Bigbrother : «La démocratie est un outil comme les autres»

 

«Je suis avant tout, Marocain. Je ne suis ni arabe, ni amazigh, ni africain, ni européen. Je suis un peu tout cela tout en ayant l’Islam comme religion». C’est ainsi que se définit le blogueur marocain Anas Filali, alias Bigbrother.

big-bratoher-1Vainqueur du Maroc Blog Award 2011, ce jeune médecin de formation et entrepreneur, se définit comme un personnage anticonformiste à 100%. Nous l’avons rencontré à Grenade, lors du Campus Party Milenio 2011.

«Vu que la médecine ne rapporte pas gros au Maroc, j’ai donc décidé après quelques années d’études de me reconvertir complètement. A l’issue d’un voyage à travers l’Asie (Hong Kong), j’ai créé mon propre business à l’âge de 18 ans et ma première entreprise à 19 ! A l’époque, j’importai du matériel informatique. Puis petit à petit, je suis arrivé à allier mes deux passions : primo en passant un MBA en business et secundo, en montant une boite de recherche et développement médical » souligne le blogueur. Selon lui, sa réussite sociale n’est due qu’à sa perspicacité et à son esprit d’initiative. C’est cette vision qu’il veut inculquer à la plupart des jeunes marocains. A cela il précise : « Je crois que le changement doit commencer à la base. Inculquer des valeurs, y croire et les défendre dur comme fer, au-delà même de la démocratie qui ne représente qu’un outil comme un autre à mes yeux. »

Son blog Bigbrother, draine près de 40 000 visites par mois, soit 1500/j. Il traite tous les aspects de la vie au Maroc, aussi bien politique, qu’économique usant d’un style littéraire et d’une critique qui lui sont propres. Pas étonnant qu’il ait réussi en quelques années, à développer un lectorat fidèle, partageant ses idéaux, comme la défense des minorités (religieuses, sexuelles…) ou encore du rôle de la femme dans la société. «Ce que j’apprécie le plus vis-vis de mes lecteurs, ce sont leurs critiques, étonnamment constructives, qui prouvent que mes productions touchent à des sujets vraiment profonds ». Parmi ces combats, on peut citer l’affaire du Sahara (Aminatou Haidar), la protection des enfants déshérités, le droit à la différence et au respect d’autrui, le droit de la femme marocaine…

Et c’est assurément ce dernier point qui tient le plus à cœur à Anas. Dénonçant au passage la discrimination sociale et la stigmatisation dont est victime la femme, notamment au Maroc où les disparités homme-femmes demeurent bien présentes, il précise : « Je crois beaucoup en la femme et ses compétences. Je fais partie des gens qui défendent le plus le quota féminin ! A titre d’exemple, dans le cadre de la dénonciation de la corruption au sein du gouvernement marocain, une étude déjà effectuée par la banque mondiale a prouvé que plus on augmentait le nombre de femmes au sein d’un parlement, plus le taux de corruption était réduit». Et il ajoute avec le sourire : « Ce point de vue dont j’ai parlé dans mon blog m’a valu des critiques assez acerbes de la part des journaux du coin. Ceux-ci en sont même arrivés à titrer : Le quota de la honte ! C’est dire la sympathie que je suscite auprès d’eux ! Mais je suis parfaitement ouvert au débat car c’est par le dialogue que s’effectue le changement». L’un de ses plus grands souhaits, serait d’ailleurs que l’année 2012 soit considérée comme étant l’année de la femme.

Pour finir, nous lui demandons son avis quant à la vision future des blogs marocains et maghrébins d’une manière générale. « Il faudrait avant toute chose faire émerger des champions régionaux, issus de divers domaines afin qu’ils deviennent des sortes de modèles à suivre pour l’ensemble de la jeunesse marocaine. Ensuite, vu que je ne crois guère à la notion de bénévolat, je pense qu’il serait judicieux pour le blogueur qu’il conçoive un business modèle économique adéquat, qui le fasse au moins vivre dignement ! De la part des gouvernements, ce serait bien par exemple, qu’un système de financement de blogs soit un jour créé.»

 

Samy Ben Naceur

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