera ainsi leur participation, en Suisse, en France au «Hip Hop Nation» à Nantes et au «Lord Of The Street» à Dubai où Jawhar alias B-boy Zilla a remporté le premier prix de la compétition One-One.

Zulu Nation, la tribu parmi nous !

Mais la véritable consécration d’Upper Underground reste leur affiliation à la Zulu Nation, prestigieuse organisation internationale dédiée à la culture hip hop. Créée en 1973 par l’incontournable Afrika Bambaataa au ghetto du Bronx à New York, la Zulu Nation est représentée dans beaucoup de pays du monde tels que la France, l’Allemagne et la Belgique. Mais jusque là, ce mouvement afro-américain n’avait paradoxalement pas de chapitre africain. «Notre affiliation à Zulu Nation est venue d’une initiative de Seif Eddine Manai alias Zulu Roc, directeur artistique d’Upper Underground. Il a un parcours de 20 ans dans la danse. Le fait qu’il est résident à Lyon le place comme un porte-parole de notre crew et du b-boying tunisien en général» raconte Maguy.

Et il poursuit : «D’ailleurs, notre représentation de l’Afrique dans la Zulu Nation est venue suite à une rencontre entre lui et un membre important de la Zulu Nation USA en France. Seif lui a exprimé son étonnement du fait qu’il n’y ait pas une filière de Zulu Nation en Afrique. Et la chance a fait que c’est la Tunisie qui en prend la charge à travers notre crew».

La Zulu Nation vise à préserver la culture Hip Hop ainsi que toutes les formes d’art. Il s’agit d’utiliser la musique comme un lien d’échange culturel et de compréhension. A travers ses moyens et ses actions, cette organisation cherche à étendre son message d’amour, de paix et d’unité parmi toutes les communautés. Gageons qu’Upper Underground puisse lui offrir le rayonnement nécessaire pour que les jeunes tunisiens en tire le meilleur profit.

Thameur Mekki

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