Tunisie : Capter les chaînes cryptées sans Dreambox ni ADSL

A cause de l’entrée de Canal+ en Tunisie, des vendeurs de sharing s’attendent à un prochain bannissement des Dreambox en Tunisie. Mais voilà qu’une technologie de substitution commence à fleurir où on peut recevoir gratuitement Aljazeera Sport et… plusieurs chaines porno.

«On va interdire la Dreambox». La rumeur se répand au souk Moncef Bey à Tunis. C’est ce qu’on entend depuis quelques semaines dans toutes les bouches dans ce marché des gadgets hitech contrefaits (ou pas). Les vendeurs des récepteurs Dreambox commencent à anticiper ce probable bannissement de la boite magique en mettant en avant une autre solution technique pour décrypter les bouquets satellitaire : la Morebox.

L’histoire a commencé au beau milieu de l’été avec l’annonce officielle de l’arrivée du bouquet Canal + en Tunisie. Représenté par l’homme d’affaire Slim Chiboub, le bouquet français compte commercialiser ses cartes d’accès à 170 dinars/an à partir de ce mois d’octobre. C’est alors que les bruits commencent à courir sur une (éventuelle) collaboration (discrète) entre les fournisseurs d’accès Internet et la société tunisienne qui va vendre ces abonnements pour le compte de Canal +. «On essaye de faire pression sur les FAI pour qu’ils bloquent les adresses IP qui fournissent le sharing», nous a confié un des revendeurs de Dreambox au souk Moncef bey. «Les Dreambox vont probablement être interdites de vente d’ici la fin de l’année».

Après la Dreambox, voici la Morebox

Adieu la Dreambox ? Bonjour la Morebox. Ce petit boitier qui se vend aux alentours de 45 dinars est considéré comme le successeur du récepteur ‘’magique’’. «La Morebox n’est pas si nouvelle que ça. Cette technologie existe depuis à peu près 5 ans et a fait son entrée en Tunisie depuis 2 années déjà», nous explique Akram, un installateur d’antennes paraboliques. «C’est depuis presque un mois que les Tunisiens commencent à s’intéresser à cette technologie. Surtout depuis l’entrée sur le marché des récepteurs Samsat 560.

Ces récepteurs intègrent déjà le module MoreBox. Ceci a eu le mérite de faciliter le branchement et l’installation de la Morebox chez le grand public. Et pour cause : pour faire fonctionner la Morebox, il faut s’équiper d’une deuxième antenne parabolique qui lui sera dédiée». Quelques vendeurs des Samsat 560 l’appelle ‘’l’antenne de l’Internet’’.

Le Sharing via satellite

Contrairement à ce que prétendent ces vendeurs, cette antenne ne permet pas d’établir une connexion Internet haut débit via satellite. En réalité, cette deuxième antenne a pour unique fonction de réceptionner les codes de décryptage émis via satellite. C’est donc exactement le même principe que le sharing et la Dreambox. Sauf qu’il n’y a plus besoin d’une connexion Internet haut débit habituelle pour réceptionner les codes de décryptage des serveurs de sharing distants.

Pour ce faire, la parabole et sa tête LBN doivent pointer dans la direction de l’un des trois satellites suivants : AtlanticBird 1 à 12,5° West, Eutelsat W3 à 7°Est ou bien EutelSat W6 à 21,6° Est. Le fil d’antenne émanant de ce LNB entre par derrière le récepteur dans l’entrée B (IF IN2) qui est reliée au module Morebox intégré dans le récepteur. La première (IF IN1) étant réservée au câble de la première antenne parabolique classique.

Plus besoin d’abonnement sharing

Donc contrairement au sharing classique, il n’y a plus besoin de souscrire à un abonnement Internet et à un abonnement sharing. L’achat de la Morebox ainsi qu’une deuxième antenne parabolique suffisent pour voir ses chaines cryptées préférées. Le Tunisien pourra donc regarder les bouquets arabophones/anglophones d’ART, Aljazeera Sport, Orbit/Showtime, ainsi que le bouquet français Canal+/Canal Sat, AbSat et… une multitude de chaînes pornographiques.

Plus libre, mais moins de contrôle

Le grand avantage de la Moresat est que cette technologie fait l’impasse sur les caprices de la connexion Internet. Elle contourne également les arnaques de quelques fournisseurs d’abonnement sharing tunisiens qui surchargent leurs serveurs en nombre d’abonnés au point de le faire ramer. Mais la Moresat présente un grand inconvénient : aucun contrôle sur le contenu fourni.

En effet, les fournisseurs d’abonnement sharing peuvent moduler les accès de chaque abonné aux cartes qui sont mises dans le serveur sharing. Un père de famille pourra ainsi demander une customisation des chaines qu’il peut voir lui et ses enfants sur sa Dreambox. Une commodité que la Morebox n’offre pas vu que les codes sont envoyés par satellite et que n’importe qui pourra les réceptionner.

Matériel plus cher mais investissement peu coûteux

Dans ce cas, qui finance alors ceux qui envoient les codes de décryptage par satellite ? «C’est la société qui construit les récepteurs Samsat qui ont eux-mêmes inventé la Morebox», répond Akram. «Le récepteur Samsat 560 coûte 120 dinars. Soit environs 30 dinars de plus que la Dreambox. Soit un budget total de 150 dinars entre le récepteur et la deuxième antenne parabolique».

Rappelons que la Dreambox se vend en moyenne à 90 dinars et l’abonnement Sharing se situe aux alentours de 120 dinars/an. Soit un budget moyen de 210 dinars.

Welid Naffati

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