Tunisie : Médias de Ben Ali, une plaie encore ouverte!

 

Le nouveau cadre juridique et institutionnel, l’équité entre médias de Zaba et les nouveaux nés dans le partage de la pub publique et des ondes ainsi que la nécessité de la rupture et ses outils, autant de questions délicates traités durant les ateliers stratégiques du TMG de l’IFEX.

Mis à part le workshop portant sur le démantèlement de la censure du net, deux autres ateliers se sont tenus, le 27 et le 28 septembre, dans le cadre du Tunisia Monitoring Group (TMG) de l’International Freedom of Expression Exchange (IFEX).

Comment panser la plaie ?

Le nouveau cadre juridique et institutionnel des médias et le développement de médias audiovisuels libres, indépendants et pluralistes, tel est le sujet du premier atelier. Il a été animé par de l’organisation non-gouvernementale internationale Article 19, l’Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC), le Centre de Tunis pour la liberté de presse et le Syndicat tunisien des radios libres (STRL).

Les participants dans cet atelier ont insisté, à l’unanimité, sur la nécessité de garanties constitutionnelles pour la liberté d’expression. D’ailleurs, ils ont longuement discuté l’urgence de l’instauration d’une haute autorité de régulation pour le secteur. Les compétences de cette nouvelle structure, son rapport avec la société civile et les organismes de gouvernance ainsi que la procédure de nomination de ses membres, autant de questions délicates étaient au cœur des travaux de cet atelier.

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Les acteurs concernés réunis ont également relevé la nécessité de la rupture avec l’ancien système médiatique ainsi que la difficulté de la création de nouveaux médias dans le climat actuel. Ils ont précisé que le monopole de l’Office National de la Télédiffusion figure parmi les plus importants obstacles face à l’émergence de médias alternatifs. De sa part, le journaliste militant, Fahem Boukadous a suggéré de faire de “la discrimination positive en faveur des radios associatives et communautaires” en leur allouant une aide étatique vu le rôle de service public qu’elle remplissent. La possibilité d’étudier une éventuelle subvention tirée sur les bénéfices des radios privées lancées sous le régime de Ben Ali, possédée en partie par des membres du clan du dictateur déchu, a été évoqué.

L’équité au coeur du débat

Quant au deuxième atelier consacré au développement d’une presse écrite libre et indépendante, il s’est focalisé surtout sur la nouvelle nature des rapports entre l’Etat et la presse. Ce workshop a été animé par des représentants du Syndicat National des Journalistes Tunisiens et l’Association Mondiale des Journaux (WAN-IFRA). Faisant l’état des lieux, les présents ont constaté que les mêmes journaux qui se gavaient des recettes de la publicité gouvernementale sous le régime de Ben Ali continuent à en profiter. Ils ont relevé que les médias lancés durant la période post-14 janvier restent marginalisés. Les protagonistes du secteur et de la société civile réunis ont discuté l’urgence d’une réforme institutionnelle pour un partage équitable de la publicité publique, antérieurement régie par la sulfureuse Agence Tunisienne de la Communication Extérieure (ATCE). Ainsi, ils ont évoqué les mécanismes préalables et les critères d’aide de l’Etat à la presse.

Toutefois, les mécanismes de la rupture avec le système médiatique de l’ancien régime étaient au centre du débat. La possibilité d’annuler les autorisations d’activité de certains médias propagandistes embauchant actuellement très peu de journalistes a été évoqué. “Après la deuxième guerre mondiale, Charles De Gaulle a ordonné la fermeture du journal Le Temps accusé de collaboration avec les forces nazies. Il a fait réquisitionner ses locaux et saisir son matériel. Toutes ses ressources ont été légué à Hubert Beuve-Méry, fondateur de Le Monde. Et c’est ainsi que ce journal historique a été créé” rappelle Omar Belhouchet, directeur du quotidien algérien d’Al Watan, représentant de la WAN-IFRA au sein du TMG de l’IFEX.

Les recommandations et le plan d’action fruit de ces ateliers stratégiques du TMG de l’IFEX seront rendus public dans un rapport qui paraîtra au cours de cette semaine. Entre temps, la plaie des médias hérités du régime de Ben Ali reste ouverte au risque de gangréner une transition démocratique en précarité.

 

Thameur Mekki

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