Tunisie : Nabbaras dans un verre d’eau

 

Les nabbaras n’ont jamais eu autant de pouvoir, puisqu’ils ont désormais relayés sans crainte par les catalyseurs électroniques. Facebook, twitter, la blogosphère est désormais un immense mégaphone ouvert aux quatre vents. Allez chercher à comprendre.

beelzebuth2012 commence mal. Un jeune a tenté de s’immoler pour devenir le «premier martyr de la nouvelle année». Les sit-in reprennent et bloquent le transport du phosphate. Des Libyens des prennent en otage des garde-frontières tunisiens. Et des partis politiques appellent à plus de «modération» de la part des journalistes alors que les blogueurs hurlent au retour déguisé de la censure.

Et alors même que des Tunisiens militent pour l’Open Governance, et donc la transparence au niveau des prises de décision politique, des représentants d’Ennahdha préféreraient faire passer leurs délibérations en toute confidentialité. Et ils choisissent ce moment pour laisser filtrer des photos des plus éminents de leurs membres en pleine prière. Allez chercher à comprendre.

Le président, lui, avant de souhaiter ses «meilleurs vœux» de l’année, s’appesantit lourdement pour souligner que cette fête ne nous concerne pas. Et le discours qu’il a pourtant choisi de prononcer ce jour-là n’est en somme qu’une allocution de plus. En clair, le réveillon n’est qu’une opportunité, une ouverture dans la lucarne télévisée.

L’opposition est toujours éclatée, et les démissions continuent au Parti Démocratique Progressiste, alors qu’Ettakatol menace d’éclater. Si le Congrès Pour la République semble avoir mis une sourdine à ces luttes intestines, de mauvaises langues rappellent qu’il n’y a pire eau, qu’eau qui dort. Et à ce rythme, ce sont tous les Tunisiens qui risquent de se retrouver le bec dans l’eau.

Question économie, les critiques se déchaînent quand des membres du gouvernement tentent de trouver de l’aide au Qatar. Le problème, c’est que d’autres Tunisiens se mettent en rogne quand il est question de s’adresser aux Français. En somme, s’il fallait faire plaisir à tout le monde, il suffirait de claquer la porte au nez au Qatar, à la France, aux Etats-Unis, à la Libye… Pour rester entre nous, et nous bouffer le nez.

Une seule chose de gagnée, finalement : la parole libérée. Les nabbaras n’ont jamais eu autant de pouvoir, puisqu’ils ont désormais relayés sans crainte par les catalyseurs électroniques. Facebook, twitter, la blogosphère est désormais un immense mégaphone ouvert aux quatre vents. Et la tempête médiatique se déchaîne pour un oui, ou pour un non, dans un verre d’eau, quitte à nous faire boire tous la tasse à moitié vide. Et dire qu’une nouvelle année ça s’arrose !

 

MK

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