Tunisie : Le classement Alexa, entre mythe et réalité

 

Alexa l’annonce clairement : «Les données de trafic sont basées sur l’ensemble des barres d’outils qui utilisent les données Alexa, qui ne peut être un échantillon représentatif de la population Internet mondiale. Faut-il donc encore prendre au sérieux ses classements ?

alexa-060611-340«…Je connais une société tunisienne qui fait une étude mensuelle en collaboration avec un cabinet américain dénommé Alexa, pour fournir des statistiques sur les sites Web tunisiens…» déclara candidement un annonceur à un consultant webmarketing lors d’une réunion de travail.

A entendre ces naïfs propos, on se demande, à qui la faute ?! A cette «société tunisienne» qui présente le classement Alexa comme des paroles d’Evangiles ? Ou aux semblants de responsables marketing qui avalent tout ce qu’on leur dit, sans prendre la peine de faire une petite recherche afin d’éviter de se faire prendre pour des imbéciles ?

Ce cabinet américain auquel fait référence l’ingénieuse déclaration mentionnée ci-dessus, n’est autre qu’une entreprise californienne fondée en avril 1996 et achetée en 1997 par Amazon.com. Alexa Internet est connue par les statistiques qu’elle fournit sur le trafic des sites web mondiaux. Les chiffres sont publiés sur son site, et disponible pour le grand public, sans nul besoin d’aucune convention.

Ce fameux classement, l’alexa rank, attendu comme le Messie par les people du web tunisien est une pondération entre deux indicateurs, le reach rank et le nombre de pages vues par internaute.

Le reach rank (ou nombre de visiteurs ayant visité le site sur 1 million d’internautes/jour). Un indice de 100 veut dire que sur 1 million d’internautes, 100 ont visité le site.

Le nombre de pages vues par internaute : Cet indice représente le nombre moyen de pages vues par un même internaute sur le site web.

Ces deux indices qui définissent le classement d’Alexa proviennent du comportement des internautes qui ont installé sa barre de recherche… qui, au passage, a un faible pour les sites en anglais. Même si la boite prétend utiliser d’autres données et d’autres sources !

Cette Toolbar magique renvoit un nombre important d’informations sur les sites visités par les internautes… détenteurs de la barre d’outils bien évidemment. Un gadget qui n’était disponible à l’origine, que pour les usagers d’Internet Explorer. Et ce n’est qu’en 2007 que sa déclinaison Mozilla est sortie. Quant aux utilisateurs de Chrome, ils n’ont eu l’honneur de l’utiliser qu’à partir de juin 2010. On notera que c’est pourtant que ce navigateur est de loin le plus populaire en Tunisie. Selon les chiffres de StatCounter pour le mois de mars 2011, plus de 48,5% des internautes tunisiens naviguent maintenant sur le Web via le fureteur du moteur de recherche Google.

Et là une question s’impose. Est-ce que ce le comportement des utilisateurs de la Toolbar, intéressent-il vraiment les annonceurs tunisiens ? Pis : ces utilisateurs sont principalement des technophiles et des anglo-saxons (d’ailleurs le site n’est disponible qu’en version anglaise).

Autre limite : ce «million» d’internautes actifs par jour qui représentent la base de calcul «fixe» du reach rank. Si, par exemple, un site X… disons un site Y pour éviter toute confusion, a un reach de 15% aujourd’hui, son indice est donc de 150.000. En d’autres termes, 150.000 internautes auront visité le site Y. Et si, lors de cette journée le nombre d’internautes, contrairement à toute attente, est de 500 millions (au lieu de 1 million, la référence d’Alexa), on aura par conséquent 75.000.000 visiteurs au lieu de 150.000. Sacrée différence !

En clair, il faudra prendre les statistiques fournies par Alexa avec des pincettes. Et après tout, Alexa ne trompe pas vraiment sur la marchandise qu’elle expose. Sur son site officiel, elle avertit en toute honnêteté : «Les données de trafic sont basées sur l’ensemble des barres d’outils qui utilisent les données Alexa, qui ne peut être un échantillon représentatif de la population Internet mondiale. Dans la mesure où notre échantillon d’utilisateurs se distingue de l’ensemble des utilisateurs d’Internet, nos prévisions de trafic peut sur-ou sous-estimer le trafic réel à un site particulier». Vous avez dit arnaque ?

 

Hamza Bouallegue

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