Tunisie : Quels antidotes pour la censure du net ?

 

Promulguer le libre accès à l’information comme droit constitutionnel, promouvoir l’autorégulation afin d’éviter l’interférence de l’Etat et encourager l’open source pour éviter les monopoles. Telles sont les grandes lignes de la réforme nécessaire pour abolir la censure du net. C’est le brouillon de l’atelier stratégique organisé par le TMG de l’IFEX.

ifex-280911Comment démanteler la censure et son infrastructure, tout en préservant le dynamisme d’internet et sa position d’avant-garde pour l’information et les débats? Telle est la problématique traitée dans l’un des trois ateliers stratégiques du Tunisia Monitoring Group (TMG) de l’International Freedom of Expression Exchange (IFEX), tenues le 27 et 28 septembre à l’Hôtel International, au centre ville de Tunis. Ce workshop a été animé par Dr Riadh Ferjani, de l’Observatoire Observatoire pour la liberté de presse, d’édition et de création (OLPEC), et M. Rohan Jayasekera de l’Index On Censorship. Des journalistes web et des cyberactivistes à l’instar de Lilia Weslaty, Kerim Bouzouita ou encore Slim Ayedi ont pris part aux travaux de l’atelier.

La Constitution, suprême antidote

Sur le plan juridique, la censure d’internet et son infrastructure devrait être complètement démantelée à travers l’intégration du libre accès à l’information comme droit constitutionnel. C’est en tout cas l’avis des participants à cet atelier du TMG de l’IFEX, qui voudraient que ce droit d’accès ne soit pas uniquement limité aux seuls documents administratifs tel que le stipule, le décret-loi n°41-2011 du 26 mai 2011. Pour les participants à cet atelier du TMG de l’IFEX, il s’agit de la garantie suprême et définitive de l’abolition de la censure. D’autre part, ils ont insisté sur le fait que la société civile doit, dorénavant, occuper un rôle de proposition et de décision. Les participants ont également relevé que son implication dans la gouvernance de l’internet doit dépasser le rôle de l’observation.

Pour un internaute juge et partie!

Promouvoir l’autorégulation à travers une charte de valeurs et non pas une charte de lois est l’une des idées principales proposées comme recommandation à la fin des travaux de cet atelier. Elle vise à maintenir le caractère libertaire des échanges sur le net tout en y insufflant un brin d’éthique. De quoi mettre à l’écart toute interférence étatique et toutes formes de contrôle. Pour préserver un tel acquis des dérives, il faudrait développer la culture digitale et la conscience civile chez les utilisateurs. C’est ce qui a été convenu par les participants. Selon les acteurs concernés réunis, cet appui aux bonnes pratiques sur le web pourrait se concrétiser par le biais de formations citoyennes en blogging, journalisme citoyen, et par l’éducation aux médias dans les cursus scolaires et universitaires.

La transparence, défi majeur des e-médias

Quant aux médias en ligne, les présents ont constaté que l’absence de la transparence favorise l’interférence des annonceurs dans l’information. Etablir une charte de valeurs pourrait limiter les dérives et permettre l’instauration d’un rapport différent entre ces médias et leur lectorat. Les participants ont relevé l’influence négative exercée par certaines entreprises sur la libre navigation sur le net. Les discussions de l’atelier ont abouti à l’obligation de promouvoir l’utilisation du logiciel libre afin de limiter les situations de monopole à l’instar de celui exercé par Microsoft sous le régime de Ben Ali. En session plénière, les représentants des différents organismes de la société civile réunis ont insisté sur la nécessité de rendre transparentes les tarifications des fournisseurs d’accès internet (FAI)

Pour traduire ces réflexion en action, les participants à l’atelier ont formulé trois propositions qu’ils ont présentées au TMG de l’IFEX . Primo, organiser les états généraux des médias en ligne. Secundo, plaider en faveur de l’amendement de la loi du 26 mai 2011 pour simplifier les procédures d’accès à l’info. L’objectif étant aussi de mener des recherches sur les parties étatiques et privées impliquées dans le système de surveillance du Net. Le groupe de travail en question a proposé de nouer un partenariat avec le Ministère de l’Education et le Ministère de la Jeunesse pour mettre en place un programme d’une nouvelle culture digitale. Ces réflexions et propositions sont actuellement étudiées par le TMG de l’IFEX. Le résultat définitif de ce brainstorming sera rendu public dans un rapport qui paraîtra la semaine prochaine.

 

Thameur Mekki

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