Règlement de comptes chez Tunisie Telecom

Des grévistes chez Tunisie Telecom ont demandé à la direction de s’expliquer sur plusieurs affaires où l’entreprise y est soupçonnée de fraude. Un cadre de l’entreprise dénonce le copinage et le favoritisme dans la politique de recrutement ainsi que l’octroi frauduleux des marchés.

Un groupe de salariés de Tunisie Telecom étaient en grève le jeudi 20 janvier 2011 au centre ville de Tunis à Montplaisir. Ils dénoncent ce qu’ils appellent «les abus de l’entreprise Tunisie Telecom». Un représentant de ces salariés, M. Haythem Oueslati, chef de service chez l’opérateur historique a ainsi déclaré le 20 janvier 2010 sur Mosaïque FM que les grévistes demandent des comptes à rendre sur des sujets où il y aurait eu des fraudes.

M. Haythem Oueslati a ainsi parlé, à la volée, de comment et où a été investi l’argent qu’a généré la vente des 35% du capital de Tunisie Telecom à l’Etat. Rappelons que cette part a été rachetée par un consortium de sociétés Emiraties en 2006. «Où est passé cet argent ? On demande de voir où sont passés les 3000 milliards (de Millimes)», a-t-il dit au micro de Mosaique FM. Il a évoqué par la suite la politique RH de Tunisie Telecom qui privilégierait, selon lui, «le copinage et le favoritisme». D’après lui, «les postes de responsabilité seraient octroyés selon les affinités et non les compétences».

M. Haythem Oueslati a par la suite parlé du problème des marchés. «Beaucoup de marchés sont donnés systématiquement à des entreprises créées spécialement pour tel ou tel marché. Ils les gagnent sans même avoir remporté l’appel d’offre».

M. Samir El Nasrawi, cadre gréviste chez Tunisie Telecom, a, quant à lui appuyé les demandes de son collègue et a également évoqué le non respect de la grille salariale. Toujours selon ses propos, beaucoup des dirigeants de l’opérateur historique toucheraient parfois des salaires astronomiques (+/- 30 milles dinars). «Un salaire qui n’est pas forcément justifié par ses compétences et encore moins par sa charge de travail», déclare-t-il au micro de Mosaique FM. Il déplore ainsi la disparité des salaires entre parfois les membres d’une même direction.

Les salariés de l’entreprise se sont par la suite regroupés devant le siège central de Tunisie Telecom. Ils ont en effet demandé la démission de son PDG Montasser Ouali. De sources internes à l’entreprise, il nous a été rapporté que les hauts cadres de Tunisie Telecom auraient fait une sauvegarde des données sensibles sur des clés USB.

Des soupçons planent en effet sur des actions de la part de la direction (poussé probablement par l’ancien régime) à vouloir dévaloriser l’entreprise via plusieurs actions (comme les dépenses inutiles dans des technologies dernier cri restées inutilisées jusqu’à présent) et ce, dans le but de faciliter son rachat par l’un des membres de la famille Trabelsi.

Rappelons que la fille du président déchu, Ghazoua Ben Ali, s’est indirectement immiscée dans les affaires de Tunisie Telecom via l’agence de communication Havas. Son mari a pu en effet ramener la filiale de cette prestigieuse agence de communication française en Tunisie et a réussi à lui arracher un grand client. L’opérateur historique en l’occurrence.

«Nous avons préparé un grand plan de communication pour Tunisie Telecom. Mais des ordres du palais ont empêché son application. Le palais nous a carrément imposé Havas Tunisie, en tant que prestataire de la communication. Ce que les gens ne savent pas, c’est qu’on a perdu énormément d’argent à cause de ça», confie un des salariés de Tunisie Telecom.

Welid Naffati

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