Tunisie : Le web brûle la presse de papier

 

On ne compte plus les journalistes tunisiens expérimentés qui ont fini par prendre le train du web en marche. C’est que la presse papier commence irrévocablement à battre de l’aile ! Un récent sondage d’opinion, effectué en Tunisie tend même à confirmer ce revirement de situation.

pressecriteIl paraît que le journal Essahafa passera du papier au web. Au grand dam des journalistes de la maison. L’Observateur, l’hebdomadaire de Boubaker Sghaier, lui, a tout simplement mis la clé sous la porte. Laissant ses employés sur le pavé. La vénérable Dar Anwar, maison mère de titres comme «Echourouk» et «Le Quotidien» commence à connaître un vent de protestation, dans le sillage de la Révolution. Pendant ce temps, les journaux électroniques tunisiens battent des records d’audience, et n’ont pas connu de telles mésaventures. Sans même parler de l’engouement des Tunisiens pour les réseaux sociaux, où ils trouvent à la fois une source d’information (pas toujours très fiable), et un moyen de se divertir. Et voici que des statistiques viennent confirmer ce que l’on subodorait déjà.

A travers un récent sondage d’opinion, l’institut de sondage et de traitement de l’information statistique (ISTIS) a tenté d’apporter quelques réponses concrètes aux interrogations des tunisiens par rapport à la situation actuelle de la Tunisie. Outre des thèmes, en  rapport  avec la politique, la sécurité et l’avenir du pays, cette enquête à réussi à démontrer l’impact qu’a eu la révolution du 14 janvier sur les médias, plus particulièrement celui de la presse écrite.

Sur un échantillon représentatif de 1828 personnes sélectionnées selon l’âge, la région, le genre et le milieu, il s’est avéré que les supports médiatiques les plus utilisés par les tunisiens étaient (par ordre décroissant): Les chaines de TV tunisiennes (74.2%), les chaines de TV étrangères (67.4%) les chaines de radio (45.5%), Internet (Facebook, Twitter…) (36.9%) et enfin les journaux électroniques et sites d’actualité (25.9%).

Mais le plus étonnant, c’est que la révolution semble avoir réussit l’exploit de susciter l’intérêt du tunisien pour l’information….principalement en ligne !

En effet,  près de 91.4% des interrogés ont avoué s’intéresser aux informations contre 42.5% avant le 14 janvier 2011. Mieux : en terme de fréquence d’utilisation,  il s’est avéré qu’internet et les portails d’informations électroniques étaient les supports médiatiques plus utilisés avec  25.8%  pour le Net,  16.6% pour les portails d’informations en ligne et 11.9 % pour les journaux et magazines tunisiens. Quant à la frange de la population qui utilise ce support numérique, ce sont les jeunes dont la tranche d’âge se situe entre 18 et 29 ans (58%).

Malgré un léger rebondissement (30.8% de lecteurs contre 24.8% avant le 14 janvier) la presse écrite ne semble guère au mieux de sa forme. La preuve : pas plus tard que le lundi 25 avril, le journal en ligne Kapitalis, annonçait déjà une nouvelle assez peu encourageante ; celle de la fermeture du quotidien Essahafa, qui cessera de paraitre à partir du 29 mai.
En d’autres termes, on remarque que la part belle est attribuée à la presse en ligne qui tend à grignoter de plus en plus du terrain à son homologue, la presse papier qui au passage, accuse ces derniers temps une certaine fébrilité.

« Le modèle du futur est en gestation : je ne pense pas qu’il fasse disparaître la presse papier, mais il impose aux entreprises de presse de très grands développements dans l’Internet. » résume lors d’une interview Jean Marie Colombani, ancien directeur du quotidien «Le Monde», reconverti au web depuis 2009 en créant le portail d’information Slate.fr. Tout est dit !  Et dieu sait que ces exemples ont été suivis en Tunisie, où on ne compte plus les journalistes expérimentés qui ont fini par prendre le train du web en marche. C’est à se demander si le Net ne va pas finir par tuer les quelques titres cacochymes de notre presse de papier.

Samy Ben Naceur

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