Tunisie : Chassez le porno, il reviendra au galop

 

Les outils de la censure employés jadis par Ammar 404 ont été réactivés suite à une décision judiciaire tunisienne. Motif ? Préserver les bonnes mœurs des jeunes tunisiens ! Sauf que Mr le juge ne semble guère réaliser que n’importe quel internaute débutant est désormais capable de télécharger un film osé en moins de 5 minutes montre en main !

La censure des sites à caractère pornographique a fini par instaurer une véritable polémique en Tunisie, depuis ces trois dernières semaines. Ni la contestation des internautes, ni l’obstination de l’Agence tunisienne de l’internet n’auraient suffit à dissuader l’appareil judiciaire tunisien de réactiver au nez et surtout à la barbe de tous, les outils employés jadis par Ammar 404 ! Seulement voilà : même si ce procédé (que certains perçoivent comme étant un retour de la censure tout court) a soi-disant pour vocation de protéger les citoyens tunisiens, particulièrement les plus jeunes, des dangers de la pornographique sur la toile, il n’en demeure pas moins qu’il suscite en réalité un faux débat ! Car au-delà des proxys dont le nombre risque d’exploser, n’importe quel internaute débutant vous confirmera qu’il est possible de télécharger un film osé en moins de 5 minutes chrono ! Explications.

porngalopAvant tout, il faut savoir que l’industrie pornographique rapporte chaque année plusieurs milliards de dollars, d’où son omniprésence sur le web. Pire : selon Graphseo, portail spécialisé dans l’analyse financière, ce business « atteindrait littéralement 12% de tous les sites sur internet et 25 % des recherches sur un moteur de recherche seraient reliées à la pornographie soit 70 millions de requêtes par jour !». Ce qui nous ramène à la question suivante : Est-ce que la censure instaurée par l’ATI va-telle changer quoi que ce soit par rapport à l’accès des tunisiens aux différents contenus pornographiques ? La réponse est : Rien du tout ! Les parents devront donc accepter le fait qu’il y aura toujours une faille menaçant leur progéniture sur le web et cela quand bien même un logiciel de contrôle parental serait installé!

L’envers du décor

En effet, il semblerait que le juge qui a prononcé la sentence, n’aie en réalité aucune idée de ce qui se trame vraiment derrière les coulisses ! Naïveté ou hypocrisie ? Tel est la question !

Il faut tout d’abord savoir que les sites «X» qui vont être censurés (et dont l’accès se fait généralement à partir d’un moteur de recherche), ne sont en réalité que la face cachée de l’iceberg. Le fait est que ces portails proposent rarement de visualiser des séquences, vu qu’ils sont dans la plupart des cas payants ! Et quant on sait qu’il existe mille et une autres façon de garnir sa bibliothèque numérique ou de se rincer l’œil, cela équivaudrait presque à vouloir vider la mer avec une petite cuiller !

Les téléchargements en «Peer-to-Peer» et en «torrent», cela ne vous rappelle-il quelque chose ?

Il faut savoir que ces protocoles d’échanges de fichiers en ligne, extrêmement populaires, permettent de garnir son disque dur de plusieurs milliers de photos, de logiciels et de vidéos piratés et ce, d’un simple clic ! Cette procédure s’effectue soit par échange entre les bibliothèques numériques existantes des internautes (Peer to Peer), soit par l’intermédiaire de plusieurs centaines de sites web proposant des liens de téléchargement de fichiers torrent. Mais malheureusement, ces deux procédures donnent accès à des millions de films à caractère pornographique. On a même le choix du «thème» et des «penchants» s’il vous plait !

Twitter et Facebook interdits -18 ans !

Sans oublier les réseaux sociaux, qui sont également touchés par ce phénomène : rappelez-vous, les comptes Facebook de tunisiens et de tunisiennes qui regorgent de séquences porno amateurs ! (Lire l’article : Tunisie, invasion porno sur facebook) ! Idem pour le réseau de microblogging Twitter, qui lui aussi fait dans la dentelle car pour info : comme n’importe quelle star de la musique et du cinéma, presque tous les acteurs et actrices porno possèdent leur propre compte ! Alors si vous êtes à la recherche de gazouillis coquins, il suffit de suivre @koracummings, @xJenniferWhitex , @Rocco_Siffredi et bien d’autres… Vous avez-dit censure ?

Outre ces méthodes extrêmement simples que l’on vient de citer, cette quête du Saint Graal risque d’un autre côté, d’être accentuée, car nos internautes auront toujours recours à des stratagèmes permettant d’outrepasser ce barrage imposé. Après tout, l’ère Ben Ali n’aurait pas manqué de roder le tunisiens (y compris les plus jeunes) en leur inculquant l’art d’utiliser un Proxy ! Et puis comme dirait l’adage « L’interdit donne de la saveur, la censure du talent ».

 

Samy Ben Naceur

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