Tunisie : Propagande de Zaba, que justice soit faite !

 

Jeridi a été jugé. Qu’en est-t-il des autres propagandistes et plumes mercenaires du régime de Zaba? Le web n’a pas la mémoire aussi courte que les plateaux des chaînes tv et des radios. Il pourrait aider le nouveau bureau du SNJT à préparer sa liste noire. Y’aurait-il une justice pour enquêter, juger, rompre avec l’impunité et réformer?

4 mois de prison ferme et 10 milles dinars d’amende pour Abdelaziz Jeridi, directeur des journaux «El Hadath» et «Likol Ennas» pour insultes et diffamation à l’encontre de Mohamed Krichen, journaliste tunisien d’Al Jazeera. Nombreux sont ceux qui ont subi les calomnies et injures de ce patron de presse lynchant à tort et à travers les critiques du régime de Ben Ali. Certains de ces semblables, patrons de presse et journalistes collaborateurs du ministère de l’intérieur, pullulaient et pullulent encore dans les médias tunisiens. La préparation d’une liste noire a été évoquée durant le congrès du Syndicat National des Journalistes Tunisiens tenu au début du mois courant.

Et au moment même où on ouvre le procès de Zaba, quelques questions méritent d’être posées. La justice enquêtera-t-elle au sujet des fervents défenseurs du régime de Zaba et de ses inconditionnels propagandistes ? Y-aurait-il une structure qui se chargerait de réformer, de limiter leur pouvoir dans les médias tunisiens? Seront-ils là, à donner leurs directives et empoisonner les pages des journaux, les ondes des radios et les écrans des télés durant les élections de l’Assemblée Constituante, phase décisive de l’histoire de notre nation? Le web n’a pas la mémoire aussi courte que les plateaux des chaînes tv et des radios.

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La blogosphère n’était pas uniquement un espace d’information alternative, de satire et coups de gueule anti-benalistes. Sous le régime de Zaba, certaines plumes au service de la machine de propagande de Ben Ali y ont exprimé leur soutien au dictateur. Le blog «Journalistes avec Ben Ali 2009» compte une trentaine d’articles faisant l’éloge de Zaba. Certains des propagandistes de son régime ont continué à écrire après le 14 janvier. Et ils se permettent même de donner des leçons en transition démocratique et en processus révolutionnaire. C’est le cas de Jawhar Chatty. «Prospérité et post-émergence» ainsi s’intitule son article publié sur le blog «Journalistes avec Ben Ali 2009», le 23 octobre 2009.

Ce journaliste a été nommé vers mi-décembre 2009 au poste de rédacteur en chef du journal «La Presse», quotidien du service public tunisien. Mais il n’est pas le seul journaliste à avoir participé à la campagne électoral de Ben Ali en 2009. Nous y trouvons également d’autres articles signés par Naima Kadri, Habib Laajimi, Mongi Gharbi, Néji Ben Jannet, Moncef Chihi, Hassouna Mesbahi (écrivain à ses heures) et plus d’une vingtaine d’autres journalistes. L’un d’eux, Nejib Ouerghi, a été nommé le 17 mai 2010 président directeur général de l’agence Tunis Afrique Presse. Le même blog est le support hôte d’un article faisant l’éloge de Ben Ali et signé par Nabil Karoui, président directeur général de Nessma Tv.

Les élections de l’Assemblée Constituante ont été reportées au 23 octobre 2011 pour se dérouler dans les meilleures conditions possibles. Dans les médias, les débats évoquent les questions d’ordre logistiques, législatives et structurelles mais jamais les enjeux médiatiques de cette période décisive. La réforme des médias, garantissant un traitement journalistique objectif, n’a pas encore été traitée avec rigueur. Même l’Instance de la Réforme des Médias et de la Communication est consultative. Ses efforts peuvent être remerciés et ses travaux peuvent être tout simplement rejetés par les autorités provisoires. Or le gouvernement de transition n’a à aucun moment montré une réelle volonté d’ouvrir ce sulfureux dossier… Tic Tac… Tic Tac… Tic Tac… Les élections de l’Assemblée Constituante approchent.

 

Thameur Mekki

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