Tunisie : Polémique sur les haut-parleurs des minarets

Un ministre a précisé «qu’on ne saurait admettre le non respect de la limite en décibels autorisées. C’est qu’à ce niveau la loi est claire (au décibel près), précise même une éminente membre de la Chambre des Conseillers. Il n’en fallait pas plus pour déclencher un débat des plus houleux sur le web.

Les appels à la prière de nos mosquées lancés du haut des minarets dotés de haut-parleurs surpuissants sont considérés comme une «nuisance» par un membre de la chambre tunisienne des Conseillers. Le responsable estime en effet que certaines mosquées ne respectent pas la loi en vigueur en termes d’émission de décibels. Seulement cet appel au respect de la loi, n’a pas été au goût de tout le monde…

«On assiste actuellement à un accroissement du nombre de mosquées et ce, dans pratiquement toutes les villes tunisiennes. Une diminution progressive de leurs distances respectives a fait
que les appels à la prière lancés simultanément constituent du fait de leur volume élevé et disproportionné –dont le nombre de décibels dépasse la limite autorisée, un désagrément, non seulement envers les habitants des alentours, mais également pour les différents établissements scolaires» dixit une éminente membre de la Chambre des Conseillers de la République Tunisienne, au cours d’une récente réunion. Et ces propos ont été retransmis par la chaine télévisée nationale Tunis 7 mardi dernier.

De son côté, M. Boubabker El Akhzouri, ministre des affaires religieuses, a précisé «qu’on ne saurait admettre le non respect de la limite en décibels autorisées». Pour preuve, M. El Akhzouri a mis l’accent sur deux communiqués envoyés à deux reprises par le ministère (le premier en 2005 et le second durant le mois de Ramadhan 2010), aux délégations régionales suite à des infractions commises, vis-à-vis de la loi en vigueur.

Pourtant, cette dernière stipule clairement que le volume des hauts parleurs ne devrait en aucun cas dépasser les 70 décibels. «Il a été formellement établi que cette nuisance sonore constitue une gêne pour la santé des citoyens, tant au niveau physique que psychologique» conclut le ministre avec fermeté.

Il n’en fallait pas davantage pour créer une polémique qui s’est aussitôt manifestée sur le web tunisien. Et c’est naturellement à travers le réseau social Facebook que nos internautes se sont ainsi exprimés en masse. Ainsi, le groupe Non, pour baisser le volume de l’appel à la prière en Tunisie, a réussi «le miracle» de réunir en à peine 3 jours, plus de 30 000 fans. La plupart ne se sont pas gênés pour émettre de vives protestations, sous forme de centaines de commentaires, en réaction face à ce qu’ils ont cru percevoir «comme un affront à notre sublime religion» : «Il faut s’en remettre à la parole de Dieu et non à des lois», «comment osent-ils s’en prendre à nos mosquées? » ou encore «On n’interdit pas aux boites de nuit d’émettre à des volumes surpuissant. Par contre, on critique les mosquées !»…

Pis : il y en a même qui remettent en cause dans les termes les plus durs et les plus crus les positions de ces responsables. D’autres en arrivent à comparer tout bonnement cette situation à l’affaire des minarets suisses !

D’un autre côté, certains internautes ont pleinement approuvé les propos de la conseillère et du ministre. Car d’après eux, il ne faut pas confondre la loi avec les préceptes religieux, au risque d’entrer dans des débats théologiques interminables.

Une chose est sûre : à notre connaissance, les théologiens de l’âge d’or islamique n’ont pas inclus la question des haut-parleurs surpuissants dans leur casuistique.

Samy Ben Naceur

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