Tunisie : Le Rap caresse le rêve américain

 

Exit le rap contestataire ! Les artistes hip hop tunisiens ne font pas que chanter la Révolution, l’injustice sociale et la vie des marginaux. Le rap tunisien, c’est aussi du bling bling, du gangsta voire même du trash. Parfois, l’autorisation parentale doit être exigée aux moins de 18 ans pour écouter les morceaux et visionner les clips !

rap191211Sorti le 11 décembre sur Youtube, le clip de «Still ridin’», morceau de Djambou en featuring avec Snapp et Big Will reflète une autre facette du hip hop tunisien. Avec des lyrics en slang (argot américain, NDLR), univers gangsta rap et flow bien trempé dans la tradition west coast, le trio de rappeurs bizertin signe une ego-trip à l’américaine. Composé par Big Will et Led-K, on dirait que la musique sort tout droit de chez l’Aftermath, le prestigieux label de Dr Dre. Même le refrain chantonné par Big Will nous rappelle ceux de Nate Dogg, feu roi incontesté du G-Funk. Produit par «Da Nest Level», nouveau label de Mohamed Ben Salem alias Lak3y qui fait d’ailleurs une apparition dans le clip, «Still ridin’» est tourné dans les rues de Bizerte.

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Dans «Dreams» de K-Nif, sorti sur Youtube le 04 décembre, le rap tunisien caresse le rêve américain plus que jamais. Si le propos et la musique, truffée de samples vocaux synthétisés et d’une haute ligne de basse, affiche l’influence du rap actuel des states, les lyrics exhibent la forte influence du hip hop hexagonal. Réalisé par le collectif Raggamuffin’, intro avec un morceau de Rythm’n’Blues, outro avec l’extrait d’un morceau plus sombre, le clip est conçue à la manière des singles promotionnels des albums de rap US. On remarquera au passage l’apparition de Balti. A écouter le flow de K-Nif, on décèle que le rappeur a l’oreille bien tendue aux sons dans la east-coast. Liqueur, Mercédès-Benz et cigars, la tendance bling bling est bien là.

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Avec «I Got Swag» de Lil’ K et Trax Nitro, sorti il y a plus de deux mois, on est plus que jamais vu dans le hip hop tunisien dans l’ambiance bling bling. Alcool, cannabis, crack, danse sexy frôlant le striptease, le clip illustre bien les lyrics des deux rappeurs, parfois trop trash. Lunettes Carrera, montre Breitling, baskets Louis Vuitton, Lil’ K et Trax Nitro friment et pousse bien loin l’ego-trip. Adepte de la Dirty South, le duo balance ses rimes sur sur ce style de rap caractérisé par les basses puissantes, les syllabes allongées et le flow non-chalent. De la «hogra» à forte dose comme le crie haut et fort Trax Nitro. Autorisation parentale exigée pour les moins de 18 ans.

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Encore à la recherche de ses structures de production bancables, le rap tunisien nous dévoile, à travers ce type de productions, sa facette la plus américanisé. Même si les morceaux sont faits en auto-prod, voilà que certains rappeurs choisissent le bling bling. Aussi infimes soient les chances, les adeptes tunisiens du gangsta rap s’accrochent au rêve américain !

 

Thameur Mekki

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