Tunisie : RCDistes convertis en gauchistes et islamistes

 

Les «Destouriens» sont de retour avec presque une dizaine de partis. Mais les inattendus du paysage politique sont ces Benalistes convertis en fondateurs de partis de gauche ou de partis islamistes. Mais ils ne sont pas passés inaperçus du côté des internautes vigilants.

rcd-degage-340A un mois des élections de l’Assemblée Constituante, la rue tunisienne surveille de près les ramifications du RCD. Les «Destouriens», c’est avec ce terme que les ex-RCDistes préfèrent désormais être qualifiés. Il s’agit d’une manière de rappeler un «glorieux» passé de militantisme contre le colon français avec le Parti du Destour, fondé par Abdelaziz Thâalbi en 1920, formation politique donnant naissance au Parti du Néo-Destour, créé par Bourguiba en 1934. Le même parti a, encore une fois, changé de nom. En 1964, il a été rebaptisé «Parti Socialiste Destourien». C’est en 1988, une année après l’investiture de Ben Ali à la présidence, que le PSD est devenu : Le Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD).

Mais voilà que les Benalistes peuvent prendre toutes les couleurs. Et le web social se charge de rappeler les moins informés et les amnésiques. L’un des derniers piégés dans la Toile d’araignée est l’avocat Ramzi Khelifi du parti islamiste, Mouvement Al-Fadhila. Il s’agit d’un ex-membre du RCD, circonscription de Sousse. Les internautes vigilants ont même sorti des archives une vidéo datant de 2009 où il appelait à voter pour Ben Ali aux présidentielles. Mais les Benalistes ne se sont pas contentés d’infiltrer le rang des partis islamistes. Même la gauche est victime d’une usurpation des forces Benalistes. Ali Labidi, réalisateur et producteur dont l’œuvre est toujours descendue en flammes par les critiques, a aussi fini par monter sa propre formation politique, pompeusement nommée «Le Parti de la Culture et de la Diversité». Et il s’autoproclame chantre des valeurs de la gauche du 19ème siècle. Mais le fervent défenseur de la politique de Zaba n’a pas échappé au filet des Facebookers. Sa vidéo faisant l’éloge du dictateur déchu est en ligne.

Rappelons qu’après la dissolution du RCD par décision judiciaire au mois de Mars dernier, la scène politique et la rue tunisienne n’ont cessé de débattre de «la menace» du retour de ce parti sous d’autres formes. Désormais, la partie la plus apparente de l’iceberg est incarnée par deux formations politiques. La plus en vue par les observateurs est le parti de l’Initiative (Al-Moubadara), fondé par Kamel Morjane, membre du gouvernement Ben Ali depuis 2005 et membre du bureau politique du RCD depuis janvier 2010. La deuxième formation politique en question est le parti d’El Watan, fondé par Ahmed Jegham et Ahmed Friaa, deux hommes issus du RCD ayant occupé des fonctions ministérielles sous le règne de Ben Ali.

Vigilance, c’est le mot d’ordre des Tunisiens profondément convaincus de la nécessité d’une rupture avec les 55 années passées sous le règne dictatorial de Bourguiba et de Ben Ali. Cette majorité de citoyens gardent les yeux rivés sur la liste des nouveaux partis tunisiens dépassant, aujourd’hui, la centaine afin d’identifier les nostalgiques de la dictature et les ramifications du parti qui a régné sans partage sur la Tunisie, depuis son Indépendance.

Thameur Mekki

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