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Tunisie : Quatre blogueurs candidats à la Constituante

Yassine Ayari, Tarek Kahlaoui, Riadh “Astrubal” Guerfali ou encore Mehdi Lamloum sont devenus des personnalités publiques grâce au web social. Focus sur ces blogueurs candidats indépendants aux élections de l’Assemblée Constituante.

 

Yassine Ayari, Tarek Kahlaoui, Riadh “Astrubal” Guerfali ou encore Mehdi Lamloum sont devenus des personnalités publiques grâce au web social. Focus sur ces blogueurs candidats indépendants aux élections de l’Assemblée Constituante.

Environ 2 600 000 profils tunisiens ont été créé sur Facebook depuis le lancement de ce réseau social et jusqu’au mois de mai 2011, selon checkfacebook.com. Il s’agit du quart de la population tunisienne d’après la dernière estimation de l’Institut National des Statistiques (INS) datant de juillet 2010. Les blogueurs et autres cyber-activistes sont devenus de véritables personnalités publiques, une tendance consolidée par le rôle du web social dans la Révolution tunisienne. Et voilà qu’ils s’attaquent aux élections de l’Assemblée Constituante.

yassine-ayari-120911Connu par son militantisme contre la censure web avant le 14 janvier, notamment la fameuse campagne Sayeb Salah, Yassine Ayari a déposé sa candidature en tête de la liste «Les jeunes libres» à la circonscription Djebel Oust/Bir Mcherga au Gouvernorat de Zaghouan. Ingénieur en informatique de formation, il a créé la polémique durant la période post-14 janvier avec des articles controversée. Sur son blog “Mel 7it”, ses posts ont traité des sujets épineux à l’instar du rôle de l’Armée dans la Révolution tunisienne. Le blogueur franc-tireur est même revenu sur l’implication de Béji Caid Essebsi dans des affaires de torture durant la période où il occupait la fonction de ministre de l’intérieur de juin 1965 à septembre 1969 et celle du directeur de la sûreté nationale de 1963 à 1965.

A Ben Arous, un autre blogueur qui doit sa notoriété à sa mobilisation contre la cyber-censure a déposé sa candidature en tête de la liste «Saout Echabab». Il s’agit de Tarek Kahlaoui, professeur assistant au département d’Histoire de Rutgers University au New Jersey (USA). Il est également connu pour sa proximité du Congrès Pour la République (CPR). Tarek Kahlaoui est l’un des pilotes du projet du «Centre Mohamed Chakroun pour les études et les recherches», une initiative du CPR. «Je suis indépendant mais je partage les valeurs militantes de ce parti» a-t-il déclaré lors de la conférence de presse du lancement de ce think tank.

Astrubal, un des fondateurs du militant blog collectif Nawaat, a également déposé sa candidature. Il est tête de la liste «Al-Jalaa» à la circonscription de Bizerte. De son vrai nom, Riadh Guerfali, est un avocat inscrit au Barreau de Tunis. Ce docteur en droit public a enseigné, en France, le droit constitutionnel et le droit des nouvelles technologies de l’information durant quinze ans. Riadh Guerfali est également un passionné de photographie, de cinéma amateur et développement de logiciels multiplateformes. Actif depuis 1992, il est l’un des pionniers du blogging en Tunisie. Nawaat.org a été récompensé, en mars 2011, par le prix international «Net-Citoyen» décerné par Reporters sans frontières.

Si tous ces blogueurs ont l’habitude de traiter des sujets ayant attrait à la politique dans leurs posts, Mehdi Lamloum s’intéresse généralement à la communication digitale sur son blog, Pink Lemon. Diplômé de l’IHEC, webmarketteur de profession, ce blogueur n’a traité de politique qu’après le 14 janvier notamment à travers son remarquable projet de série d’interviews baptisée, One Shot. Mehdi Lamloum est l’un des candidats d’«Al Mouwaten Al Seddik», liste présentée par l’anthropologue tunisien Youssef Seddik sur la circonscription de l’Ariana où une rude bataille électorale s’apprête à commencer vu qu’elle compte 95 listes, soit le plus grand nombre de candidat dans le territoire tunisien.

La représentation des jeunes dans le paysage politique tunisien a toujours été ultra-minoritaire. La candidature de ces blogueurs à la Constituante vient rompre avec une mauvaise tradition ancrée dans un champs politique dominé par les sexagénaires et septagénraires (Ben Jaafar, Marzouki, Brahim, Morjane, Chebbi, Ghannouchi).

 

Thameur Mekki

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