Tunisie : Slim Amamou, confessions sur une démission

 

Le départ de Slim Amamou du gouvernement de transition a préoccupé l’opinion publique tunisienne tout au long de la semaine. De quoi alimenter les doutes de certains sur un éventuel «gouvernement de l’ombre». Slim révèle les vraies raisons de sa démission sur Tekiano. Rencontre


Slim-amamou-280511Sur «Facebook» et «Twitter», certains affirment que Slim Amamou a parlé d’un «gouvernement de l’ombre» suite à sa démission. Ils en ont même fait la raison principale de son abandon de sa fonction de secrétaire d’Etat à la jeunesse. Slim réagit : «Je n’ai jamais parlé d’un «gouvernement de l’ombre». Jamais! Sur Webdo, ils ont dit que c’est Olfa Riahi (animatrice à Express Fm) qui a raconté cette histoire. Personnellement, je n’ai pas donné de telles déclarations». Et il martèle : «D’ailleurs, le podcast du présumé passage où je l’ai déclaré est disponible sur Express Fm. Et vous pouvez vérifier que je ne l’ai jamais dit».

Le boulet attaché au pied de Slim 404

Alors quelles sont les vrais raisons de son départ du gouvernement? L’ex-secrétaire d’Etat geek explique : «Je me suis retrouvé dans une situation où le gouvernement était comme un boulet attaché à mon pied. Il me freinait bien plus qu’il ne me permettait de progresser. De mon côté, je n’ai pas de plus à donner à ce gouvernement. Quant aux élections, le dossier est entre les mains de l’Instance Supérieure». Et notre interlocuteur revient sur l’un des sujets qui dérange le plus sa conscience: «La montée de la violence et les bavures policières m’ont beaucoup affecté et énervé. Je sais que ce n’est pas la faute aux membres du gouvernement. Mais c’est tout de même consternant de se retrouver au gouvernement sans pouvoir rien faire alors que mes amis se font agresser dans les rues». Sa décision a également été motivée par d’autres «détails» (selon ses termes).

Proposition non grata ?

Slim Amamou, jeune pro du web connu pour son adhésion à la culture open source, nous confie : «La dernière question à avoir provoqué ma colère est l’indifférence totale qu’a rencontré ma proposition au sujet du Code Electoral. J’y ai proposé des modifications». Et il poursuit avec ironie : «D’ailleurs je ne pense pas que l’Instance s’y opposerait sauf si ses membres ont de mauvaises intensions» (rires). Sa proposition s’articule autour de la publication du nombre des votes. Il explique : «Ma proposition était que chaque publication soit communiquée dans un format de données open data et pas en PDF par exemple. C’est pour qu’on ait la possibilité de refaire les comptes. Certaines modifications faites par des membres du gouvernement ont été approuvées mais pas la mienne. N’empêche que l’Instance peut toujours recommander ceci». Et il n’omet pas que le retour de la censure est l’une des raisons qui l’ont poussé à démissionner. «La censure des sites internet a également versé de l’huile sur le feu» déclare-t-il.

Slim et le «Prestige de l’Etat»

Mais Slim Amamou assure : «J’ai de bons rapports avec tous les membres du gouvernement. Les membres du gouvernement bossent dur. Ma démission n’émane pas d’une réflexion à leur encontre». Mais il semble que la communication entre lui et le Premier Ministère est brouillée. «Le Premier Ministre, ses secrétaires d’Etat, son cabinet, je ne les connais pas bien. Je n’ai jamais discuté avec Béji Caïd Essebsi» dixit Slim Amamou en alternant : «Il y a aussi une divergence entre mon optique et celle du Premier Ministre. Ce sont deux générations. Lui, il accorde beaucoup d’importance à la confidentialité. Quant à moi, je préfère agir dans la totale transparence. Je n’adhère pas à sa perception de certaines questions comme sa notion du «prestige de l’Etat» ni à l’importance capitale qu’il accorde à la hiérarchie».

Pour Slim, «il est temps de passer à autre chose». Beji Caied Essebsi et ses compères auraient-ils exercé quelque pression sur notre blogueur militant ? Il révèle : «Non. Mais ma présence au sein même du gouvernement ne me permettait pas de m’exprimer librement». Et Slim Amamou conclut avec détermination : «Maintenant que les élections arrivent, je vais enfin pouvoir et devoir m’exprimer. En toute liberté».

 

Thameur Mekki

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