Tunisie : Qui veut pirater le Parti Pirate ?

 

Slaheddine Kchouk fulmine : «Notre jeunesse ne fait pas la manche et n’a pas que le cannabis et les sites pornos en tête». Slim Amamou, l’enfant prodigue de la cybercommunauté n’a pas été ménagé par les siens. Mais que se passe-t-il chez nos pirates, à peine quelques jours après la fondation de leur parti ?

logopirateL’affaire du Parti Pirate Tunisien a défrayé la chronique et fait encore couler beaucoup d’encre. C’est un journal électronique qui a ouvert le bal de l’imbroglio en annonçant, le 12 mai, l’affiliation du secrétaire d’Etat à la jeunesse Slim Amamou aux membres fondateurs du PPT. L’info a été répercutée sur les chapeaux de roues dans le fil d’actualité Twitter et sur quelques pages Facebook. Sans doute parce que Slim Amamou devait démissionner du gouvernement transitoire avant de rallier les rangs des flibustiers. La neutralité politique étant une condition sine qua non dans le maintien de son portefeuille au Ministère.

Le 15 mai, la tension (déjà fébrile) monte d’un cran suite aux déclarations incendiaires de Slaheddine Kchouk, président du parti pirate lors d’une interview publiée par Tunivisions. Le fondateur du PPT y a jeté de l’huile sur le feu en affirmant que Slim Amamou fait cavalier seul et joue en solo depuis qu’il a rejoint le gouvernement. Il estime de ce fait l’implication de ce dernier dans le parti pirate comme nulle est non avenue. Slaheddine Kchouk souligne au passage que «depuis leur incarcération dans les geôles du Ministère de l’intérieur et la confiscation de leurs équipements durant les manifestations de janvier, Slim s’est complètement désolidarisé des membres du parti». Dans l’interview en question Slaheddine Kchouk fulmine : «Notre jeunesse ne fait pas la manche et n’a pas que le cannabis et les sites pornos en tête».

 

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A ces allégations, Slim Amamou a répliqué au cours d’un entretien téléphonique conduit par le journaliste Mohamed Ali Souissi du portail Malissonline. Il a en effet infirmé les propos du président du parti pirate concernant l’éventuel lien qu’il entretiendrait avec lui. Slim déclare également ne pas avoir de velléités de fonder un parti. Même si le projet était dans les limbes sous l’ère de Ben Ali, et a été avorté alors à cause de l’inéligibilité de son compère naturalisé Chemseddine Ben Jemaa. «A l’époque, le parti était composé de moi-même, Yassine Ayari, Chemseddine Ben Jemâa et des membres du groupe Takriz. En ce moment, ce n’est qu’un vœu pieu et je ne compte pas m’engager dans une carrière en politique» soupire Slim Amamou.

Le site Tunisie Haut Débit, a contacté de sa part le secrétaire d’Etat et a publié dans un papier datant du 16 mai un démenti qui corrobore les indiscrétions de Slim Amamou rapportées par Malissonline. Pourtant, la page Wikipedia qui lui est consacrée indique qu’il a été exclu du parti pirate depuis le 29 mars. Les membres du parti se sont fendus d’un Tweet pour s’expliquer quant aux raisons de son limogeage l’attribuant au fait qu’il a dérogé aux objectifs de la Révolution en hochant la tête à la proposition du gouvernement Ghannouchi. Or, dans une vidéo mise en ligne le 10 mai sur Facebook, Slim Amamou a évoqué les préparatifs de la création du parti pirate. «Des amis sont en train de démarcher avec les instances de tutelle. Quelques lois caduques ont fait que le parti soit interdit lors du premier dépôt. On va cette fois essayer de remplir toutes les formalités préalables à sa mise sur pied» rassure Slim.Cherchez l’erreur!

Décidemment, on se perd en conjectures et on ne sait plus à qui tendre l’oreille pour tirer au clair les dessous de cette foire d’empoigne. Le tapage médiatique autour de l’affaire a répandu davantage l’intox. Mais au moins une chose est sûre : Slim Amamou, l’enfant prodigue de la cybercommunauté n’a pas été ménagé par les siens. Il a même dû essuyer une virulente série de levées de boucliers des Facebookeurs et autres Tn-Tweeples. Du coup, une question se pose avec d’autant plus d’acuité : Sa nomination annoncée en janvier sous d’heureux auspices au fauteuil du secrétaire d’Etat est-elle en train de tourner, quatre mois plus tard, au vinaigre?

Mohamed Jebri

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