Tunisie-Adel Abid: «Non à Coca Cola… Oui à Tunisiana»

Plus de 70 films seront projetés chaque soir en plein air du 10 au 17 juillet à l’occasion du Festival International du Film Amateur de Kélibia. Agé de 50 ans, ce festival a du mal à évoluer à cause du manque de financement. Pourtant, il tient absolument à son intégrité et son indépendance.

«C’est une édition exceptionnelle parce qu’il s’agit de la première session où le Festival International du Film Amateur de Kélibia (FIFAK) passe d’une manifestation biennale à une manifestation annuelle mais aussi parce que c’est sa 25ème édition. Le festival a désormais 50 ans d’existence. Ceci nous invite à faire un flash back sur l’histoire du festival mais aussi la réalité du FIFAK et ses perspectives» déclare Adel Abid, Président de la Fédération Tunisienne des Cinéastes Amateurs (FTCA) et Directeur du FIFAK.

Du 10 au 17 juillet, se tiendra le Festival International du Film Amateur de Kélibia (FIFAK). Il s’agit du «berceau de la majorité des cinéastes et techniciens tunisiens». Des figures incontournables de notre septième art y ont fait leurs premiers pas. C’est le cas de Ridha Béhi et Férid Boughedir, par exemple.

L’Egyptien Youssef Chahine, le Français Alain Bergala, l’Ethiopien Haile Gerima et d’autres grandes figures du cinéma international sont parmi les invités reçus par l’événement phare du cinéma amateur en Afrique et au Monde Arabe au long de son demi siècle d’existence.

Cercle vicieux du financement

De 22h à 02h, le festival propose chaque soir des projections de films en plein air à l’espace Sidi El Bahri à Kélibia. L’entrée est gratuite. «Le FIFAK est le seul festival qui réunit chaque année, pendant huit jours, plus de 1300 spectateurs autour d’une projection de cinéma» affirme Adel Abid, directeur du festival.

Le bémol: L’évolution du festival dépend des difficultés de financement auxquels il fait face. Selon le comité organisateur, la 25ème édition du FIFAK est dotée d’un budget de 20 000 dinars. Le Ministère de la Culture a alimenté le budget avec 5000 dinars et a augmenté la prime de la FTCA de 2000 dinars. Et ce, à l’occasion de la proclamation de 2010, «année du cinéma».

«Et les sponsors dans tous ça»? Cette question a été posée par certains journalistes pendant la conférence de presse du FIFAK tenue lundi 05 juillet à El Teatro.

Adel Abid réagit: «On ne sait plus quoi faire avec les sponsors». Et il poursuit: «Quand on leur présente un dossier en novembre ou en septembre, ils nous disent qu’il faut voir ça après la détermination du nouveau budget de l’année rentrante. Et quand on va les voir en janvier ou en février, ils nous disent que le dispatching du budget destiné aux opérations publicitaires, sponsoring compris, est bouclé».

Indépendance sans concession

Le directeur du FIFAK a aussi martelé que le festival tient à son indépendance et son intégrité et qu’il ne veut pas s’associer à des marques qui «n’ont pas de rapport avec l’action culturel» ce qui risque de nuire à l’image de ce festival de cinéma amateur. «Ca fait des années que Coca Cola nous court après (…) mais ils sont trop grand pour nous» dixit Adel Abid avec ironie. Et il rétorque: «On cherche à être sponsorisé par des entreprises qui ont un rapport affiché avec l’action culturelle à l’instar de Tunisiana ou encore des sociétés nationales comme Tunisie Telecom. Il nous est arrivé de négocier avec Tunisiana, par exemple, sans que ça finisse par aboutir. La modalité de la sélection des films a été en jeu et on ne fait pas de concession là dessus».

Programme riche pour festival pauvre

43 films sont en compétition internationale pour cette édition du FIFAK. Des films des quatre continents participent à ce festival. Au programme : des films de Russie, France, Espagne, Egypte, Iran, Argentine, Pologne, Corée, Grande Bretagne, Liban et autres. L’acteur tunisien Fethi Haddaoui, le réalisateur ivoirien Pierre Laba, le cinéaste irakien Kassem Hawal, le réalisateur et universitaire argentin Pablo Cesar, la documentariste franco-yougoslave Vanessa Stojilkovic siègent au jury de la compétition internationale.

Plus de 16 films participent à la compétition nationale. Des cinéastes amateurs indépendants, issus des maisons de jeunes ou des divers clubs de la FTCA participent à cette édition. Au jury : les cinéastes tunisiens Mohamed Damak, Mustafa Taieb et le poète Mourad Amdouni. Les écoles tunisiennes de cinéma et d’audiovisuel sont également de la partie. En effet, 13 films sont en sélection de la compétition des films d’écoles. L’ISAMM, l’EAD, l’EDAC, l’ISBAN, l’AAC et l’ISBAT y participent tous. Les films des étudiants issus de ces écoles seront évalués par le chef-monteur tunisien Ali Ben Arbi, l’universitaire Amine Saafi et l’artiste photographe Mouna Karray.

En attendant que la FTCA trouve les sponsors du calibre qui lui faut, des centaines de jeunes et moins jeunes prendront leurs sacs à dos à destination de la pointe du Cap-Bon tunisien. Leur amour pour le cinéma a fait vivre le FIFAK pendant un demi-siècle.

Thameur Mekki

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