Tunisie : Faut-il bloquer le trafic internet ?

L’INTT plaide pour un Internet régulé avec «blocage et censure du trafic pour des motifs justifiés». Orange milite plutôt pour un Web 2.0 ouvert et participatif. Et pour Tunisiana, «Il faut que tous les opérateurs télécoms puissent accéder à toutes les innovations technologiques».

Le Réseau Francophone de la Régulation des Télécommunication (FRATEL) a débattu la semaine dernière à Tunis de l’épineuse question de la neutralité des réseaux. Faut-il ou pas que les régulateurs télécoms fassent aussi le contrôle des fournisseurs de contenus et services Internet (FSI) en plus de celui des fournisseurs d’accès Internet (FAI) et des opérateurs télécoms ?

M. Marc Lebourges, Directeur du département Europe et Economie du groupe Orange a défendu la position de sa société sur le respect des libertés des internautes : «Une gestion non discriminatoire du trafic Internet et un Internet public pleinement ouvert, sont les politiques suivi par le groupe Orange France Telecom».

Pour M. Olivier Duroyon de la société Alcatel-Lucent, les dimensions sous-jacentes à la neutralité du Net sont d’ordre technique, économique mais aussi ‘’politique’’ : «La dimension ‘’politique’’ ou sociétale qui se résume au droit fondamental de chaque internaute à avoir accès aux contenus “licites” de l’Internet. Une dimension technique qui reflète la problématique de l’allocation optimale des ressources réseaux (partagées dans le cas des réseaux mobiles et câble), et de leur gestion dans le temps. Une dimension économique qui consiste en la mise en place d’un modèle économique pérenne de la chaîne de la valeur de l’Internet».

De son côté, l’INTT a conclu sa présentation en défendant un Net pas totalement neutre et qui doit être régulé : «Régulation mais sans contraintes, gestion du trafic et de la QoS (Qualité des services) sans affecter certains services, possibilité de blocage et de censure de trafic pour des motifs justifiés et la possibilité de différenciation des tarifs des services».

Cette position pondérée de l’INTT n’était pas partagée par quelques orateurs. Notamment M. Jens Kaessner avocat et membre de l’office fédéral de la communication (OFCOM) suisse et M. Marc Lebourges du groupe Orange. Ces derniers ont plutôt plaidé pour un web ouvert qui «ne restreint pas les libertés d’expression». Un Internet qui n’enfreint pas l’ouverture du web participatif, appelé plus communément Web 2.0.

La Net Neutrality et l’économie nationale

Un représentant de l’opérateur de téléphonie mobile Tunisiana a pour sa part insisté sur le fait qu’une neutralité du Net passe aussi par un traitement égalitaire des opérateurs. «Il faut que tous les opérateurs télécoms puissent accéder à toutes les innovations technologiques», déclare-t-il dans son allocution. Un petit clin d’œil sans doute au fait que Tunisiana n’a pas le droit à la licence 3G et à la téléphonie fixe. «L’économie numérique représente 7% du PIB mondial et atteindra les 20% dans les prochaines années. On peut clairement dire que l’économie numérique et la neutralité des réseaux sont fondamentaux pour structurer notre économie nationale».

Welid Naffati

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