Tunisie : Le président du Parti Pirate parle

 

Le président du Parti Pirate Tunisien, Sleheddine Kchouk, tente de dissiper les malentendus. Il précise qu’une conférence de presse se tiendra d’ici deux semaines sur le Parti Pirate Tunisien. L’influence de Takriz sur le parti? Inexistante, selon lui. Et l’enquête continue. Interview.

Au cours de l’enquête que nous avons amorcée le 14 septembre (Lire notre article) sur l’immixtion du groupe Takriz dans les affaires internes du Parti Pirate Tunisien, Tekiano a essayé de contacter toutes les parties qui y sont impliquées. Histoire d’écouter tous les sons de cloches. Ce qui n’était pas de tout repos, d’abord à cause de l’anonymat des membres du Tak, mais aussi pour le refus de plusieurs membres fondateurs du parti de donner leur avis sur la situation.

slehEn effet, Ahmed Agrebi, ex vice-président du PPT était le seul membre que nous avons pu interroger sur les raisons de sa démission du PPT. Les coordonnées des autres membres démissionnaires ont été sciemment tenues (top) secrètes. Et même l’ex vice-président nous a envoyé (gentiment) sur les roses quand on les lui a demandées. «Je ne connais que deux autres individus des membres fondateurs, et j’ai perdu leurs numéros depuis que j’ai quitté le PPT» nous a-t-il dit. Mohamed Boukoum, ex porte-parole du PPT, quant à lui, s’est contenté de publier une note sur Facebook imputant les raisons de sa démission «à la gestion féodale des structures du parti par ses instances dirigeantes et à l’égocentrisme de certains membres agissants anonymement à l’encontre de ses objectifs». Mettant ainsi plusieurs contributeurs et sympathisants actifs du PPT en porte-à-faux vis-à-vis de Kchouk. Nous avons, donc, pris directement contact avec le président du Parti Pirate Tunisien, Sleheddine Kchouk pour tenter de dénouer le quiproquo. Interview.

Tekiano : C’est vrai que cinq des six membres fondateurs du PPT ont démissionné?

Sleheddine Kchouk : Non. Ce ne sont que des rumeurs. C’est vrai que quelques désaccords peuvent apparaitre entre les membres du parti, comme dans tout autre groupe impliquant le travail en équipe d’ailleurs. Mais on finit toujours par trouver un compromis pour réconcilier nos militants. Nous sommes soudés et nous avons plein d’idées que nous voulons mettre en route. Il est très normal que certains se sentent vexés quand on fait des choix.

Vous assurez alors que tous les membres fondateurs du PPT sont encore actifs dans le parti?

Je tiens à préciser d’abord que le PPT n’est pas la propriété privée de Sleheddine Kchouk. Je suis là pour une période déterminée et je quitterai bientôt le parti. Une conférence de presse se tiendra d’ici deux semaines sur le Parti Pirate Tunisien et on vous invitera à venir constater par vous-mêmes que tous les membres fondateurs sont toujours dans l’équipe.

Quel est le rôle de Takriz dans les instances du PPT?

Aucun.

Pourtant, d’anciens membres du parti nous ont assurés que le Tak intervient régulièrement dans les décisions du PPT…

Tous ceux qui vous l’ont dit sont contre les intérêts du PPT. Il y a plusieurs faux profils sur Facebook et quelques faux comptes Twitter qui ont été créés pour diffuser des mensonges sur le Parti Pirate. Le PPT, en tant que parti politique, dénonce la censure et s’insurge contre toute restriction de liberté d’expression sur le Net. C’est dans cette logique qu’on soutient le groupe Takriz. Et le jour où quelqu’un d’autre sera victime de la censure, nous le soutiendrons. Qu’on le veuille ou pas, Takriz est une organisation non gouvernementale (ONG) qui fait partie du paysage politique tunisien. On sympathise avec ses membres parce qu’ils ont été victimes de filtrage, et nous les défendrons par tous les moyens. Certains assimilent malheureusement ce soutien à du bicéphalisme.

Quels sont vos projets pour la Constituante?

Nous allons boycotter les élections de la Constituante. Nous sommes contre cette mascarade et on refuse de présenter des listes pour des élections organisées par un gouvernement sans aucune légitimité. Zaba est parti, mais son système est toujours là.

Le PPT n’a pas encore bénéficié de l’appui du Parti Pirate International. Comment expliquez-vous ce point?

La légalisation de notre parti est la seule chose qui nous préoccupe pour l’instant. Et c’est quand nous aurons obtenu notre visa que le parti pirate international se prononcera sur la validité de nos actions. Nous sommes penchés actuellement sur l’élaboration du protocole du PPT et de son organigramme.

Du nouveau sur le visa?

Non, toujours pas de réponse. Mais c’est de bon augure. Nous avons déposé notre demande le 9 mai 2011, et nous avons dépassé les 3 mois depuis cette date. La loi sur les partis politiques stipule que cela peut être considéré comme étant une approbation. Nous sommes en train de le vérifier avec des juristes membres du PPT. On en parlera pendant la conférence de presse.

Et le mot de la fin…

J’appelle tous les sympathisants à serrer les rangs. Nous sommes plus de 10 000 personnes à soutenir le parti pirate. Le Net appartient à tous. Et on ne va pas se laisser faire, nous finirons par gagner notre combat pour libérer la toile.

 

Propos recueillis par Mohamed Jebri

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