Tunisie : Bendir Man, de la cape mauve au burnous!

 

C’est en burnous que Bendir Man a fait son entrée sur la scène du Théâtre Municipal, mercredi dernier. Guitare en main, l’artiste non-grata sous le régime de Ben Ali se retrouve sous les projos, presque un an après la fuite du dictateur.

bendir-man-satire«Le burnous ça vous fait marrer hein ! Je jure que, dans une semaine, vous serez tous en burnous» lance-t-il aux environ 400 personnes riant aux éclats. Fidèle à sa réputation de franc-tireur, le super héro a abandonné sa cape mauve pour mettre le burnous. «Marzouki va avoir 30.000 dinars pour jouer à la Playstation» ironise l’artiste en allusion aux prérogatives limitées du Président de la République. Mais Marzouki n’est pas le seul à s’attirer les foudres de Bendir Man.

Même son propre père, Mohamed Kilani, leader du Parti Socialiste de Gauche (PSG), n’échappe pas au fouet de sa satire. «C’est son jour de chance. Après des années d’incarcération dont la majorité passée au “siloun” [appellation de la cellule d’isolation dans les prisons tunisiennes, NDLR], voilà qu’il se retrouve dans une loge au Théâtre Municipal» confie Bendir Man à son audience. Et il lui remet une autre couche plus tard : «Je n’ai pas voté pour lui. D’ailleurs, je pense que lui et ma sœur sont les seuls à avoir donné leurs voix à son parti. Même mon autre frangine a voté pour une autre liste électorale».

La formation du nouveau gouvernement fait également l’objet de sa satire. «Pour que tout le monde soit satisfait à la troïka, le ministère du transport sera partagé en deux : un ministère pour Zina et un autre pour Aziza» renchérit-il entre deux morceaux. L’humour noir de Bendir Man s’est même abattu sur Rafik Abdesslem Bouchlaka, nouveau ministre des affaires étrangères et gendre de Rached Ghannouchi dont la nomination a été controversée, entre autres, pour le lien de parenté qu’il a avec le président du Mouvement Ennahdha. Le musicien est allé jusqu’à demander la main d’une des filles du leader islamiste, histoire de devenir ministre. Et c’est sur l’air d’une chansonnette souvent clamée par les supporters des clubs de foot qu’il a fait ses aveux.

Peu importe qui serait au pouvoir, il sera la cible de Bendir Man. Son arme de dérision continue à emballer un public lassé d’écouter les artistes faisant les louanges des gouvernants. Exit l’ère des fous du roi. En Tunisie, ce temps est révolu.

 

Thameur Mekki

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