Tunisie : Contre les dictatures, l’arme Web 2.0

La police politique et ses relais dans la presse tunisienne ont cru qu’ils pouvaient indéfiniment nous terroriser. Certains tentent aujourd’hui de se racheter une virginité en multipliant les déclarations à la télé. Les internautes de Tunisie font souffler sur un monde arabe momifié, un petit vent de liberté.

En cette année internationale de la jeunesse, ce sont les jeunes Tunisiens qui ont eu le dernier mot. Ils ont réussi à pousser Ammar 404 et son patron Ben Ali vers la porte de sortie. L’homme qui a verrouillé le Net et la presse de Tunisie est devenu lui-même une erreur 404.

La révolution Facebook, la technologie, et particulièrement la téléphonie mobile ont largement contribué à la Révolution Tunisienne. Internet, les réseaux sociaux, les caméras désormais incorporées aux téléphones portables ont été autant d’armes pacifiques entre les mains de la résistance héroïque de notre jeunesse. Ce sont les images «amateurs», les vidéos réalisées par nos concitoyens, qui ont permis aux téléspectateurs du monde entier de suivre les événements de Tunisie. Le réseau social Facebook, est devenu une plaque tournante, la seule plateforme d’échange vidéo disponible. Il  a permis de contourner les obstacles, de faire la lumière dans le blackout. Twitter permettait à des centaines de milliers de militants tunisiens de la liberté de suivre l’actualité en temps réel. Commentaires, informations, alertes, ont ainsi distillées par les tn-tweeple, et dans ces circonstances historiques, le rôle des réseaux sociaux en général, et de twitter et de facebook en particulier, n’a jamais été aussi important.

La police politique et ses relais dans la presse tunisienne ont cru qu’ils pouvaient indéfiniment nous terroriser. En bâillonnant les quelques plumes libres qui tentaient malgré tout de faire leur travail malgré les limites imposées. Ceux qui titillaient les lignes rouges, courraient le risque d’être licenciés, marginalisés, mis au placard. Les plus téméraires se sont même faits physiquement agressés, emprisonnés. Les plus intègres, les pères de famille qui évitaient les problèmes devaient  raser les murs. Car Dieu sait que les flics déguisés en homme de presse sont nombreux dans le paysage médiatique tunisien. C’est ainsi que l’on retrouvait bombardés au grade de rédacteur en chef, des individus incapables de pondre 4 lignes. Les plumitifs supplétifs du régime n’étaient pas engagés pour leurs qualités journalistiques. Seule leur collaboration comptait. Et les collabos avaient la main haute sur tout ce qui s’écrivait. Une réalité banale, courante, dans le Milieu politico-journalistique de la Tunisie de Ben Ali. La donne a aujourd’hui changé.

Certains tentent aujourd’hui de se racheter une virginité en multipliant les déclarations à la télé. Les voici à réclamer que l’on fasse table rase du passé. Une outrecuidance, un aplomb qui leur est familier, les vestes étant faites pour être indéfiniment retournées. C’est ainsi que des journaux électroniques tunisiens ont déjà commencé à prendre de nouvelles dispositions. Des articles dithyrambiques sur des  hommes d’affaires notoirement corrompus sont mis hors ligne et effacés de la base de données. Après tout, ils ne sont plus là pour prodiguer leur soutien, et leur publicité. Mais la technologie étant ce qu’elle est, des traces subsistent sur Google.

Aujourd’hui, Ammar 404 n’est plus qu’un mauvais souvenir. Un cauchemar qui s’est dissipé. Encore faut-il que nos nouvelles libertés, acquises au prix du sang, soient dument protégées. Aujourd’hui, la Tunisie est libérée. La jeunesse tunisienne a infligé une leçon historique aux Arabes, et aux peuples du monde entier. Les 3000 ans d’histoire et de civilisation de la Tunisie ont donné leur pleine mesure, en ces manifestations pacifiques mais déterminées. La Tunisie s’est réveillée, s’est insurgée et a renversé la tyrannie, sans aucun soutien extérieur. N’en déplaise à ceux qui évoquaient le dramatique cas irakien. Les blogueurs, facebookeurs, et tous les internautes anonymes de Tunisie ont fait souffler sur un monde arabe momifié, un petit vent de liberté.

Oualid Chine

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